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La filière blé dur se prépare à l’affrontement France-Canada

Lors de la Journée Blé dur, organisée récemment à La Rochelle, les opérateurs ont présenté les points forts des deux principaux pays exportateurs sur le bassin méditerranéen et l’Europe du sud

MARCHÉ. C’est désormais un événement devenu incontournable de la filière blé dur française. La Journée Blé dur organisée par Arvalis-Industrie du Végétal fin janvier à La Rochelle, a été particulièrement riche et animée.

De nombreux participants avaient bravé une journée de janvier tempétueuse. Rafales de vent violentes, pluie très fine qui gifle les visages… Il fallait être motivé pour arriver jusqu’au Centre des Congrès rochelais qui bordait une mer démontée ! Une fois installé dans le Forum des Pertuis, le calme revient, la chaleur des accents chantant des opérateurs du Sud-Ouest et du Sud-Est redonne un parfum d’humanité à cette journée à la météo hivernale. Car, il faut bien l’avouer, ce que recherchent la plupart des professionnels venus dans la belle cité de Charente, c’est aussi ce contact direct que rien ne remplace, entre les hommes et les femmes qui animent la filière blé dur, de la production à la transformation.

Tout était donc réuni pour que cette rencontre présidée par Jean-François Gleizes soit une réussite. Un tour d’horizon complet sur cette filière confrontée à de multiples défis et enjeux. Parmi les personnalités présentes et qui sont intervenues lors des débats, on a pu remarquer des exportateurs, comme Jean-Philippe Everling (Granit), des courtiers avec Roger Fedensieu (Emeric) et Roger Lesbros (Victor Giral), des organismes stockeurs, avec Alain Daussan (Gie Mistral), des transformateurs comme Mmes Vol (Alpina Savoie) et Aune (Panzani), ou encore M. Tocchet d’Orama, Magdeleine de la Ffcat (coopératives) et Mme Petit (Semoulerie française)…

Mais le clou de la journée fut bien sûr le débat sur le «match» France-Canada, un combat de titans qui pourrait connaître de nouveaux développements au cours des prochaines campagnes commerciales. Présent à cette table-ronde, Yann Lebeau de France Export Céréales, Michel Ferret de l’Onigc, ou encore Jean-Pierre Esterez de la Sica Atlantique, M. Pedron d’InVivo. Mais sans l’intervenant canadien qui devait représenter la voix de nos cousins d’Amérique. Et la situation est complexe pour la filière française. « Nous devons réussir dans un monde ouvert à la concurrence de l’image, qui nous demande l’excellence » précisa d’ailleurs Jean-François Gleizes en plaçant la barre haute. Si l’utilisation intérieure est un enjeu qualitatif important, il faut savoir que l’exportation engrange les trois-quarts de notre production, avec 1,6 Mt exportées sur 2 Mt produites. Mais comme l’a souligné le président du Comité de pilotage de la filière blé dur, « le premier marché de proximité, c’est notre marché intérieur, sachons le conserver. Ouvrir nos marchés, ne veut pas dire fragiliser notre marché intérieur ». A l’export le match France-Canada entre dans une nouvelle phase. D’une part, sur le Maghreb, qui représente et restera toujours une zone importante pour nos ventes, on constate un essouflement de la demande algérienne et une situation plus incertaine des ambitions de la Tunisie. Le Maroc quant à lui est un acheteur fidèle, mais son débouché dépend de ses performances de production, très aléatoires selon les années. Le Canada de son côté, présent chaque année sur le marché mondial, a vu ses parts de marché progresser au détriment des Etats-Unis, nettement en retrait depuis quelques années.

Mais c’est surtout son stock de report qui risque de peser sur le marché mondial et notamment sur les prix. La parité euro/dollar sera bien sûr un élément incontournable de notre compétitivité par rapport aux Canadiens. La remise en cause récente de l’existence même du Canadian Wheat Board, véritable régulateur de la filière blé dur au Canada, peut être un élément déterminant. Le coup est passé bien près l’année dernière. C’est pourquoi, l’avenir du CWB, qui fixe la politique de prix pour la campagne commerciale et finance les stocks canadiens, est à surveiller, car il peut changer beaucoup de choses. En attendant, les Canadiens sont très offensifs, c’est le cas cette année, et pas seulement sur le Maghreb. Nos voisins transalpins, nombreux à La Rochelle, ne sont pas insensibles aux sirènes des prix d’outre-Atlantique. La France a une belle carte à jouer de part sa proximité, mais il faudra veiller à améliorer encore la qualité de nos blés dur et conforter notre présence chez nos clients principaux. Et comme l’a dit Jean-François Gleizes en conclusion, « nous avons de réels espoirs, mais avec une exigence forte de réussite ».

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