Guerre en Ukraine : la Tunisie s’inquiète pour ses approvisionnements en céréales
Un Think Tank tunisien vient d’évaluer l’impact que pourrait avoir la guerre en Ukraine sur l’économie du pays. Les conséquences de la hausse des céréales s’annoncent très fortes.
Un Think Tank tunisien vient d’évaluer l’impact que pourrait avoir la guerre en Ukraine sur l’économie du pays. Les conséquences de la hausse des céréales s’annoncent très fortes.
La guerre en Ukraine, commencée il y a plus de deux semaines, aura des impacts majeurs sur de nombreux pays d’Europe mais aussi d’Afrique du Nord. Cette semaine un think-tank tunisien IACE (fondé en 1984 et œuvrant pour la promotion du secteur privé) a publié une note dans laquelle il s’inquiète des conséquences économiques qu’aura la guerre sur la Tunisie.
« Les impacts commencent déjà à se faire sentir un peu partout dans le monde et il ne faudrait pas négliger les effets à moyen terme car quelle que soit l’issue de cette guerre, il faudra compter avec la probable destruction de nombreuses infrastructures en Ukraine et l’effet prolongé des sanctions contre la Russie », peut-on lire dans la note.
Selon l’IACE, la Tunisie fait partie des pays vulnérables face aux conséquences de cette guerre « du fait des faibles capacités de stockage et des difficultés budgétaires qu’elle traverse, sans compter que le pays fait face à une vague de sécheresse qui se prolonge depuis 3 ans et qui affecte sa production agricole ».
Forte dépendance à l’importation
Alors que le blé tendre a bondi à 345 euros la tonne et le blé dur à 400 euros la tonne cette semaine, le think-tank rappelle que « la Tunisie est fortement dépendante en matière de céréales, important 84% de ses besoins en blé tendre, environ 40% pour le blé dur et 50 % pour l’orge ». « L’Ukraine était jusque-là un fournisseur privilégié de la Tunisie avec le Canada et l’Union européenne, et il faudra nécessairement revoir notre politique d’approvisionnement, d’autant que le pays souffre d’une insuffisance chronique au niveau des capacités de stockage, limitées à 3 mois », poursuit la note.
Le prix des pâtes devrait augmenter de 20%
Le think tank évalue à 1,3 milliard de dinars le surcoût pour la Tunisie (environ 400 millions d’euros), à mettre en relation avec le budget de 2,2 milliards de dinars pour l’achat des produits de première nécessité (680 millions d’euros). Le prix des pâtes alimentaires devrait augmenter de 20% par rapport aux prix actuels.
IACE évoque aussi un impact sur les prix des aliments pour bétail qui risque de mettre à mal les filières d’élevage, déjà en difficulté, qu’elles soient avicoles, ovines, ou bovines.
Une inflation à deux chiffres
En conséquence, le pouvoir d’achat des Tunisiens devrait être fortement touché par une inflation qui pourrait atteindre un taux à deux chiffres, sachant que la Banque centrale de Tunisie tablait sur une inflation de 6,8% en 2022 avant le déclenchement de la guerre.
Quelles mesures d'urgence ?
Pour amortir les effets de la crise, le think tank propose entre autres de :
- Mettre en place d’urgence une cellule de crise pour identifier les alternatives en termes d’approvisionnement
- Exhorter la population à changer ses habitudes alimentaires (notamment en évitant le gaspillage)
- Orienter les ressources hydriques exclusivement vers les cultures céréalières
- Augmenter la production du phosphate en vue de relancer la production d’engrais