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FRANCE EXPORT CÉRÉALES « La France a bien exporté ses céréales »

En recul par rapport à l’an dernier, les exportations françaises ne se portent pas si mal, compte tenu de l’absence d’achats chinois et d’une concurrence étrangère de plus en plus agressive

SATISFAITE. Avec près de 7 millions de tonnes de blé exportées, l’association pour la promotion des exportations de céréales françaises s’est dite « satisfaite » du bilan de la campagne 2005/2006. Même si ce chiffre recule par rapport à l’an dernier (l’export s’élevait à 7,5 Mt), le résultat de la campagne qui s’achève confirme que la France a su garder son influence sur ses marchés traditionnels. Car si le résultat final est en retrait de 0,5 Mt, il faut souligner que la Chine n’a pas reconduit son achat de près de 700.000 t intervenu l’an passé. Au final et à quelques tonnes près, ce sont 6,5 Mt de blé tendre, 651.000 t d’orge (713.000 t prévues en fin de campagne) et 500.000 t de blé dur (570.000 t prévues en fin de campagne) qui ont franchies les frontières de l’UE. France Export Céréales entend pérenniser ses parts de marché mais cela passera par de nouveaux efforts car la concurrence s’intensifie et les marchés évoluent.

Le Maghreb, un marché toujours porteur à ne pas négliger, notamment l’Algérie

Place stratégique pour la France, en terme de proximité et d’histoire, le Maghreb reste l’un des premiers débouchés pour les céréales françaises. Avec plus de 2,5 Mt exportées au 1 er mai 2006 (prévision en fin de campagne d’environ 2,8 Mt), la France reste le leader sur ce marché hétérogène.

En Algérie, France Export Céréales conserve son leadership en fournissant « 75 % du marché du blé », assure Jean-Jacques Vorimore. Durant cette campagne qui s’achève, 1,709 Mt sont entrées dans le pays. « La campagne devrait s’arrêter à peu près à ce niveau, on va finir à peu près comme l’an dernier », s’est satisfait le président de France Export Céréales. Pour cette destination, les seuls concurrents, cette année comme l’an passé, ont été la Russie et l’Ukraine (l’Argentine était également présente) dont les volumes exportés sur le sol algérien ont plus que doublé pour la première et triplé pour la deuxième. Les orges françaises se sont bien vendues également en passant de 5.000 t pour la campagne précédente à 22.000 t pour l’actuelle. Quant au blé dur, l’Algérie a acheté 462.000 t au 1 er mars 2006 contre 398.000 t en 2004/2005, constituant ainsi le premier débouché français à l’export pour ce produit. Jean-Jacques Vorimore souhaite consolider cette position. « C’est un marché important, c’est pourquoi nous renforçons nos moyens humains dans ce pays », a-il ajouté.

Au Maroc, où « la France est bien implantée, avec 50 % du marché », 762.000 t de blé tendre ont été expédiées sur les 900.000 attendues en fin de campagne (817.000 t pour la 2004/2005). En orge, les volumes sont passés de 302.000 t l’an dernier à 230.000 t selon les estimations pour 2005/2006 de France Export Céréales (214.000 t en mai 2006). Enfin concernant le blé dur, l’export a beaucoup diminué cette année avec seulement 27.000 t au 1 er mai de cette année contre 156.000 t au terme de la campagne précédente.

Pour finir, la Tunisie, qui reste l’acheteur le moins important, n’a commandé que 100.000 t au 1 er mai 2006. Ce chiffre pourrait atteindre 195.000 t au terme de la campagne actuelle (90.000 t l’an passé). Le faible niveau des volumes importés est la conséquence d’un manque de compétitivité des blés français en terme de prix. L’acheteur étant exclusivement public en Tunisie, « c’est surtout un prix que l’on recherche, plutôt qu’une qualité ». Les orges françaises n’ont pas croisé d’intérêt importants eux non plus, avec une prévision de 20.000 t vendues pour la campagne 2005/06 (15.000 t au 1 er mai 2006) contre 75.000 t échangées l’an passé.

Enfin, le président de France Export Céréales s’est attardé sur les exportations destinées à l’Afrique subsaharienne pour lesquelles les États-Unis sont de mieux en mieux placés. « Il faut réagir, d’autant que de nombreux opérateurs hexagonaux y sont présents. »

Égypte, s’adapter à la privatisation des achats du pays et à la concurrence

Avec 1,232 M t exportées au 1 er mai 2006, plus « au moins 200.000 t non comptabilisées, restées dans les tuyaux commerciaux », selon Jean-Jacques Vorimore, l’Égypte est le deuxième marché de France Export Céréales. Deux dossiers préoccupent profondément l’organisme de promotion des céréales : la réorganisation de la politique d’achat de l’Égypte, et la concurrence australienne et américaine avec leur “white wheat’’.

Concernant, les achats égyptiens, l’évolution de la politique d’approvisionnement du pays force France Export Céréales à retrouver de nouveaux interlocuteurs. En effet, depuis plusieurs années, c’était le Gasc, un opérateur public, qui était chargé de l’import égyptien de céréales et avec qui la structure française a su créer une belle relation. Toutefois, la récente ouverture du marché à des opérateurs privés a changé la donne. Désormais le Gasc n’aura plus l’exclusivité des négociations des importations de blé en Égypte, mais il se voit attribuer des fonctions de gestion des prix en interne et de régulation du marché intérieur. Pour l’heure, le Gasc gère encore « 70% du marché Égypte, le reste étant des opérateurs privés », rapporte Jean-Jacques Vorimore avant de préciser, « des gens sérieux » s’agissant des nouveaux interlocuteurs. Des pays ont su profiter de ce revirement structurel, notamment la Russie, « qui devient très concurrentiel avec des blés proches des nôtres en termes de qualité », s’inquiète le président de France Export Céréales. Habituée à travailler avec le Gasc, la France va devoir s’adapter et attaquer les opérateurs privés qui traitent déjà beaucoup d’affaires avec la Russie. «Un pays qui a fait des efforts de logistique et de qualité», reconnaît Jean-Jacques Vorimore. Cette année, le concurrent de l’Est a déjà exporté en Égypte 2,2 Mt, soit le double de la campagne 2004/2005, faisant de la Russie le premier exportateur dans cette contrée, autrefois chasse gardée des États-Unis avant que la France n’y conquiert d’importantes parts de marché. « Cette modification de la structure des achats risque de nous défavoriser, donc on réfléchit à la façon d’attaquer le marché privé. »

Autre dossier épineux : la concurrence étrangère et, particulièrement, celle des blés blancs en provenance des Etats-Unis et de l’Australie.

Ces blés de couleur très claire trouvent preneur du fait de leur rendement en farine exceptionnel. En raison leur couleur, même l’écorce se retrouve dans le produit final sans modification visuelle. Le « soft white » américain n’est « pas un bon blé » pour Jean-Jacques Vorimore. Quant à l’australien, il s’agit du « hard white », « du haut de gamme, mais très cher ». France Export Céréales envisage de contrer cette concurrence en répondant par l’offre d’un blé de couleur clair. « Faire du blé blanc, on y pense. On trie nos variétés... On y réfléchit. » Quant à certains pays exportateurs remarqués l’an dernier comme l’Argentine, France Export Céréales est plutôt confiante. « On a vendu une fois à l’Égypte, on ne le fera pas deux », admettait un opérateur argentin dont les propos ont été rapportés par Jérôme Payoux, fraîchement débarqué au service “Études et analyse des marchés”.

La Chine n’achète pas à la France mais en appelle à son expertise

On le sait, la Chine n’a pas renouvelé son achat de 500.000 t de blé prévu dans la lettre d’intention du 21 avril 2005. « Il n’y avait pas de date de validité de la lettre », a rappelé le président de France Export Céréales qui garde de bons espoirs pour l’avenir. « Ils reconnaissent la qualité des blés français mais quand les Chinois dégagent leurs stocks, ils ont besoin d’améliorants et, dans ce cas, les blés US peuvent les intéresser », justifie-t-il. « Il fallait avoir une livraison significative pour acter de la qualité de la livraison française. Les résultats sont satisfaisants. » Pour l’organisme de promotion des céréales françaises, il faut maintenant surveiller cette commande. « Nous attendons que les 700.000 t soit réparties sur tout le pays, ce qui n’est pas encore le cas, pour faire du suivi là-bas au niveau des moulins », lâche Jean-Jacques Vorimore, qui espère que la marchandise française soit distribuée de façon homogène sur l’ensemble du territoire chinois pour qu’un maximum de transformateur attestent de sa qualité. Il estime aussi que les Chinois attendent de voir les résultats de la récolte 2006 pour se prononcer.

France Export Céréales peut se consoler avec la demande du stockeur public Sinograin qui a demandé ses services pour expertiser la logistique chinoise dont la capacité de stockage est « très forte ». « Il faut que leurs stocks puissent durer cinq à six ans », rapporte le président de France Export Céréales. Nul doute que cette intervention française fournira des informations clés sur ce marché chinois, opaque et convoité. A suivre.

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