Filière Terres de sources en meunerie : une Scic pour un label public
Le label Terres de sources a été créé en 2015 par la collectivité Eau du bassin rennais. Depuis 2022, une Scic (société coopérative d’intérêt collectif) labellise les fermes partenaires et assure des débouchés aux productions de blé meunier responsable dans le bassin rennais.
Le label Terres de sources a été créé en 2015 par la collectivité Eau du bassin rennais. Depuis 2022, une Scic (société coopérative d’intérêt collectif) labellise les fermes partenaires et assure des débouchés aux productions de blé meunier responsable dans le bassin rennais.


La création de filières spécifiques est un moyen parmi d’autres de financer le coût des bonnes pratiques en grandes cultures. C’est la voie choisie par Terres de sources, lancée par la collectivité Eau du bassin rennais en Bretagne, afin d’assurer des débouchés locaux pour les agriculteurs engagés dans la préservation de la qualité de l’eau. La filière blé-farine-pain est l’une de la dizaine de filières labellisées.
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Son objectif : limiter la présence de métabolites issus de produits phytosanitaires dans les eaux brutes de la région
« Le label Terres de source s’adresse en priorité aux filières en agriculture conventionnelle, mais reconnaît également l’agriculture biologique comme un label vertueux pour la qualité de l'eau », explique Coralie Chuberre, animatrice agricole Terres de sources pour la collectivité Eau du bassin rennais. Pour la culture de blé tendre, le cahier des charges interdit l’utilisation de plusieurs molécules, principalement de pré-levée, dont la présence a été constatée dans les eaux de la région, et encourage le recours aux produits de biocontrôle.
« Les cahiers des charges sont co-construits avec la filière », précise Coralie Chuberre. Le cahier des charges constitue une obligation de moyens et non de résultats : « les structures de conseil agronomique réalisent un suivi sur les parcelles et peuvent autoriser la reprise de l’itinéraire technique classique si la solution de biocontrôle n’est pas satisfaisante », développe Coralie Chuberre. À noter que les filières élevage Terres de sources n’exigent pas, pour le moment, l’utilisation de fourrages également labellisés.
Un partenariat avec une application de suivi des pratiques
La vérification du respect du cahier des charges est réalisée par des structures de conseil via la vérification de la cohérence entre les déclarations d’usage de produits avant la récolte et les déclarations réglementaires remplies ensuite par les agriculteurs. Afin de se doter de nouveaux outils pour accompagner les agriculteurs à diminuer l’usage de produits phytosanitaires, depuis le début de l’année, Terres de sources via la collectivité Eau du bassin rennais a noué un partenariat pour une expérimentation avec SynApps, qui propose une application d’aide à la décision et de suivi des produits de biocontrôles.
La Scic Terres de sources contractualise des prix « déconnectés des prix du marché »
« La rémunération proposée par la Société coopérative d’intérêt collectif Terres de sources (Scic Terres de sources) a pour but d’intégrer le coût du cahier des charges et le coût de production, pour offrir des prix rémunérateurs à l’agriculteur », développe Coralie Chuberre. Le cahier des charges s’appliquant à l’ensemble de l’exploitation, et le blé meunier et le sarrasin étant achetés par la Scic Terres de sources, le prix d’achat est pensé pour couvrir également le coût de son application sur les autres productions.
La contractualisation entre la Scic Terres de sources et le producteur court sur trois ans, pour des volumes prédéfinis. La Scic Terres de sources, reconnue comme organisme stockeur, procède à l’achat de la totalité du volume contractualisé s’il respecte les critères de qualité du cahier des charges, à savoir un taux protéique de 10,5 %, un PS de 76 kg/hl, et un taux d’impuretés inférieur à 4 %.
« Les coûts de production sont évalués par le groupement de producteurs, le Ceta (centre d’études techniques agricoles) local, ainsi que les chambres d’agriculture », précise en outre Coralie Chuberre. Le coût du désherbage mécanique est ainsi par exemple pris en compte.
« La Scic Terres de sources réalise également une avance de trésorerie aux meuniers pour qu’ils puissent acheter la récolte de blé », ajoute Coralie Chuberre. « Nous tendons vers une démarche de commerce équitable juste, transparente et expliquée », martèle-t-elle.
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Terres de sources, une filière organisée
La filière regroupe 18 producteurs de blé tendre en agriculture biologique, et une dizaine en conventionnel, pour un volume annuel total de 500 tonnes de blé meunier. Sur le territoire autour de Rennes, des moulins sont également partenaires de la démarche, ainsi qu’une vingtaine de boulangeries, à laquelle il faut rajouter une boulangerie solidaire, Pain & Partage Rennes.
« Les meuniers sont associés de la Scic et disposent d’un droit d’usage du label », explique Coralie Chuberre. En boulangerie, les artisans proposent la plupart du temps une baguette spécifique « Terres de sources ». Le dispositif pourrait s’avérer également intéressant dans le cadre du dispositif Egalim, avec quelques débouchés sur les marchés publics, notamment pour les cantines scolaires.
Du côté du sarrasin, le principe est le même. Les débouchés sont assurés par des crêperies partenaires à Rennes et autour de Saint-Malo via les meuniers.
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Le cahier des charges Terres de sources
Le cahier des charges Terres de sources s’appuie sur trois étapes : une obligation de respect des critères d’entrée (imposant l’interdiction des molécules de pré-levée), un diagnostic Idea (indicateurs de durabilité des exploitations agricoles) réalisé sur l’ensemble de l’exploitation, et un engagement de progrès sur douze critères. Ces critères sont suivis et mesurés à trois ans puis à six ans et l’engagement dans Terres de sources est maintenu si le plan de progrès est respecté. Afin de remplir l’engagement de progrès, Terres de sources propose des outils tels que les rotations (avec des débouchés structurés sur ces cultures) et le biocontrôle.