« La prime brassicole de 50 €/t est actuellement peut-être un peu chère dans le contexte de marché présent », alerte Alexis Garnot
Dans le cadre du colloque sur les orges brassicoles, organisé par Arvalis le 3 avril à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce by InVivo, a brossé la situation du marché des orges de brasserie en ancienne et en nouvelle récolte.
Dans le cadre du colloque sur les orges brassicoles, organisé par Arvalis le 3 avril à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce by InVivo, a brossé la situation du marché des orges de brasserie en ancienne et en nouvelle récolte.

Le bilan des orges de printemps en Europe montre un disponible de la récolte 2024 très confortable avec 1,462 Mt, selon Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce by InVivo lors du colloque du 3 avril organisé par Arvalis sur les orges brassicoles. La France dispose à elle seule d’un volume disponible de 1,68 Mt, un niveau comparable à la précédente campagne. Cette situation résulte d'une hausse des surfaces motivée par des primes brassicoles élevées et une production mondiale sans accident majeur.
« On a eu une hausse des surfaces l’année dernière qui représente une dynamique depuis trois à quatre ans. On a vécu une période de primes élevées qui a incité les producteurs à semer plus d’orges de printemps », rappelle Alexis Garnot.
En outre, la filière brassicole réduit ses stock. « On a voulu après la période post-covid sécuriser les approvisionnements. Les ratios financiers ont rapidement repris le dessus. On a donc un phénomène de réduction de stocks de la matière première », précise Alexis Garnot. Le marché souffre aussi d’une sous-utilisation des capacités de maltage qui résulte d’une demande brassicole en difficulté.
L’orge de brasserie française a manqué de compétitivité à l'export sur la Chine
Sur la scène internationale, l’orge brassicole française manque actuellement de compétitivité par rapport à ses rivaux argentins et australiens.
« On n’a jamais pu se positionner à l’export pour plusieurs raisons. On a eu la concurrence de l’hémisphère sud avec des gros disponibles exportables et des prix agressifs. Mais, on a également raté des opportunités et on n'a pas trouvé de nouveaux débouchés. »
Selon le représentant de Soufflet Négoce, le marché français s’est reposé sur ses lauriers pendant que l’Australie ne pouvait plus exporter en Chine. En attendant de reprendre le commerce avec l’Empire du milieu, les Australiens ont travaillé de nouveaux marchés avec de nouveaux accords en Amérique du Sud, en particulier le Mexique. « Aujourd’hui, on pâtit de ces nouveaux débouchés que l’Australie s’est ouverts, car on n’est pas compétitif. On était capable dans le passé d’exporter plus de 1 Mt. Sur la campagne 2024-2025, on va difficilement atteindre les 300 000 t, orge d’hiver et orge de printemps confondues. C’est dommage avec un surplus aussi important », regrette le spécialiste des orges de brasserie.
« Aujourd’hui, le marché chinois est totalement inaccessible. La Chine a appris à consommer de l’orge argentine », commente Adrien Garnot
L’expert, invité du jour, a présenté une simulation des offres de prix à l’export pour une expédition de 30 000 t en août 2025 à destination du Mexique et de la Chine. Pour le marché mexicain, le prix de l’orge australienne de qualité M1 était de 302 dollars la tonne ($/t) au 19 mars, soit un avantage sur l’offre française de 4$/t en orge d’hiver et de 12 $/t en orge de printemps. Sur le marché chinois au 19 mars, l’Australie présentait des offres à 272 $/t pour de l’orge brassicole de qualité intermédiaire FAQ et 282 $/t en qualité M1. À cette date, les prix français étaient de 318 $/t en qualité 6 rangs (6RH ) et 332 $/t en qualité 2 rangs (2RH). In fine, l’Argentine parvient à se placer face à l’Australie avec une orge FAQ à 280 $/t.
Des primes brassicoles sous pression en récolte 2025
Actuellement, les primes brassicoles pour la récolte 2025 sont proches de leur moyenne à cinq ans à 50 €/t, d’après Alexis Garnot. Cependant, il alerte : « c’est peut-être un peu cher dans le contexte actuel ». Pour l’instant, les producteurs ne sont pas vendeurs avec les semis récents. En face, les acheteurs sont peu présents car le marché du malt n’est pas très dynamique. On a donc une fourchette de primes étroites depuis quelques semaines.
« Aujourd’hui, on a besoin d’un élément déclencheur pour créer des variations de marché plus importantes que celles-ci », commente Alexis Garnot.
La tendance de marché pour la campagne 2025-2026 est davantage sous la pression des facteurs baissiers avec d’un côté une offre avec un stock de report confortable et, de l'autre, une bonne récolte en hémisphère sud.
« On a un stock de report qui va être consommé par les malteurs européens sur juillet-août. C’est de la consommation en moins sur la récolte 2025. »
De plus, les derniers semis de printemps sont réalisés dans des conditions idéales. Cependant, la production européenne 2025-2026 d’orge de printemps est attendue en baisse de 4 %. Sur le plan mondial, l’expert en orge de brasserie anticipe une production 2025 suffisante.
« Concernant la récolte 2025 de l'Union européenne, le bilan en orge d’hiver devrait être confortable autour de 500 000 t. Cela est suffisant pour tenir toute la campagne. En orge de printemps, le bilan devrait être de 800 000 t. C’est correct mais sans marge de manœuvre en cas d’accidents de production », projette Alexis Garnot.
Du côté de la demande en malt, les signes de reprise manquent encore à l’appel. Ce retard dans les achats de malt représente aussi un facteur haussier pour la suite de la campagne comme l’anticipe Alexis Garnot : « À un moment donné, des achats se réaliseront. Il reste beaucoup à faire sur la récolte 2025 ». Par ailleurs, la baisse des surfaces d’orges pour la récolte 2025 en Europe représente un soutien sur les prix alors que le weather-market débute. « Les orges de printemps sont très sensibles à tous les aléas climatiques du fait de leur cycle court. Donc, cela fait partie des éléments de soutien », conclut Alexis Garnot.
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