Espagne : une rétention des vendeurs français qui pèse sur les échanges
L'Espagne est le troisième pays européen importateur de céréales françaises. Avec une production annoncée en baisse, ses besoins risquent d'être élevés. Face à l'Ukraine, la France doit imposer sa production.
L« a France bénéficie d'une bonne récolte. La qualité est là, et les Français désirent vendre leur blé au prix des blés meuniers. Or, il n'y a pas de vendeurs puisque les prix sont bas. Cependant, l'Espagne doit bien s'approvisionner et cherche à acheter les marchandises sur des échéances court terme », explique Marie-Eloïse Caux, courtier chez Logicomex à Barcelone. Elle ajoute que « seules les productions de mer Noire répondent à ces critères ». Cette rétention de marchandises risque de bouleverser les cours des blés dans quelques mois. « Les vendeurs se privent de trois mois de commercialisation. Lorsqu'ils auront besoin de trésorerie, ils vendront mais ils seront tous présents au même moment sur le marché », alerte-t-elle. L'Espagne est de façon certaine un partenaire commercial de la France, mais les conditions actuelles du marché restent peu favorables aux échanges.
Espagne, un allié commercialL'Espagne est le 3e importateur de céréales françaises. Alliée commerciale, en 2014/2015, la France y a exporté 3,5 Mt de marchandises (cf. graphes). Cependant, l'Ukraine reste, devant la France, le premier exportateur de céréales dans la Péninsule ibérique. Selon FranceAgri-Mer, sur la campagne 2014/2015, la France a expédié 1,545 Mt de blé tendre vers l'Espagne et l'Ukraine 734.000 t. Quant aux importations de maïs, c'est l'inverse, l'Ukraine y a exporté 2,353 Mt contre 1,997 Mt pour la France. Notons que, sur le port de Tarragone en Catalogne, plus d'une quinzaine d'entreprises se procurent des marchandises venant du monde entier.
Mais cette année, le commerce est difficile. Selon FranceAgriMer, les prix des céréales françaises restent très compétitifs par rapport aux au-tres marchandises venant des pays tiers, mais peut-être pas assez rémunérateurs pour que les vendeurs se bousculent au portillon.
Alors que les récoltes de céréales à paille 2015 sont estimées en hausse en France, la donne semble s'inverser en Espagne. Son ministère de l'Agriculture projette la production de céréales, les plus pesantes dans la balance commerciale, en baisse pour la campagne actuelle. En cause, les variations des surfaces cultivées. Ainsi, la production de blé tendre est en recul avec 5,473 Mt contre 5,698 Mt en 2014. La quantité d'orge espagnole, quant à elle, risque d'être quasi identique à l'an dernier. La récolte 2015 de maïs français est attendue en chute de 26 % alors qu'en Espagne, elle est en recul de 8 %. La production de céréales secondaires et d'oléagineux est envisagée en légère hausse.