Eau, entre excès et pénurie
« Alors que des niveaux de précipitations record viennent de frapper une large part de notre territoire, la gestion des ressources en eau mérite clairement d'être débattue dans notre pays », ont déclaré les Irrigants de France, saluant les conclusions du rapport de la délégation sénatoriale à la prospective “Eau : urgence déclarée”, rendu public le 8 juin. Parmi les « pistes d'avenir » évoquées figure « la constitution pendant les périodes d'abondance de réserves artificielles ou naturelles à la mesure des besoins ». Les Irrigants de France espèrent que ce rapport « sera suivi désormais de mesures concrètes et réelles ». Cependant, confrontés dans l'immédiat à une situation d'excès d'eau, les agriculteurs ont sollicité d'autres actions du gouvernement, qui a ainsi annoncé le 14 juin le maintien de l'éligibilité aux aides Pac des surfaces inondées, en plus des mesures présentées le 6 juin (dispositif d'activité partielle, report des cotisations MSA...). Parallèlement, le Fonds national de gestion des risques en agriculture a été activé pour les pertes de récolte éligibles (arboriculture, maraîchage, prairies) et de fonds (sols, élevage, stocks extérieurs...), avec un calendrier permettant le versement rapide des premiers acomptes. Hélas ne pourront pas en bénéficier les producteurs de grandes cultures qui sont censés assurer leurs récoltes. Et pour ceux qui prennent des assurances individuelles, les remboursements ne se déclenchent qu'au-delà d'une perte de 30 % de leur récolte. Or les moissons ne débuteront que dans quelques semaines, ce qui décale d'autant les indemnisations. Une situation qui ne peut que servir le projet de Pac post 2020, soutenu par Stéphane Le Foll, et sa « mesure d'épargne de précaution » (cf. n°4161). Un dispositif qui servirait de « relais de trésorerie » dans l'attente d'aides provenant d'autres outils de stabilisation du revenu. Quand l'imaginaire rejoint la réalité… Karine Floquet