Blé tendre bio : la chute de la collecte perturbe la filière
Les volumes de blé tendre bio ne seront pas suffisants pour couvrir les besoins du secteur, estimés à 118.000 t. Dans ce contexte, la demande en grains tracés français émanant de certains distributeurs risque d'être difficile à satisfaire.
En bio, 2016 est une année exceptionnelle en tous points: essor du marché (+ 20 %), envol des surfaces (+ 20 %), mais chute de la collecte du blé tendre (-27 % selon FranceAgriMer), due à une météo néfaste à la majorité des cultures presque partout. « Le bio est touché à l'instar du conventionnel. Toutes les céréales sont concernées, et le maïs aussi, peut-être en moins forte proportion », explique Pascal Gury, producteur bio en Vendée, et président des commissions bio de Intercéréales et de Terres Univia.
Envol des besoins des meuniers
La collecte de blé tendre bio tombe à environ 75.000 t. En revanche, celle en Conversion 2e année (C2) avec 15.000 t pro-gresse de 139 % versus 2015. « Cette hausse, due au boom des conversions entamé en 2015, est très inférieure aux prévisions, rappelle Pascal Gury. Aujourd'hui, elle permet de répondre aux besoins des Fab, qui peuvent utiliser 30 % de C2 dans les formules. » Malgré de faibles PS et un taux d'impuretés élevé, la majeur partie du blé tendre part en effet en meunerie, avec un taux de rendement en farine en baisse de 3 % à 5 %. Mais ces volumes ne sont pas suffisants pour couvrir les besoins du secteur estimés à 118.000 t. « Les utilisations en 2015-2016, de 105.000 t, ont progressé de 17 %, et la tendance se poursuit », précise Olivier Deseine, président de la section bio de l'ANMF.
Dans ce contexte, la demande en grains tracés français, émanant de certains distributeurs, comme Carrefour ou Super U, risque d'être difficile à satisfaire. « C'est une année charnière déficitaire, qu'il faut coconstruire avec nos partenaires français et européens, avant l'entrée en production des nouvelles surfaces bio en 2017-2018, qui nous rendra autosuffisants, voire excédentaires, à partir de 2018 », ajoute-t-il.
Recours obligatoire à l'import
Pour le moment, les achats extérieurs à la France en blé meunier dépasseraient largement les 40.000 t (contre plus de 35.000 t la campagne précédente). Les approvisionnements au sein de l'UE sont privilégiés, mais seront-ils suffisants ? Selon les opérateurs, les vo-lumes ne devraient pas manquer. Mais certaines origines, celle de Roumanie par exemple, doivent être surveillées de près. « D'où la nécessité d'être vigilants avec des filières tracées, des origines garanties, des contrôles renforcés et des audits sur place, insiste Pascal Gury. La filière n'a pas intérêt à voir ses prix flamber. En bio, nous misons sur la régularité, afin de sécuriser le marché et conserver la confiance du consommateur. L'emballement peut être néfaste pour l'avenir. » Les Fab enregistrent aussi une hausse de leurs besoins, tirée par le dynamisme des élevages de volailles. Au total, les utilisations en blé tendre bio pour cette campagne sont estimées, début octobre, à 166.000 t (+ 14 %).