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Évènement
Blé dur, l’offre canadienne sera omniprésente

La production du Canada se révèle volumineuse et hétérogène en qualité. Résultat : le pays sera présent sur tous les compartiments du marché mondial, concurrençant un peu plus les blés durs français.

« La grosse surprise de cette campagne de blé dur est la production canadienne, avec des estimations de volumes passés, en un mois et demi, de 4,8 à 5,1 Mt, voire même 5,7-5,8 Mt, selon les derniers échos », indique Jean-Philippe Everling, président du directoire de Durum. Une situation qui a fait plonger les prix, le pays étant le plus gros pourvoyeur du marché mondial. Autre évènement inattendu : « Cette importante production présente l’ensemble de la gamme de qualité de la très bonne, le Cwad 1, jusqu’à la plus détériorée. Les Canadiens seront donc présents sur l’ensemble des compartiments du marché », souligne Jean-Philippe Everling. « Le fort niveau de rendement observé dans le pays se solde en effet par des teneurs en protéines parfois plus faibles », complète Philippe Braun, ingénieur Arvalis-Institut du Végétal. Les blés durs du Canada alimenteront donc, comme à l’accoutumée, les clients les plus exigeants, tel le Maroc, mais vont aussi concurrencer l’offre française sur des débouchés preneurs de moins bonnes qualités. C’est notamment le cas des Italiens, qui procèdent traditionellement à des assemblages de très bons blés moyennant de moins bons lots. Et, sur ces dernières qualités, ils offriraient « des prix inférieurs à ceux du blé tendre », selon Jean-Philippe Everling. Une situation d’autant plus problématique que, cette année, les productions du Sud-Ouest et de la façade Atlantique, à la qualité affectée par les intempéries, pourront difficilement aller sur les pays du Maghreb, soulignent les spécialistes. « Avec la baisse de la production de blé dur en Italie (à 4 Mt, contre 4,2 Mt l’an passé), le marché réserve néanmoins encore des possibilités. à 13 % de protéines, les semouliers espagnols seraient aussi preneurs. » Et le représentant de Durum d’assurer : « Nous avons une fenêtre de tir avant l’arrivée des blés durs canadiens, en janvier prochain. »

Les pluies ont pénalisé les cultures sur l’ouest de la France
Dans le Sud-Ouest, les fortes pluies « ont généré des fusarioses de l’épi, avec un peu de DON et de microdochium, donnant des grains tachetés, ratatinés, des mouchetures… », indique Philippe Braun. Plus on s’approche de la façade Atlantique, et plus le phénomène est marqué, affectant le rendement. Le taux de GMF est élevé, à environ 9 %, et celui de mouchetures à 7 %. Les teneurs en protéines se situent à 13,5 % et les taux de mitadinages, favorisés par les orages à la récolte, autour de 30 %. « Une qualité qui part difficilement à l’export, notamment sur le Maroc et l’Algérie, très exigeants. »
Plus au Nord, les producteurs ont cumulé les ennuis avec des précipitations hivernales et des orages au printemps. « Les teneurs en protéines ne sont pas très élevées, à 13 % », et les « PS un peu meilleurs que dans le Sud-Ouest ». On note, 5-6 % de grains mouchetés et 9 % de GMF. Les volumes de qualité export pays tiers sont, là aussi, limités.
Dans le Sud-Est, le spécialiste rapporte « des rendements très élevés, en raison des pluies régulières au printemps, ce qui est très rare ». Cela a aussi provoqué une dilution de l’azote, d’où des protéines un peu basses, à 12,9 % (enquête collecteur FranceAgriMer), qui amplifient les taux de mitadinage, à 35 % environ. « Les autres paramètres s’avérent convenables, voire très bons. »
« La Beauce est une des bonnes surprises de l’année, contrairement aux craintes. Les rendements s’avèrent assez bons, à 70 q/ha environ ». Au niveau qualitatif, les taux de protéines se situent à 13 % et les PS à 80 kg/hl, le taux de mitadinage à 25 % et celui de mouchetures à 3 %. « La qualité est plus homogène sans gros souci majeur. »

La qualité protéique est au rendez-vous au niveau français à 1,9 Mt (2,4 Mt en 2012), « la récolte est certes hétérogène mais, au-delà des critères physiques, la quantité et la qualité des protéines sont déterminantes pour les transformateurs, rappelle Jean-Victor Bregliano, DG de la semoulerie de Bellevue. A la faveur des variétés développées, le niveau qualitatif est pour nous satisfaisant et globalement supérieur à celui de 2012. Et ce, en particulier dans le Centre. Les contrats cadres que nous avons mis en place sur des qualités bien spécifiques, en termes de protéines notamment, nous permettent aussi de maintenir un niveau qualitatif de nos approvisionnements. »

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