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Accompagnement tous azimuts des éleveurs par les fabricants d'aliments

L'industrie de la nutrition animale est en première ligne lors des crises en élevage, en raison du poids de l'aliment dans les coûts de production. Ils proposent des solutions de soutien diverses et variées.

« En tant que fabricants d'aliments (Fab), il nous est difficile de peser sur la valorisation des produits finis. Or, les éleveurs souffrent surtout de cela en lait, en porc comme en bovin viande », constate Pascal Pringault, président de So'Fab, l'association des Fab du Sud-Ouest. « Dans les groupes qui possèdent des productions en filière, l'incidence économique est moindre pour les éleveurs. La filière, donc le groupe, compense, atténuant la problématique. Mais cette situation n'est pas durable. » Dans certains cas, les Fab se retrouvent obligés de prendre des parts dans les outils de production alors qu'ils n'en ont pas vocation. Mais comment faire quand une maternité collective risque la cessation de paiement ? La situation pourrait encore se dégrader cet hiver, tant en porc qu'en lait. Selon les zones, les éleveurs laitiers craignent un déficit fourrager quantitatif et/ou qualitatif. Si leur trésorerie, plombée par la chute des cours depuis le début de l'année, a été renflouée avec les moissons, elle pourrait être de nouveau mise à mal quand ils devront acheter plus d'aliments. « Nous craignons de la casse chez les éleveurs d'avenir, ceux qui ont investi, car ils croyaient aux productions animales, avant que le marché se retourne », s'inquiète François Cholat, président de l'Uraase (Fab du Sud-Est).

Les encours pèsent jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires

« Il n'existe pas d'action coordonnée entre les Fab au sein des associations, mais nous sommes tous mobilisés aux niveaux dé-partemental, régional et national. Je sors, par exemple, d'une réunion avec la préfecture de Maine-et-Loire pour le plan d'urgence en élevage », explique Éric Allard, président de l'Ainaco (Fab des Pays de la Loire).

Nous devenons la variable d'ajustement, accordant des délais et l'étalement des créances, alors que ce n'est pas notre métier.

Et, quelle que soit la région, le constat est le même : les graves problèmes de trésorerie se traduisent par le dérapage des encours. « Ils représentent désormais 10 % du chiffre d'affaires annuel », estime Pascal Pringault pour le Sud-Ouest. Les délais de paiement moyens se rallongent. « Ils sont passés de 45 à 60 jours dans le Massif central qui a une longue tradition d'accompagnement des trésoreries », estime Jean-Luc Doneys, président de l'Urfacal (Fab du Massif central). Ils seraient autour de 45 jours dans le Nord-Est selon Alexandre Raguet, président de NutriArche (Fab du Nord-Est) et de 50 jours en Bretagne pour Hervé Vasseur, président de Nutrinoë (Fab bretons). « Dans beaucoup de cas, nous sommes au-delà de la tolérance de la LME qui est de 60 jours » souligne François Cholat. « Nous devenons la variable d'ajustement, accordant des délais et l'étalement des créances, alors que ce n'est pas notre métier. Cette situation n'est d'ailleurs pas reconnue par la loi de Modernisation de l'économie (LME), ce qui nous vaut des contrôles par les fraudes sur la régularité des délais de paiement et sur l'application de nos conditions générales des ventes… Où commence et où s'arrête le soutien abusif ? », s'interroge Pascal Pringault.

Au-delà des encours, les Fab agissent comme un tampon face à la volatilité des cours. Ils en lissent une partie grâce à leurs techniques d'achat et de formulation. « Et cela jusqu'à contracter nos marges même si en période baissière la démarche est moins visible », complète le président de la So'Fab. « Nous avons fait de gros efforts tarifaires pour soutenir les élevages, renchérit Jean-Luc Doneys. Aujourd'hui, les prix des aliments constatés dans le Massif central sont très comparables à ceux de l'Ouest. Pourtant, nous souffrons depuis la fin du printemps d'un contexte Matières premières plus difficile, car la baisse du pétrole réduit la production de biocarburants et donc les disponibilités en tourteaux de colza ou de tournesol métropolitains, comme en drêches. Nous qui sommes plus loin des ports, nous perdons donc en approvisionnement malgré la montée en puissance du tournesol High Pro de mer Noire. »

Les industriels proposent aussi de plus en plus des couvertures à terme pour les aliments porcs, les matières premières en l'état ou les correcteurs azotés en bovin.

Aider les éleveurs dans leurs relations avec les banques

Enfin, les Fab accompagnent aussi les éleveurs grâce aux gestions technico-économiques (GTE) qui se sont généralisées de-puis deux ans. « Ils nous permettent de les accompagner dans leurs négociations avec les banques. Nous pouvons ainsi construire avec eux un argumentaire validé », détaille François Cholat.

Dans le Nord-Est, NutriArche travaille avec les Chambres d'agriculture pour identifier les éleveurs avec la plus grosse dette Aliments. Ces dernières les contacteront en toute confidentialité pour leur proposer les meilleures mesures d'accompagnement fiscales et de trésorerie.

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