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Julien Denormandie : 7 passages à retenir du livre « Nourrir sans dévaster » avec Erik Orsenna

L’ancien ministre revient parler d’agriculture à travers un essai écrit avec l’Académicien Erik Orsenna. Voilà ce qu’en a retenu la rédaction à sa lecture, en pleine période de mobilisation agricole et à quelques jours du salon de l’agriculture.

Erik Orsenna et Julien Denormandie
Erik Orsenna, académicien, et Julien Denormandie, ancien ministre de l'Agriculture.
© Félicien Delorme © Flammarion

En pleine période de mouvement de contestation agricole, l’ex-ministre de l’Agriculture Julien Denormandie refait son apparition depuis quelques jours sur les plateaux TV et studios de radio. Accompagné de l’académicien français Erik Orsenna, celui qui aurait œuvré auprès de Gabriel Attal pour éteindre l’incendie, présente l’ouvrage « Nourrir sans dévaster » écrit à quatre mains.

Nous aimons le pain, mais ne chérissons guère les céréaliers

« Nous aimons le pain, mais ne chérissons guère les céréaliers. Nous aimons les vaches mais nous condamnons les éleveurs […] En bons Français, nous répétons adorer mange mais accordons de moins en moins attentions à notre alimentation  […] Au pays de Pasteur, nous nous méfions de la Science alors que grâce à elle une révolution se prépare ». Ces contractions sont le point de départ de l’ouvrage réunissant l’ex-ministre de l’Agriculture et celui « qui aurait rêvé de l’être », prétexte à partir visiter des fermes et des élevages de toutes tailles en France (Eure-et-Loir, Cantal, Bretagne, Vendée), en Chine, au Brésil, en Egypte et en Ukraine pour tenter de les dépasser. Si les deux auteurs ne sont pas toujours d’accord ils s’entendent sur l’enjeu essentiel « nourrir toujours plus d’être humains sans dévaster leur planète ».

Au fil des pages plusieurs passages ont retenu notre attention.

Lire aussi : On a retrouvé Julien Denormandie, l’ancien ministre de l’Agriculture s'engage pour le climat avec Sweep !

« On marche sur la tête », une seule solution : en finir avec les importations déloyales

Dans un chapitre intitulé « on marche sur la tête », qui rappelle le slogan de la mobilisation agricole depuis l’automne dernier, Julien Denormandie pointe la baisse de production en France de blé noir, lentilles du Puy, la moutarde, les tomates, le poulet. Pour chaque filière, « chaque fois la conclusion est la même : nos agriculteurs affrontent une concurrence déloyale. Seule solution : en finir avec ces importations. »

Un « nouveau commerce triangulaire » avec le Brésil dont nous sommes complices

Pour Julien Denormandie et Erik Orsenna le Brésil représente « le tableau vivant de nos contractions ». On en importe ce que nous nous interdisons de produire. L’ex-ministre de l’Agriculture dénonce l’Agronégocio brésilien avec des fermes pouvant atteindre jusqu’à 100 000 hectares. Et évoque la règle des 20/80 qui s’impose au Brésil, obligeant les propriétaires terriens à ne conserver que 20% de nature sur un terrain qu’ils veulent exploiter. Persona non grata au Mato Grosso pour ses positions en tant que ministre sur le « modèle surproductiviste brésilien » Julien Denormandie évoque dans l’ouvrage « un nouveau commerce triangulaire » : l’Europe fabrique des produits phytosanitaires achetés en masse par le Brésil et les récoltes (ndlr : sur des terrains gagnés sur la nature), reviennent sur le continent européen. 

Nous sommes complices de ce désastre puisque nous achetons au Brésil près de 15% de sa production de soja et 9% de sa production de viande

« Nous sommes complices de ce désastre puisque nous achetons au Brésil près de 15% de sa production de soja et 9% de sa production de viande », écrit encore l’ancien ministre qui défend la mise en place de clauses miroirs.

Lire aussi : Du gouvernement à Sweep : l’interview décalée de Julien Denormandie

L’Union européenne « procrastine » sur les clauses miroirs 

Oui mais voilà les clauses miroirs ne font pas l’unanimité en Europe. Pour l’expliquer, Julien Denormandie se remémore le dossier des poulets aux antibiotiques brésiliens. « Hélas, l’Europe est parfois lente, y compris face à des situations inacceptables comme celles du poulet bourré aux antiobiotiques dont nous avons déjà parlé. Puisque depuis des années cette pratique était interdite sur notre Vieux continent, il allait de soi que l’importation de ces viandes toxiques devait cesser. Question de sécurité alimentaire pour nos concitoyens et de justice pour nos agriculteurs », peut-on lire dans l’essai. « Les législateurs européens avaient voté pour qu’une telle clause s’impose avant le 1er janvier 2022. Charge à la Commission européenne de la mettre en œuvre. Mais cette dernière procrastinait. Le 32 décembre 2021, toujours rien… Le 1er janvier 2022 non plus », poursuit-il rappelant qu’il décide alors de prendre un décret interdisant ces viandes en France. Une lenteur de l’appareil législatif européen qui « reflète la réticence profonde des pays européens les plus libéraux (Allemagne, Pays-Bas, pays nordiques…) pour lesquels toute entrave au commerce international représente une menace pour leurs exportations », souligne Julien Denormandie.

Haie : la solution de Julien Denormandie pour favoriser leur plantation

Le sujet de la complexité réglementaire pour les agriculteurs est d’actualité notamment sur le dossier des haies. « Si les paysans se refusent à planter de nouvelles haies, c’est qu’ils pensent également y perdre toute souplesse, toute capacité d’adaptation. Aujourd’hui la réglementation est très stricte. Il devient quasi impossible de couper une haie existante, même pour la reconstituer un peu plus loin », résume l’ancien ministre. Face à cette difficulté, il rappelle avoir sollicité la Commission européenne pour proposer d’interdire de couper les haies existantes mais d’offrir la possibilité de couper toute nouvelle haie au cours des cinq années suivant la plantation. 

J'étais persuadé que le frein psychologique à planter des haies pourrait être levé

« J’étais persuadé que le frein psychologique à planter des haies pourrait être levé. D’autant qu’une haie, une fois plantée est le plus souvent adoptée », explique-t-il. Il n’a pas eu gain de cause auprès de l’Union européenne.

Lire aussi : Gérer les haies : pourquoi est-ce un tel casse-tête pour les agriculteurs ?

Dérogation sur les néonicotinoïdes : bonne ou mauvaise décision ?

Erik Orsenna, pas toujours d’accord avec les décisions de « son ami », exprime son opposition farouche face à la réautorisation de l’utilisation des néonicotinoïdes en octobre 2020. Si Julien Denormandie reconnaît que les néonicotinoïdes sont toxiques, il assume cette décision prise « faute d’alternatives ». « Il y a dans la vie des décisions qui sont plus difficiles à prendre que d’autres. Celle sur les néonicotinoïdes fut probablement l’une des plus dures que j’ai eu à acter », écrit-il toutefois.
 

Glypho or not glypho : Julien Denormandie tranche la question

Sur le glyphosate en revanche, Julien Denormandie juge que sa réautorisation par l’Europe pour dix ans « n’est pas bonne ». « Outre sa durée, démesurée, cette autorisation va, une nouvelle fois, permettre une compétition déloyale au sein des 27. Certains pays continueront d’utiliser l’herbicide sans limite ni vergogne, tandis que d’autres s’emploieront à le réduire », estime l’ancien ministre de l’Agriculture.
 

Quel agriculteur à la tête d’un élevage durable modèle ?

Alors que l’élevage est critiqué, selon Julien Denormandie et Erik Orsenna s’il y a un modèle d’élevage durable qui a toute sa place c’est celui de Bruno Dufayet, ex-président de la FNB, qui élève 55 Salers à Mauriac sur 66 hectares de prairies dont les deux tiers sont des pâtures. Il vend sa viande au Carrefour Market de Mauriac via des contrats à long terme.

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