« Les sillons que l’on trace » d’Anne-Cécile Suzanne
Itinéraire atypique d’une éleveuse passionnée
Dans son livre « Les sillons que l’on trace » publié chez Fayard, Anne-Cécile Suzanne raconte avec force le parcours poignant qui l’a amenée à reprendre l’exploitation familiale. Un parcours semé d’embûches pour celle qui ne se destinait pas à devenir agricultrice et qui mène aujourd’hui de front deux carrières.
Dans son livre « Les sillons que l’on trace » publié chez Fayard, Anne-Cécile Suzanne raconte avec force le parcours poignant qui l’a amenée à reprendre l’exploitation familiale. Un parcours semé d’embûches pour celle qui ne se destinait pas à devenir agricultrice et qui mène aujourd’hui de front deux carrières.
« Sauver la ferme était une chose. Devenir agricultrice en était une autre ». Anne-Cécile Suzanne a été happée par le tourbillon de la vie agricole en raison de la maladie qui a touché son père agriculteur installé dans l’Orne. La petite fille qu’elle était adorait le suivre dans la campagne normande et le regardait accomplir les tâches du quotidien à la ferme. Solitaire, elle ne jurait que par la nature et vivait dans un monde qui l’enchantait. Une enfance heureuse, faite d’observation et de rêves. Ses parents, lui agriculteur qui aurait rêvé de devenir architecte mis qui a repris (ou plutôt racheté) l’exploitation familiale, et elle, médecin hospitalier, se réjouissaient de voir leur fille se consacrer pleinement à ses études.
Etudes et travail à la ferme
Le destin en a décidément autrement. A vingt ans seulement, la jeune femme, confrontée à la dure maladie qui dégrade la santé de son père jour après jour, décide courageusement non pas de mettre un terme à ses études mais de reprendre l’exploitation qui est pourtant en péril. Elle fait le choix de ne rien abandonner. Elle doit alors faire face à la dure réalité d’un métier qu’elle ne connait au final pas du tout. Très vite s’enchainent les journées d’un labeur très physique qui l’éreinte. Il lui faut apprendre sur le tas. Parfois improviser. Sans se laisser abattre, elle affronte les embûches, les difficultés de trésorerie, les tracas administratifs, la météo capricieuse, une moisson catastrophique, un vêlage qui tourne mal, des animaux malades. L’affection qu’elle porte à ses bêtes et qu’elles lui rendent en retour est heureusement salvatrice.
Défense du monde agricole
Elle découvre que la nature qui était dans son enfance une source d’enchantement peut aussi se révéler source de souffrance mais elle ne baisse pas les bras même si des moments de découragement l’accablent. Ses ressources sont inépuisables. Elle parvient, avec l’aide d’un salarié agricole, le double pari de remettre l’exploitation à flots et de réussir Sciences Po. Sa ténacité paye et la jeune femme tire une grande force des épreuves qu’elle a traversées. Ce sont elles qui la poussent à s’investir pleinement dans la défense du monde agricole. Son combat la mène dans les médias, en politique ou encore dans le monde économique. Alors pourquoi celle qui est consultante à Paris pour les acteurs de l’alimentaire au sein du cabinet Kéa continue-t-elle à œuvrer dans sa ferme normande, donc à mener de front deux carrières éloignées géographiquement ? « J’ai besoin d’air des deux côtés » répond-elle simplement dans le livre qu’elle a écrit comme une ode à son métier d’éleveuse.