Alternatives aux néonicotinoïdes : Agriodor lève 5 millions d’euros pour développer ses solutions de biocontrôle odorantes
L’entreprise française vient d’annoncer la clôture d’un tour de table de 5 millions d’euros mené auprès de Capagro, Cap Horn, BNP Paribas Développement, SWEN Capital Partners et Breizh Up ( UI Investissement). Son objectif : lutter contre les insectes ravageurs grâce à des solutions agroécologiques de biocontrôle.
L’entreprise française vient d’annoncer la clôture d’un tour de table de 5 millions d’euros mené auprès de Capagro, Cap Horn, BNP Paribas Développement, SWEN Capital Partners et Breizh Up ( UI Investissement). Son objectif : lutter contre les insectes ravageurs grâce à des solutions agroécologiques de biocontrôle.
Créée en 2019 et basée à Rennes, Agriodor développe des parfums à base de molécules odorantes produites naturellement par les plantes qui modifient le comportement des insectes ravageurs. Cette technologie s’inspire des relations naturelles entre les plantes et les insectes pour protéger les cultures. Les solutions développées combinent des parfums à base de kairomones (attractifs) et d’allomones (répulsifs) qui modifient le comportement des insectes ravageurs et permettent de réduire les dégâts causés sur les cultures tout en respectant l’environnement et la biodiversité.
Lutter contre les pucerons verts de la betterave sucrière
Grâce à cette levée de fonds, Agriodor souhaite développer quatre projets. Le principal, qui présente déjà des résultats avancés, concerne les pucerons verts de la betterave sucrière. Depuis 2021, Agriodor est impliquée dans le projet du PNRI (plan national de recherche et innovation) mené par l’ITB (institut technique de la betterave français) et l’Inrae visant à trouver des alternatives aux néonicotinoïdes sur betterave.
Dans ce cadre, l’entreprise développe un parfum qui vise à perturber l’installation des pucerons, diminuant la dissémination des viroses et leurs dégâts sur la culture. Ce produit aura un mode d’application compatible avec les équipements des agriculteurs permettant une utilisation à large échelle.
« Amorcer une réelle transition écologique de l’agriculture »
Les insectes ravageurs causent jusqu'à 40 % de pertes de production des cultures chaque année au niveau mondial. « Pour assurer la sécurité alimentaire mondiale, il est essentiel de trouver une issue positive et d’aider les agriculteurs à sécuriser leurs récoltes tout en amorçant une réelle transition écologique de l’agriculture afin de préserver santé, environnement et biodiversité. La volonté de réduire la dépendance de l’agriculture aux pesticides de synthèse stimule de façon croissante l’innovation dans le domaine du biocontrôle depuis plus de dix ans » affirme Agriodor dans un communiqué.
« Toutes les cultures et toutes les familles d’insectes ravageurs »
Le décodage des parfums émis par les plantes et perçus par les antennes des insectes permet de développer des mélanges d’odeurs les plus efficaces contre des cibles précises d’insectes ravageurs. Agriodor dispose d’une plateforme R&D à Rennes, pilotée par une équipe internationale de phD, qui réunit des domaines d’expertises complémentaires en chimie analytique, comportement, électrophysiologie, formulation et essais agronomiques. Ce laboratoire intègre des process R&D haut débit permettant un temps et un coût de développement réduits des substances actives. « Au-delà du puceron vert, la technologie développée par l’entreprise a un large rayon d’action et peut être utilisée sur toutes les cultures et toutes les familles d’insectes ravageurs promettant un potentiel de déploiement mondial » précise Agriodor.
Cibler les marchés qui subissent des impasses techniques
L’entreprise estime que le biocontrôle représentera 11 milliards de dollars en 2025 au niveau mondial avec une croissance annuelle de 16 % et que le segment ciblant les insectes représente la part de marché la plus importante. Agriodor explique cibler principalement des marchés qui subissent des impasses techniques (suppression d’insecticides chimiques, émergence d’un nouveau ravageur) et sur lesquels les insectes ravageurs mettent en danger la souveraineté alimentaire. « Les solutions d’Agriodor sont compatibles avec l’utilisation des autres leviers de la protection des cultures (phéromones, macro et micro-organismes, substances naturelles, insecticides) et consolident l’approche globale des programmes de protection des plantes par culture » précise l’entreprise.
Colza et betterave
Aujourd’hui Agriodor s’attaque à plusieurs marchés dont deux cultures majeures en Europe qui sont menacées par les ravageurs dues à l’interdiction au niveau européen de deux insecticides : le colza et la betterave. Selon l’entreprise, la première solution mondiale sera finalisée en 2023 en ce qui concerne la problématique des pucerons de la betterave pour remplacer les néonicotinoïdes. Elle sera déployable dans toute l’Europe, avec 1,5 million d’hectares ciblés.