Semis de blé tendre 2024 : « Nous avons besoin de trois semaines sans pluie pour pouvoir entrer dans nos parcelles »
Anthony Loger est agriculteur à Saint-Pierre-de-Maillé dans la Vienne. Aujourd'hui, ses parcelles très argileuses sont trop humides pour qu'il puisse récolter ses maïs et semer ses blés. La météo des prochaines semaines sera cruciale.
Anthony Loger est agriculteur à Saint-Pierre-de-Maillé dans la Vienne. Aujourd'hui, ses parcelles très argileuses sont trop humides pour qu'il puisse récolter ses maïs et semer ses blés. La météo des prochaines semaines sera cruciale.
« Aujourd’hui, nos 20 ha de maïs grain et ensilage, ne sont toujours pas récoltés, bien que les stades de maturité soient atteints. Avec 220 mm d’eau depuis le 1er septembre, nos parcelles de groies argileuses (30 à 50 % d’argile) et de limons argileux sont trop humides pour que nous puissions entrer dedans. Nous avons besoin de trois semaines sans eau pour pouvoir travailler sans abîmer la structure de nos sols et ne pas pénaliser les semis de blé qui vont suivre. Il fait beau depuis quatre jours. Le chemin est encore long…
Notre perte de chiffre d'affaire s'élève à 30% pour l'instant
Nous avons prévu de semer 70 ha de blé tendre dont 20 ha sur précédent maïs, et 50 ha sur précédent colza. Avec des blés qui représentent un tiers de notre chiffre d’affaires, nous ne pouvons pas nous permettre de pénaliser dès les semis notre potentiel de rendement. Sur la campagne 2024, nous sommes d’ores et déjà à une perte de 30 % de notre chiffre d’affaires comparé à une année normale, sans compter l’éventualité d’une mauvaise récolte de maïs, destinée chez nous à l’autoconsommation. Cette perte est la conséquence des mauvais rendements en colza, 15 q/ha au lieu des 30 en moyenne, et en blé tendre, 68 q/ha au lieu des 75 habituels, auxquels s’ajoute une hausse de nos charges de structures d’environ 20 % liée à l’augmentation du coût de la main-d’œuvre pour la réparation du matériel et de nos charges fixes courantes.
Nous attendrons le bon moment pour semer
Aujourd’hui, tout l’enjeu est pour nous de trouver le meilleur compromis pour sauver notre récolte de maïs et semer nos blés sans pénaliser la structure du sol, car cela compromettrait le cycle de la culture dès le démarrage. Pour bien préparer le lit de semences, la solution de facilité serait de labourer juste avant de semer, mais nous sommes en non-labour depuis 2012 et nous n’avons pas envie de casser tout le travail accompli depuis. Habituellement, nous faisons avant le semis (réalisé en associant semoir et herse rotative) un passage de dents sur les limons argileux et un décompactage sur les terres très argileuses. Sur ces dernières, que nous sèmerons en dernier, si les conditions de ressuyage ne sont pas satisfaites, il nous faudra en dernier recours ouvrir les sols avec un labour ou un passage de dents vibrantes. Nous pouvons attendre jusqu’au 25 novembre pour semer nos blés mais pas au-delà. Si la pluie revient, nous devrons peut-être sacrifier une partie de nos semis de blé.
Etre diversifié est un atout les mauvaises années
Notre force est d’avoir un parc matériel important sur l’exploitation. Nous avons des charges de structure élevées mais nous pouvons jongler entre différents types d’outils et nous adapter à des conditions climatiques de plus en plus variables d’une année sur l’autre. Nous avons aussi la chance d'avoir deux ateliers, avec deux tiers de notre chiffre d’affaires fait par les cultures et un tiers par l’atelier bovin viande. Il n’en est pas de même chez nos voisins céréaliers spécialisés qui ont aujourd'hui des pertes de chiffre d’affaires entre 50 et 60 % et qui misaient sur les cultures d’automne, semées sur de plus grandes surfaces qu’habituellement, pour compenser. Chez beaucoup la moitié des tournesols ne seront pas récoltables (verse, maladies de fin de cycle) et les maïs grain qui sont récoltés à 30 % d’humidité vont voir leurs marges fortement pénalisées par les frais de séchage qui sont à 40 €/t, d’après les échos que nous avons. »