Sclérotinia sur colza : c’est le moment d’intervenir sur les cultures au stade G1
Les interventions fongicides contre le sclérotinia du colza doivent être effectuées au stade G1 de la culture. Les autres maladies fongiques ne doivent pas non plus être négligées. Il convient d’appliquer les traitements dans le respect de l’arrêté abeilles.

Face à l’absence de pluie et aux conditions plutôt sèches de ces dernières semaines, les producteurs de colza s’interrogent sur la conduite à tenir en termes d’intervention fongicide contre le risque sclérotinia. Il n’y a pas vraiment le droit à l’erreur pour cette intervention qui est la dernière étape clé de la culture. Non gérée, la maladie peut faire perdre de 1 à 1,5 q/ha dès 10 % de tiges atteintes, indique Terres Inovia. « La maladie ne s’exprime pas toujours mais les tests du kit pétales montrent que l’inoculum du sclérotinia reste bien présent », prévient Victoire Lefevre, ingénieure développement chez Terres Inovia.
Intervenir contre le sclérotinia avant le retour des pluies
Dans le secteur Bourgogne-Franche-Comté où le stade G1 du colza est progressivement atteint, il ne faut plus tarder à sortir le pulvérisateur. « Le retour des pluies est attendu la semaine prochaine, indique Victoire Lefevre. Il faut donc intervenir avant pour prévenir le développement de la maladie. » Il n’existe en effet aucun traitement curatif pour le sclérotinia. La stratégie de lutte repose exclusivement sur une gestion préventive. « Un créneau de deux heures de sec après l’application suffit pour sécuriser l’efficacité du fongicide, sauf en cas de pluie lessivante (20 mm) après le traitement », précise Aurore Baillet de Terres Inovia.
Repérer le stade G1 du colza pour positionner son intervention contre le sclérotinia
Le stade G1 du colza intervient 10 à 12 jours après la floraison en fonction des conditions climatiques. D’après Terres Inovia, il correspond au moment où les hampes secondaires commencent à fleurir, les 10 premières siliques sont formées sur les hampes principales avec une longueur inférieure à 2 cm et les premiers pétales commencent à tomber. « Il faut être très vigilant sur le stade de la culture pour intervenir au bon moment, et ne pas se laisser dépasser par la végétation qui peut rendre compliqué le passage dans les champs selon son équipement de pulvérisation », avance Michael Geloen de Terres Inovia.
Quels traitements fongicides mettre en œuvre contre le sclérotinia du colza ?
Concrètement, quels traitements mettre en œuvre ? « La lutte fongicide contre le sclérotinia du colza s’oriente aujourd’hui vers des spécialités haut de gamme qui ne coûtent pas systématiquement plus cher que des triazoles classiques (tébuconazole, metconazole) ». C’est le cas notamment du prothioconazole cette année », présente Aurore Baillet. Des solutions récentes comme le méfentrifluconazole ou la mandestrobine sont également disponibles, en pack ou en association formulée, avec une efficacité équivalente aux références du marché. Elle rappelle quelques règles concernant l’utilisation des fongicides à base de SDHI. Pour éviter l’apparition de phénomènes de résistance aux produits, les SDHI doivent obligatoirement être associés à un des autres modes d’action précédemment cités.
Quelles protections apportent les interventions fongicides contre le mycosphaerella ?
Les interventions fongicides contre le sclérotinia permettent en outre de protéger le colza contre les autres maladies fongiques pouvant toucher la culture, comme l’oïdium et le mycosphaerella dans certaines régions. « Le traitement contre le sclérotinia permettra également dans la majorité des situations de protéger contre mycosphaerella. En cas de présence bien visible de mycosphaerella au moment du traitement, il faudra appliquer au moins 80 % de la dose homologuée du fongicide à base de triazole seule ou associée, de préférence prothioconazole », conseille Terres Inovia.
Faut-il prévoir plusieurs passages fongicides contre le sclérotinia du colza ?
D’après les essais de Terres Inovia, les stratégies à doubles traitements, 10 à 15 jours après le stade G1, ne montrent pas de gain d’efficacité dans la plupart des cas.
Respecter les conditions d’application prévues par l’arrêté abeilles
Les producteurs de colza sont concernés par l’arrêté abeilles entré en application en 2023. La réglementation prévoit que les traitements soient effectués le soir, sur une plage horaire comprise entre les deux heures qui précèdent le coucher du soleil (défini par l’éphéméride) et les trois heures qui suivent le coucher du soleil.
L’arrêté abeilles vise la protection de tous les insectes pollinisateurs, et concerne les cultures qui sont attractives pour eux en période de floraison : colza, tournesol, féverole, lin, lupin, pois chiche. Il s’applique à tous les produits phyto : insecticides, fongicides et herbicides. L’arrêté définit la période de floraison non pas par rapport au stade de la culture (50 % des plantes en fleurs) mais sur la base de la période végétative allant de l’ouverture des premières fleurs à la chute des pétales des dernières fleurs.
En outre, les mélanges impliquant pyréthrinoïdes (insecticides) et triazoles en période de floraison ou de production d’exsudats sont formellement interdits. Si les deux traitements doivent être effectués sur la même parcelle, un délai de 24h minimum doit être respecté entre les applications et l’insecticide doit être appliqué en premier (arrêté dit « mélanges » du 12 juin 2015)