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Retour des gelées : 5 points à connaître pour préserver les cultures et le matériel

Il est urgent de stopper vos interventions en plaine : un épisode de froid s’amorce dans une grande moitié nord de la France, qui devrait stresser les cultures d’hiver, en plein développement. Pour préserver les potentiels, ce n’est pas le moment d’en rajouter.

Apport de solution azotée sur colza. Pour limiter le stress des cultures, mieux vaut suspendre les interventions. © Gutner archives
Apport de solution azotée sur colza. Pour limiter le stress des cultures, mieux vaut suspendre les interventions.
© Gutner archives

1-Quel risque pour les céréales ?

Les céréales d’hiver sont très sensibles au gel à partir de températures minimales sous abri de l’ordre de -5°C. Selon les sources, les températures minimales annoncées sont de -4°C à -7°C à Reims et Charleville-Mézières, -3°C à -5°C à Beauvais et Amiens, -2°C à -4°C à Orléans, Auxerre et à Rouen samedi 6 mars. Cet épisode de froid devrait durer jusqu’au 8 mars.

Malgré un automne et un début d’hiver cléments, les blés tendres n'ont - sauf exception - pas encore atteint le stade de développement stade épi 1 cm.

Or, c'est surtout les cultures qui ont passé le stade épi 1 cm sont les plus exposées : à ce stade, une journée à -7°C sous abri peut engendrer des dégâts sur les futurs épis. Dès que l’épi entame son ascension dans la tige, il devient sensible au gel. Le risque est de voir les futurs maîtres brins et talles primaires, correspondant aux talles les plus productives, nécrosés par le froid. Pour les céréales qui n’ont pas entamé ce stade et la phase de montaison, le risque est limité : l’épi reste protégé par l’appareil végétatif. L'inquiétude se justifie en revanche pour les orges de printemps semées à l’automne ou les très rares céréales en avance qui ont déjà été secouées par l'épisode de gel de début février.

L’écart de températures dans la journée, la présence de vent et le niveau d’humidité conditionneront les éventuels dégâts et leur gravité : si les températures baissent doucement, et en l’absence de pluies les jours précédents, les plantes devraient passer l’épisode sans encombre. C’est le scénario prévu : le temps est sec et les températures baissent depuis le 4 mars. « Plus que les températures basses, c’est l’amplitude de températures dans la même journée qui peut poser problème. Un écart supérieur à 15 °C accentue le stress des cultures », indique Hubert Vincent, responsable marketing céréales chez BASF. Selon les régions, les écarts mini/maxi oscilleraient entre 12°C et 15 °C samedi prochain.

2-Sur colza, un risque d'accentuation des dégâts

Pour les colzas, parfois touchés par la vague de froid de la mi-février, l’épisode à venir pourrait porter un nouveau coup au potentiel des parcelles. Terres Inovia signale des dégâts « non négligeables » dans l’Est et en Normandie et lance une enquête pour chiffrer leur impact sur les rendements. « Le colza a une bonne capacité à compenser la perte de pieds », rappelle Afsaneh Lellahi, directrice des actions régionales chez Terres Inovia.

Les colzas les plus précoces atteignent désormais le stade D1 et le froid à venir pourrait affaiblir des pieds déjà fragilisés par des infestations d’altises. Par contre, le froid devrait freiner le développement des populations d’insectes, alors que des vols de charançons de la tige et même de méligèthes sont déjà signalés. Et si le gel rendait inutiles les applications de pyréthrinoïdes prévues ?

3-Mettre votre pulvé à l’abri du gel

Pour protéger buses, rampes et pompes des effets du gel, il importe de réhiverner très rapidement les pulvérisateurs. Pour les producteurs qui effectuent actuellement leurs apports azotés sous forme de solution liquide, l’exercice est simplifié : la solution azotée est un antigel efficace. On veillera alors surtout à ne pas laisser le pulvé en courant d’air et à purger les systèmes de remplissage de cuves et les alimentations en eau.

4-Stopper les applications de régulateurs et d’herbicides en cas de gel

Ré-hiverner son pulvé doit se faire sans regret : pour les plantes, mieux vaut suspendre les interventions phytos. « Entre -1 et +2°C, il faut éviter d’intervenir sur les cultures », confirme Hubert Vincent. Cela vaut le jour du traitement et dans les trois jours qui suivent et précèdent ces niveaux de températures : on attendra donc le 10 mars pour retourner dans les parcelles.

Soumettre les plantes à un stress supplémentaire à celui généré par les températures négatives peut entraîner des effets cumulatifs sévères et des brûlures. Certaines matières actives favorisent ces phytotoxicités. Arvalis cite par ordre d’importance le bifénox, le carfentrazone, le pyraflufène et le bromoxynil.

L’application de régulateurs de croissance des céréales à base de chlorméquat comme Cycocel C5, Jadex, Courtepaille ou Controverse, optimale au stade épi 1 cm, peut attendre : ces produits sont efficaces jusqu’au stade 1 nœud du blé et leur efficacité est réduite en cas de faibles températures.

Si les stades d’interventions sont dépassés, d’autres régulateurs offrent une grande souplesse d’utilisation. « Medax Max (prohexadione + trinexapac) et Medax Top (prohexadione + mepiquat) s’appliquent jusqu’au stade 2 nœuds sur blé tendre et orge d’hiver », indique Hubert Vincent, en insistant : « Mieux vaut différer les applications. »

5-Les apports d’engrais minéraux sont interdits sur sol gelé

Suspendre les interventions vaut également pour les apports d’engrais azotés pour des raisons réglementaires et physiologiques : la directive Nitrates interdit tout apport d’engrais azotés minéraux sur sol gelé. Une infraction expose à des pénalités sur les aides Pac. Cette obligation s’impose doublement pour les épandages de solution azotée : cette forme provoque des brûlures des feuilles lorsqu’elle est appliquée par températures négatives. Et puisque rien ne presse, il est urgent de faire une pause dans les interventions culturales.

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