Colza : la fertilisation au semis à base d'azote et de phosphore rend la plante plus forte
L’alimentation azotée et phosphatée en début de culture a un impact sur la dynamique de croissance du colza à l’automne. Les programmes d’actions régionaux de la directive Nitrates pourraient acter la possibilité d’apporter de l’azote à l’automne. Mais pas avant 2024.
L’alimentation azotée et phosphatée en début de culture a un impact sur la dynamique de croissance du colza à l’automne. Les programmes d’actions régionaux de la directive Nitrates pourraient acter la possibilité d’apporter de l’azote à l’automne. Mais pas avant 2024.
L’autorisation d’apporter de l’azote minéral à l’automne sur colza va devoir attendre. Le 7e programme d’actions national (PAN) de la directive Nitrates a acté la possibilité d’apporter jusqu’à 30 unités d’azote en végétation sur colza à partir du stade 4 feuilles, entre le 1er septembre et le 15 octobre, en zones vulnérables. Mais la mesure ne sera pas retranscrite suffisamment tôt au niveau de chaque région pour être applicable. Les programmes d’actions régionaux (PAR) sont en cours de discussion avec des groupes de concertation qui se sont saisis des mesures du PAN. Il y aura ensuite un texte en consultation publique en septembre, puis la publication des arrêtés révisant chaque PAR. Si cette nouvelle possibilité d’apporter de l’azote sur colza est reprise dans les PAR, il faudra patienter car elle ne pourra pas s’appliquer cet automne.
Dommage pour le colza. « Un apport en végétation dans des situations d’azote limité est une bonne solution. On fournit de l’azote à bon escient pour obtenir une dynamique de croissance du colza dans la deuxième partie de l’automne, alors qu’un apport au semis booste la croissance du colza jusqu’à la mi-octobre seulement, explique Luc Champolivier, spécialiste fertilisation chez Terres Inovia. Cette accélération de la croissance est intéressante car elle intervient à un moment où l’on peut avoir des faims d’azote et cela contribue à réduire les dégâts consécutifs à des infestations larvaires d’altises et de charançons. »
Par ailleurs, les essais de Terres Inovia ont montré que l’on obtenait un CAU (coefficient apparent d’utilisation) de 1 quand l’on apportait 30 unités à l’automne après 4 feuilles, ce qui signifie que tout cet azote est absorbé et se retrouve dans la plante. Le colza est donc bien alimenté et il n’y a pas d’augmentation du risque de lixiviation de l’azote à l’automne avec cette fourniture. En outre, cet apport précoce permet de réduire d’autant la dose à fournir au printemps, sans modifier la quantité totale d’azote pour le colza.
Un peu d’azote possible au semis avant la fin août
Il reste cependant possible d’apporter de l’azote minéral au colza, mais seulement au semis avant le 31 août, dans la limite de 30 unités en plein et de 10 unités en application localisée. Attention à se conformer à la réglementation en vigueur qui peut différer selon les régions. Cette fertilisation peut se faire au travers de l’apport d’engrais binaire NP ou ternaire NPK. « D’après les expérimentations que nous avons conduites, ce type d’apport permet d’améliorer significativement le poids de matière fraîche aérienne du colza à l’entrée de l’hiver », précise Luc Champolivier. Le CAU est de 1, comme pour l’apport à l’automne. Précision : la gestion de la fertilisation du colza est indépendante de la présence de plantes compagnes, même si ces légumineuses contribuent à améliorer l’alimentation azotée de la culture.
Un autre élément nutritif joue fortement sur la croissance du colza à l’automne : le phosphore. « Le colza est l’une des espèces de grandes cultures les plus exigeantes en cet élément. En cas de carence, son rendement est très affecté, souligne le spécialiste de Terres Inovia. Le phosphore est plus particulièrement impliqué dans la mise en place du système racinaire, d’où son importance dès les premiers stades de la culture. » L’institut technique conseille une fertilisation phosphatée au semis de préférence, de façon à limiter le risque de carence à l’automne. Le stade de sensibilité maximale du colza à la carence en phosphore se situe en effet en début de culture, au stade 5-6 feuilles.
Pas d’impasse en phosphore sur les sols à teneur faible ou moyenne
Seules les analyses de terre permettent de déceler les situations carencées au niveau du sol. Pour un objectif de rendement de 35 q/ha, Terres Inovia conseille un apport de 60 à 100 unités sur respectivement des sols à teneur moyenne ou faible et si aucun apport n’a été fait au cours des deux dernières années. La quantité sera modulée selon l’objectif de rendement et l’historique de la parcelle en matière de fertilisation phosphatée. Cet apport est important notamment sur les sols argilo-calcaires où l’élément peut être bloqué ou moins disponible. Pour des semis à écartement large (40 cm au moins), la localisation de l’engrais phosphaté à côté de la ligne de semis permettra d’atteindre le rendement maximal avec une dose plus faible de 30 unités en P2O5 qu’un épandage en plein.
L’intérêt des produits organiques avant semis
L’apport de produit organique avant le semis du colza est un moyen d’améliorer la disponibilité en azote pour le colza et se traduit par une augmentation de la quantité d’azote absorbé par la culture à l’ouverture du bilan, de l’ordre de 40 unités selon des essais avec apport de lisier, fumier ou fientes de volaille. Ces fertilisants organiques, de même que les digestats, ont comme intérêt de libérer de l’azote rapidement, tout en apportant également du phosphore et du potassium.