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Désherbage sur tournesol : combiner interventions chimique et mécanique

Pour faire face aux pressions sur les matières actives herbicides, le désherbage mixte sur tournesol est un bon compromis pour lutter contre les adventices. Plusieurs stratégies ont prouvé leur efficacité tout en permettant des économies de produits.

La disparition de matières actives oblige les producteurs à élaborer de nouvelles stratégies pour maîtriser les adventices. Le désherbage mixte, qui combine interventions chimiques et mécaniques, montre son efficacité sur tournesol.

« Nos essais ont montré que la technique qui consiste à appliquer l’herbicide de pré-levée sur le rang grâce à un kit de traitement monté sur le semoir (herbisemis), puis de biner l’interrang est pertinente », révèle Fanny Vuillemin, chargée d’études adventices et techniques alternatives de désherbage chez Terres Inovia. Comparativement à d’autres stratégies de désherbage mixte, c’est la technique qui présente le rapport coût/efficacité le plus intéressant. « L’herbisemis permet l’économie d’un passage et d’un traitement en plein, donc un gain de temps et une réduction d’IFT. »

La bineuse offre une souplesse d’utilisation

Le bilan technico-économique réalisé par l’institut donne un coût pour cet itinéraire de 114 euros par hectare contre 144 euros par hectare en tout herbicide. Mais il faut retenir aussi que « cela demande beaucoup de rigueur, la capacité de réaliser le chantier d’une seule traite et, idéalement, de disposer d’une aire de rinçage afin de bien nettoyer le pulvérisateur à la fin », souligne Loïc Doussat, conseiller spécialisé en techniques alternatives à la chambre d’agriculture de l’Aude.

Une autre stratégie assez similaire consiste à réaliser un traitement herbicide localisé (rampe grande largeur de type Maréchal) suivi d’un binage. La limite : avoir une surface suffisante pour amortir la rampe. Enfin, le désherbinage en post-levée souffre, lui, d’un manque de souplesse, car il faut combiner l’application d’un herbicide sur le rang à un passage mécanique sur l’interrang.

Dans ces stratégies, Fanny Vuillemin explique que la bineuse offre une souplesse d’utilisation. « Selon l’état de salissement, on peut intervenir plusieurs fois et jusqu’à un stade avancé du tournesol. Et si on sème des variétés classiques non tolérantes à des herbicides, seul le désherbage mécanique permet des rattrapages en post-levée », explique-t-elle. Avec des flores compliquées à base d’ambroisie, de datura ou de xanthium, elle recommande de « faire le programme conseillé, herbicides de pré-levée et de post-levée, puis un binage si c’est possible ». Dans ce cas, le binage apporte un complément pour mettre toutes les chances de son côté afin de venir à bout de ces adventices difficiles.

Combiner herse étrille précoce et herbicide de prelevée

« Autre outil de désherbage mécanique, la herse étrille employée à une date précoce est intéressante sur de petites dicotylédones au stade fil blanc », explique Fanny Vuillemin. Elle peut être utilisée dans certaines stratégies mixtes, comme celle qui a été testée par Terres Inovia avec la chambre d’agriculture de l’Aude et l’Acta. L’expérimentation a consisté à passer une herse étrille après l’herbicide racinaire appliqué en prélevée pour faciliter son incorporation.

Loïc Doussat révèle que les résultats montrent une efficacité différente selon le type d’herbicides : « Pour les matières actives (aclonifen notamment) qui forment une couche protectrice sur le sol, la pratique n’est pas recommandée, car l’action serait détruite par la herse et on perdrait alors la rémanence du produit. Par contre, pour celles qui se mélangent avec l’eau du sol comme la pendiméthaline (plus grande solubilité), l’efficacité est augmentée. »

En conditions sèches, la pendiméthaline peut être incorporée par la herse étrille tout de suite après l’épandage pour améliorer son efficacité. Dans des conditions plus humides, le passage de herse étrille se fait 15 jours après l’herbicide (stade 2-4 feuilles du tournesol). « La base herbicide permet de se donner de la souplesse pour un second passage de herse par la suite », avance le conseiller. Mais il met en garde : « C’est une stratégie entièrement basée sur le préventif. Il est nécessaire de bien connaître ses parcelles, le comportement des matières actives utilisées et d’avoir une stratégie de rattrapage sous le coude (herbicide, binage ou manuelle), en particulier les années pluvieuses. »

Sur le volet économique, l’achat d’une herse étrille peut s’autofinancer grâce à l’économie de produits phytosanitaires réalisée. Le coût d’intervention est estimé par la chambre d’agriculture de l’Aude entre 80 et 120 euros par hectare en chimique, contre 40-50 euros par hectare en désherbage mixte.

Aujourd’hui, dans un contexte de réduction croissante des matières actives et de restrictions d’usage de celles qui restent, cette stratégie mixte (herse étrille précoce et herbicide de pré-levée) prend tout son sens. « Il s’agit d’une alternative qui permet de réduire significativement la dose. Sur un programme avec une base anti-graminée et une base anti-dicotylédone, il est possible de supprimer un des deux produits », avance Loïc Doussat. Associer herbicide et mécanique, permet de combiner les modes d’action de chacun.

 

Des limites d’utilisation à considérer avec la bineuse

« Même si la bineuse est un outil redoutable, il faut être conscient que les binages peuvent se télescoper avec les autres travaux et les récoltes des cultures d’hiver précoces », remarque Loïc Doussat, chambre d’agriculture de l’Aude. L’intervention est en outre difficile à réaliser dans certaines parcelles, de forme irrégulière (casse de pied lors des manœuvres, fastidieux à utiliser dans les pointes) ou en coteaux. Enfin, la bineuse nécessite un temps sec pour le passage et elle ne permet pas de gérer les adventices sur le rang contrairement à d’autres outils de désherbage comme la herse étrille.

 
La bineuse peut être utilisée jusqu'à un stade avancé du tournesol, pour rattraper un désherbage raté par exemple.
La bineuse peut être utilisée jusqu'à un stade avancé du tournesol, pour rattraper un désherbage raté par exemple. © Terres Inovia

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