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Nectarine : comment réduire le risque monilioses

Les pertes de pêche et nectarine dues aux monilioses dépendent de l’état des fruits avant récolte mais aussi des conditions de stockage post-récolte. Un travail de thèse a permis de préciser ces conditions et de développer un modèle de simulation du risque de développement des pourritures.

Dans le dispositif expérimental utilisé pour évaluer les infections secondaires, les trois cellules supérieures contiennent un fruit central inoculé, tandis que lescellules inférieures contiennent le groupe témoin.
Dans le dispositif expérimental utilisé pour évaluer les infections secondaires, les trois cellules supérieures contiennent un fruit central inoculé, tandis que lescellules inférieures contiennent le groupe témoin.
© CTIFL

Les monilioses qui se développent après récolte sur pêche et nectarine sont dépendantes de facteurs pré- et post-récoltes. De précédentes études ont étudié l’influence de ces facteurs souvent séparément. L’impact des pratiques culturales comme le régime d’irrigation et la charge en fruits et celui des températures de stockage sur le développement de pourriture brune après récolte ont été étudiés sur nectarine dans le cadre d’une thèse, réalisée entre 2018 et 2021 au sein de l’UMT IQUAR (innover pour améliorer la qualité après récolte des fruits et légumes frais). Cette thèse a été coencadrée par l’INRAE (unité PSH-Avignon), le CTIFL et l’université d’Avignon. Les infections secondaires au cours des opérations de stockage et de manutention peuvent avoir une importance épidémiologique importante. Cependant, il existe peu d’études traitant de la présence d’infections secondaires par voie aérienne pendant le stockage.

Une expérimentation, menée pour deux variétés de nectarine (Honey Fire cov et Magique®), a démontré l’absence de contamination secondaire par Monilia laxa par voie aérienne pendant le stockage. Seul le contact entre les fruits a favorisé le développement des pourritures. Toutefois, même si Monilia laxa est largement répandue dans les vergers français, Monilia fructicola est susceptible de sporuler plus abondamment. De nouvelles expérimentations seraient à reproduire sur d’autres espèces de Monilia spp. et également sur d’autres variétés de pêche et de nectarine pour confirmer ces résultats. Les résultats de cette expérimentation ont permis de préciser les conditions permettant de réduire les pertes liées aux pourritures (voir encadré).

Une récolte tardive favorise les pourritures

Deux autres expérimentations ont été réalisées en 2018 et 2019 sur une variété de nectarine, Nectarlove cov, récoltée dans un verger expérimental de l’INRAE à Avignon, pour évaluer l’influence des conditions pré- et post-récoltes sur la progression de la pourriture brune des fruits pendant le stockage. Le régime d’irrigation, la charge en fruits, la date de récolte et la température de stockage ont été les facteurs étudiés. Les résultats de ces deux essais montrent que les pourritures ont tendance à se développer davantage lorsque la récolte est tardive.

La maturation des fruits engendre des changements biochimiques et structurels, notamment au niveau de l’épiderme des fruits, qui favorisent le processus de germination et de sporulation des spores fongiques. Par ailleurs, pour une date de récolte tardive, les fruits sont en contact plus longtemps avec les conidies de Monilia spp. présentes dans le verger. L’irrigation a également eu un effet dans les infections pendant le stockage. Les fruits provenant des traitements bien irrigués ont tendance à être plus gros et à présenter davantage de fissures cuticulaires par rapport aux fruits des arbres moins irrigués. Enfin, l’augmentation de la température de stockage a été un facteur prédominant du développement des pourritures brunes. Les fruits stockés à 2 °C n’ont montré aucun signe d’infection pendant le ­sto­ckage, tandis qu’une incidence croissante est observée à 15 °C (28 %, en moyenne à la fin du stockage) et à 25 °C (62 %).

Un modèle pour prédire le risque moniliose

Les données acquises ont servi à construire un modèle prenant en compte simultanément certains facteurs culturaux et post-récolte afin de prédire le risque de pourriture brune sur nectarine pendant le stockage. Les résultats des expérimentations précédentes ont été utilisés pour étalonner ce modèle. La masse individuelle des fruits, les conditions météorologiques et épidémiologiques avant la récolte et la température de stockage ont été choisies comme variables d’entrée du modèle. Les simulations du modèle reproduisent bien l’évolution de la probabilité d’apparition des pourritures brunes pour les données expérimentales de 2018 et 2019.

Le modèle le plus performant, étalonné à partir des données expérimentales, confirme bien que l’augmentation de la température de stockage, de la masse des fruits, de la durée moyenne d’humidité dans la semaine précédant la récolte et de la prévalence de la pourriture brune à la date de récolte, augmente le risque de pourriture brune pendant le stockage. Il permet aussi de réaliser des expérimentations virtuelles sur ordinateur, sans avoir à réaliser des expérimentations multifactorielles au champ, qui sont coûteuses en temps et en ressources.

Ces expérimentations virtuelles montrent que, pour une augmentation de la température de 2 à 25 °C, le risque d’infection pendant le stockage augmente de plus de 60 fois, tandis que pour un fruit de 200 grammes par rapport à un fruit de 150 grammes, le risque augmente de près de trois fois. Les fruits de plus gros calibre sont donc plus sensibles à l’apparition de symptômes de pourriture brune après le stockage, ce qui suggère que ces fruits nécessitent un délai de consommation plus court ou un ­sto­ckage à une température plus basse. De plus, les simulations réalisées avec le modèle suggèrent que si les conditions épidémiologiques et météorologiques sont favorables au développement de la pourriture brune avant la récolte, alors les fruits devront être maintenus à basse température pendant les étapes post-­récolte, pour éviter une perte importante de fruits.

Infos-CTIFL juin 2022 – Modélisation de l’influence des conditions pré- et post-récoltes dans le développement des pourritures.

Trois actions pour limiter les pertes liées aux pourritures

1/ Faire attention à la dispersion des spores sur les fruits récoltés. Les étapes clés à contrôler sont les manipulations lors de la récolte et lors des étapes post-récolte : désinfection du matériel de calibrage ou de conditionnement, suppression des fruits pourris.

2/ L’utilisation d’alvéole dans les colis permet de séparer les fruits et d’éviter les infections secondaires par contact. Cette pratique est efficace pour limiter les monilioses, mais l’est moins vis-à-vis d’un autre champignon, Rhizopus stolonifer, capable de développer des filaments mycéliens assez longs.

3/ Les immersions des fruits dans l’eau chaude sont intéressantes pour réduire les spores présentes à la surface des fruits et limiter le risque d’infection

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