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[Medfel 2022] : Nectarine plate, poire d’automne et agrandissement de station : comment Ille Roussillon s’adapte au marché

Comme chaque année, une visite d’exploitation a été proposée aux délégations étrangères visitant Medfel. Cette année, c’est l’exploitation d’Ille Roussillon que les acheteurs ont découvert le 27 avril : vergers d’abricots, champs d’artichauts, station de conditionnement….

De bon matin, à Castelnou puis à Thuir (Pyrénées-Orientales), avec une trentaine de personnes, les questions ont fusé, tant sur les productions de l’entreprise et ses projets que sur le fonctionnement plus général de l’arboriculture et l’expédition en France : Le verger a-t-il été impacté par le gel ? Qu’est-ce qu’une OP ? Comment maîtriser le foncier agricole ?...

• NDLR 1 : pour ce verger, de la variété Anegat et dont la récolte se fait autour du 7 juillet, la réponse est non : pas d’impact du gel.
• NDLR 2 : Grosse interrogation des acheteurs sur les organisations de producteurs : à quoi cela sert ? comment fonctionnent-elles ? Il est vrai que les OP sont une spécificité française, très développée en particulier dans le sud de la France.
• NDLR 3 : Autre question des acheteurs : le foncier. Comment protéger les terres agricoles ? « Nous, on veut maîtriser le foncier car on veut rester local et pouvoir mettre en place des jachères : par exemple 20 ans d’abricots et 5 ans d’artichaut », a ainsi précisé Pierre Batlle, gérant des Vergers Ille Roussillon.

Carte d’identité de l’entreprise Ille Roussillon

Ille Roussillon est spécialisée dans la production et l’expédition de fruits d’été et de certains légumes. Créée en 1923, elle totalise 59 M€ de chiffre d’affaires, un chiffre en croissance de +10 à +15 % par an (pour comparaison, 23 M€ de chiffre d’affaires il y a 16 ans, en 1997).  « Expéditeur à l’origine, nous avons investi il y a 25 ans en production », explique Pierre Batlle, gérant des Vergers Ille Roussillon et Manager de la production et station Ille Roussillon.

L’exploitation agricole totalise aujourd’hui 350 ha de vergers et 30 ha de serres en propre. A cela s’ajoute des producteurs en OP -3 OP toutes situées sur le département : Sud Délices, Plaine du Roussillon et Sica Nat & Bio- qui apportent un supplément de volumes (750 ha de vergers et 45 ha de serres). La production en propre totalise environ 12 000 t sur 35 000 t (environ 30 %). Ille Roussillon participe à l’encadrement technique de ces producteurs via leurs OP. Toutes les exploitations sont certifiées HVE. Côté débouchés, « tous les marchés sont visés », de la GMS aux grossistes spécialisés en passant par l’industrie comme Andros, Lucien Georgelin ou Florette.

La gamme se compose :

• des salades (tous types sauf jeunes pousses), environ 8 000 t, d’octobre à mai
• des artichauts (toute la gamme : Calico, Sambo, Salambo, Macau, bouquet Violet), 3 000 t de début février à mi-mai.
• Le céleri-branche, 1 000 t, de novembre à fin avril. « C’est une petite filière mais qui se développe face à la demande de la GMS pour redévelopper une filière française ».
• Le concombre, 8 000 à 9 000 t d’avril à novembre.
• Les abricots, 3 000 t, de mi-mai à début septembre.
• Les pêches et nectarines, 12 000 t, du 25 mai au 20 septembre. La nectarine représente 65 % des volumes car c’est ce que demande le marché.

A ceci d’ajoute depuis 7 ans l’activité bio, avec la même gamme qu’en conventionnel. Les volumes sont assurés par les OP bio (et non en propre) : abricot bio (1 200 t), pêche nectarine bio (1 700 t), pomme bio (150 t), poire bio (150 t).

Nectarine plate et relance de la poire, les grandes tendances en verger

Pour ses visiteurs, Pierre Batlle précise les projets en verger d’Ille Roussillon, reflet des tendances du marcé. Du côté des pêches et nectarines, Ille Roussillon annonce avancer sur le projet de nectarine plate Ondine. Marque club développée par Agro Selections Fruits, elle regroupe 5 partenaires en France, 3 en Espagne et 2 en Italie. Ille Roussillon, un des partenaires français, a planté 100 ha, ce qui représente un potentiel de 3 500 t d’ici 5 ans. 50 t sont attendues cette année.

« C’est un produit dans lequel nous croyons fortement car il bénéficie de l’effet nectarine -plus appréciée que la pêche et qui gagne des parts de marché chaque année- et de l’effet fruits plats -pratiques, “finger food” », analyse Pierre Batlle. Et de vanter les caractéristiques d’Ondine : des fruits sucrés (15° Brix) à chair blanche et une gamme variétale complète avec 11 variétés (Cake Buzz, Cake Bella, etc.) de mi-juin à début septembre. « On plante depuis 5 ans, cette année on arrive sur le marché. »

Ondine avait remporté le Sival Innovation 2021.

Autre tendance forte en verger : la relance de la poire. « Pour sortir de la crise de la Sharka sur les pêchers, nous nous sommes lancés dans la poire il y a 8 ans. » Ille Roussillon annonce environ 1 000 t de poires d’automne (Harrow Sweet, Harrow Delicious, Elliot) pour cette année (récolte en septembre pour une mise en marché d’octobre à début février, avec une montée en puissance pour atteindre 2 500 t d’ici 2025. « Nous proposons une poire de qualité -des variétés aromatiques et sucrées à 17-18° Brix- qui est bien valorisée par la distribution (Grand Frais). L’affinage est assuré par la Compagnie des Fruits Mûrs. »

Des travaux en station

En station, la station de Thuir est entièrement dédiée au bio, sauf pour l’artichaut. « Mais c’est la dernière année qu’on y traite aussi l’artichaut conventionnel. » L’agrandissement de la station de Canelas (10 000 m2 + 6 000 m2 en construction cette année), va permettre cette séparation nette bio/conventionnel.

A Thuir, 3 000 m2, Ille Roussillon accueille aussi l’entreprise locale SiBio!, transformateur artisanal de fruits et légumes bio en jus afin de valoriser les écarts de tri bio.