Val de Loire
L’ultra frais comme stratégie
Avec cinq millions de tête de salades, l’entreprise basée à Sainte-Gemmes-sur-Loire coupe en matinée et livre en soirée les centrales régionales de la grande distribution et les grossistes.
Avec cinq millions de tête de salades, l’entreprise basée à Sainte-Gemmes-sur-Loire coupe en matinée et livre en soirée les centrales régionales de la grande distribution et les grossistes.

Le Gaec du Mélinais, dirigé par Pierre et Pascal Beaujean à Saintes-Gemmes-sur-Loire (49), est réputé dans les Pays de Loire pour ses salades 1ère gamme. Les deux frères en produisent cinq millions de têtes avec une gamme très large, de la laitue pommée à la batavia en passant par les feuilles de chêne verte ou rouge.
Offre et demande équilibrées
Contrairement à ses collègues de la région qui produisent de la mâche, la saison 2015-2016 ne s’est pas trop mal passée, selon les dires de Pierre Beaujean qui cèdera bientôt sa place à Thibaut Chesneau. « Notre offre s’étale de mars à octobre, précise-t-il. La saison s’arrête chez nous en raison d’un ensoleillement insuffisant pour produire un grammage standard. Nous n’avons donc pas été affectés par la surproduction et la baisse des prix en novembre dernier, à la suite des mauvaises conditions climatiques de l’automne ». Quant à cet hiver doux et ce printemps très pluvieux, les conditions d’implantation ont été elles aussi difficiles mais sans commune mesure avec ce que certains producteurs ont vécu avec les inondations en sud parisien. Résultat : les salades sous abri ont eu 15 jours d’avance en récolte. Celles qui avaient été plantées sous chenille ont été retardées par les fortes pluies printanières et les températures descendues en dessous de zéro degré certains jours de février-mars. « Avec ce temps chaotique, notre offre a donc subi quelques creux en mai-juin, regrette Pierre Beaujean. Et avec les chaleurs d’août, 36°C au thermomètre, nous avons dû être très à jour pour les coupes pour ne pas perdre de pieds. A ce moment-là, l’offre et la demande ont été équilibrées et les prix corrects », se satisfait le professionnel.
Un planning de plantation (les plants sont achetés aux pépiniéristes) est effectué selon divers modes de cultures (sous abri, chenille, plein champ) pour offrir un volume régulier aux clients tout au long de la saison. Le Gaec de Mélinais passe des contrats avec les centrales d’achat des GMS de l’ouest sur la saison, sur deux, voire trois ans. Le contrat garantit uniquement le volume. « En cas de surproduction, les centrales acceptent un surplus, affirme-t-il. Je livre aussi les grossistes, principalement ceux du MIN d’Angers (49) et les super et hypermarchés du secteur. Mais je travaille peu avec la RHD et je ne commerce plus avec Rungis malgré les sollicitations », explique Pierre Beaujean. En effet, durant trois ans environ, l’entreprise a livré le MIN parisien. Mais outre le coût du transport, elle était confrontée à la pleine période de production en Ile-de-France sans pouvoir être concurrentielle. L’exploitation essaye également de se diversifier. Elle a introduit dans son catalogue l’iceberg en frais et la laitue rouge. Mais ses clients sont frileux. Seulement 5 % de sa production iceberg aurait trouvé preneur en cette fin d’été.
Vers une section nationale salade ?
Pour rester compétitive, l’entreprise mise donc sur la commercialisation en local et la fraîcheur. « Le transport d’une salade d’Angers à Rungis revient à dix centimes par tête. La salade de Perpignan (66) qui arrive à Angers demande un coût logistique de 10 à 12 cts par tête. Ce qui représente jusqu’à 8 % du prix de la salade. Ce n’est donc pas négligeable. Dès nos premières récoltes, les grossistes préfèrent s’approvisionner chez nous pour des raisons de coût et de fraîcheur », mentionne le producteur angevin. Les salades sont vendues prix départ de l’exploitation, la plupart des centrales (Carrefour, Système U) assurant la logistique. Les camions viennent chercher les palettes tous les jours en fin de matinée ou début d’après-midi, la coupe étant réalisée très tôt le matin. L’entreprise profite du réseau mis en place par ces centrales pour le ramassage des légumes chez les autres producteurs de la région. La livraison s’effectue en soirée pour une mise en rayon prévue le lendemain matin. Malgré son plan stratégique, la vente locale de produits ultra frais, le maraîcher n’est pas à l’abri des aléas du marché. A Interfel, des groupes de travail se réunissent régulièrement et échangent pour être au plus près du marché et favoriser le dialogue au sein des filières. Pierre Beaujean espère que cette initiative relancera la section nationale afin d’avoir une approche plus pragmatique du marché.