Transformation
Les légumes en conserve et surgelés, grands gagnants de la crise, veulent capitaliser sur leur succès
L’Unilet, l’interprofession des légumes en conserve et surgelés, a fait part d’une forte hausse des ventes pendant le confinement. Une étude CSA confirme le plébiscite général des consommateurs pour ces produits pratiques et sains. La filière compte donc poursuivre ses efforts pour répondre aux attentes sociétales, communiquer pour plus de reconnaissance et appelle à une revalorisation des prix.
L’Unilet, l’interprofession des légumes en conserve et surgelés, a fait part d’une forte hausse des ventes pendant le confinement. Une étude CSA confirme le plébiscite général des consommateurs pour ces produits pratiques et sains. La filière compte donc poursuivre ses efforts pour répondre aux attentes sociétales, communiquer pour plus de reconnaissance et appelle à une revalorisation des prix.
Pour nombre d’entre nous, la crise a été révélatrice. Elle l’a été d’autant plus pour la filière des légumes en conserve et surgelés : prise de conscience de sa valeur, prise de conscience d’un manque de reconnaissance. « Nous avons pris conscience que nos produits sont reconnus par les Français et à l’export et que la crise les a (re)mis au goût du jour, souligne ainsi Olivier Morel, président de l’interprofession Unilet, en visioconférence de presse le 14 janvier. En manque de reconnaissance, notre filière va surfer sur cette vague et accompagner la révolution alimentaire, et prendre l’habitude de communiquer pour être plus présents sur la scène médiatique et embarquer les Pouvoirs Publics. »
Un plébiscite des Français pour les légumes en conserve et surgelés...
En effet, selon une étude consommateurs CSA*, « une première pour nous », 86 % des Français consomment des légumes surgelés et en conserve. Ils sont plébiscités pour leur facilité de conservation, leur facilité d’usage et de gain de temps, et leur facilité de stockage, trois atouts qui ont d’autant plus joué pendant les confinements. Leur rapport qualité-prix est aussi souligné. Autre point de satisfaction, « dont nous n’avions pas conscience » : un indice de confiance très élevé (85 % pour les conserves et 93 % pour les surgelés), « des niveaux supérieurs à d’autres secteurs alimentaires ».
… accentué par la crise Covid
2020 et la crise sanitaire ont accentué ce plébiscite des consommateurs, avec des volumes vendus en forte hausse : +8,5 % pour les surgelés et +7,7 % pour les conserves sur les neuf premiers mois 2020 par rapport à la même période en 2019, selon les chiffres Kantar World Panel pour Unilet, avec de fortes disparités et des pics, notamment à +30 % pendant les confinements. Le taux de pénétration a progressé, de 0,2 point pour les conserves (à 97,2 %) et de 0,7 points pour les surgelés (à 82,3 %) ainsi que la fréquence d’achat (+3 % et + 7 % sur un an respectivement), selon les chiffres à fin septembre.
Cyrielle Auguste, vice-président pour la Fiac (collège transformation), résume : « Oui, il y a eu plus d’acheteurs, mais ces acheteurs ont aussi acheté davantage et plus souvent. Au-delà d’un simple achat de précaution, il y a eu réachat et re-consommation. »
Une tendance qui se maintient dans le temps
Un effet de rémanence donc, même après le premier confinement. Si la hausse en volume a été de +31 % pour les surgelés et +28 % pour les conserves pendant le premier confinement, la dynamique des achats s’est maintenue, plus calmement, en post-confinement (+8 % surgelés et +3 % pour les conserves), selon Kantar... Avant de repartir de plus belle pour le deuxième confinement (+50 % pour les légumes cuisinés surgelés et +50 % pour les légumes en conserve, en valeur, sur la deuxième semaine d’octobre, selon Nielsen ScanTrack). « Il faut néanmoins nuancer : une partie de cette hausse est liée au transfert de la prise de repas vers le domicile, en raison du télétravail, de la fermeture de la RHD… », avertit Cyrielle Auguste.
Olivier Morel estime : « Selon les premiers retours d’études, sur tous les produits alimentaires, la catégorie “surgelés salés” a été la grande gagnante de la crise Covid. A noter que les consommateurs ont plébiscité les produits Santé, donc les légumes, même s’ils ont pu être moins regardant à certains moments. Et pour moi, cette tendance santé va perdurer, avec celle des clean-labels. »
Changement climatique : des tensions sur les volumes disponibles
En parallèle, la filière doit aussi faire face en production à l’impact des aléas météorologiques, de plus en plus intenses avec le changement climatique. La météo 2020 a été particulièrement capricieuses et les récoltes ont été en-deçà des prévisions (-14% pour le pois, -12% pour le flageolet, -11% pour le haricot), mettant certaines chaînes d’approvisionnement sous tension.
Jean-Claude Orhan, vice-président pour le Cénaldi (collège production), souligne : « Notre filière est agile, nous nous sommes mobilisés et nous avons pu doubler nos approvisionnements vers les magasins en un temps très court au printemps, malgré les aléas climatiques sur certains légumes. Malheureusement, les surcoûts engendrés n’ont pas été répercutés sur le prix de vente. »
Des challenges très forts…
Tension sur l'approvisionnement de certains légumes, incertitude sur l’avenir de la restauration [la RHD représente la moitié des débouchés pour les surgelés], renouvellement difficile des générations dans les exploitations, attentes sociétales, de santé, de sécurité très fortes… Les problématiques sont nombreuses. Le secteur appelle à une « nécessaire revalorisation des prix pour pérenniser la filière ».
Car « malgré une union sacrée au début de la crise, force est de constater, actuellement en pleines négociations, que les vieux réflexes reviennent, regrette Olivier Morel. Nous sommes sur des marchés ouverts, avec une grande distribution qui anticipe une forte baisse du pouvoir d’achat. Producteurs et industriels ne peuvent pas être la variable d’ajustement, surtout dans un contexte de changement climatique. Et il faut que le consommateur réalise que l’agroécologie a un prix. Nos produits sont faiblement valorisés et ce n’est pas eux qui vont mettre en péril l’équilibre économique des ménages. »
…et des défis déjà en partie relevés
Néanmoins, un bout de chemin a déjà été parcouru. Le bio, la partie émergée de l’agroécologie, représente déjà 5 % du marché et les surfaces cultivées en bio ont doublé en trois ans au lieu de cinq. 40 % des exploitations ont la certification environnementale de niveau 2. Et à fin 2020, plus de 900 références de notre filière étaient porteuses du logo Fruits & Légumes de France contre 217 en 2017…
* enquête menée pour Unilet par CSA du 27 novembre au 4 décembre 2020 auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgées de 18 ans et plus : 1006 interviews.