Herbes aromatiques : Les Crudettes mise sur l’aéroponie mobile

En parallèle d’un premier équipement expérimental de 3 000 m² à Châteauneuf-sur-Loire (Loiret), le groupe LSDH qui produit sous la marque Les Crudettes s’est doté en 2022 d’une deuxième serre de 8 000 m² sur le même site, où sont déjà cultivées cinq herbes aromatiques (basilic, coriandre, ciboulette, estragon, aneth) sans aucun produit phytosanitaire du 1^er janvier au 31 décembre. Cette serre est le résultat de dix ans de recherche avec CleanGreens pour valoriser un processus basé sur la technique d’aéroponie mobile. « Nous sommes sur un véritable projet de transition agricole et environnemental », affirme Emmanuel Vasseneix, président de LSDH.

Le groupe agroalimentaire de Saint-Denis-de-l’Hôtel s’est appuyé sur l’expertise de la start-up suisse, dont il est actionnaire à hauteur de 30 %, pour développer le concept (voir encadré). « C’est aussi un projet social et sociétal », précise le chef d’entreprise visionnaire, conscient des difficultés que connaît le monde agricole, très largement, et les contraintes d’approvisionnement. « Nous pouvons désormais envisager de produire nous-même, sans dépendre des importations ou de la disponibilité en main-d’œuvre ». Si le métier d’agriculteur ne fait plus rêver, les serres du futur à proximité des centres de consommation ont leur place et peuvent attirer de nouveaux talents, prédit le chef d’entreprise. « Les agriculteurs ont besoin de vivre de leur métier, d’une belle visibilité et d’une reconnaissance […]. Le projet est de travailler dans le concret et en partenariat justement avec l’ensemble des acteurs du terrain. »

Démontrer la pertinence de l’outil

Les perspectives du projet Cap vert sont de tirer déjà tous les enseignements des recherches et de développer le modèle à plus large échelle. Il s’agit de cultiver sans pesticides avec une moindre consommation énergétique, et de déployer la technique dans d’autres domaines comme les plantes pour la cosmétique ou la pharmacie, qui sont demandeuses de grande qualité. « Notre objectif est de produire sur quatre hectares de serres de salades pour démontrer la pertinence de l’outil ». L’équipement de base se présente sous la forme d’un support mobile qui porte les modules de culture. L’innovation technologique s’appuie sur un robot qui pulvérise les racines avec de l’eau enrichie en nutriments ; les gouttes d’eau en excès sont collectées et renvoyées dans une petite station d’épuration, ce qui minimise le risque de contamination microbiologique.

« Les cultures entrent dans le circuit sous forme de semis placés sur des plaques, qui se déplacent au fur et à mesure que les plantes poussent. Grâce à des alertes et des enregistrements en temps réel, l’application aide dans les tâches clés comme le semis, la récolte et la maintenance préventive », détaille Vincent Lugien, responsable du projet Cap Vert. « Elle permet aussi la traçabilité des activités et génère des rapports permettant d’analyser les performances ». Les feuilles ne reçoivent aucun produit de traitement et en fin de cycle, les salades sont prêtes à être cueillies à hauteur humaine. Les plaques mobiles de salades sont constamment réapprovisionnées : dès qu’elles sont cueillies, elles sont replantées et ceci tout au long de l’année.

Une recherche d’amélioration constante

Dans sa serre expérimentale, la société effectue en permanence des essais pour identifier les espèces et variétés les mieux adaptées, comme les conditions de cultures ou l’équilibre des éléments nutritifs le plus performant. L’objectif est de créer des solutions sur mesure pour répondre aux exigences des industries alimentaires, médicinales ou de la parfumerie. Il s’agit aussi d’arriver à contourner certaines problématiques comme la pénurie d’eau potable, la pollution des sols ou des conditions climatiques difficiles. « Pour réduire les déchets, nous testons un substrat polymère qui se désintègre au fur et à mesure que la graine germe et pousse jusqu’à l’état de semis », explique Simon Dauffouis, responsable de la serre R & D qui emploie sept salariés.

L’objectif est soit de vendre la technique à des producteurs partenaires qui deviendraient fournisseurs de Crudettes - l’usine de 4^e gamme - soit de développer le système pour produire en propre. En installant des serres à proximité des plateformes logistiques des distributeurs ou en investissant des friches industrielles de collectivités locales, LSDH pourrait proposer une production saine et de qualité au plus près des centres de consommation et limitant ainsi drastiquement l’emprunte carbone de son activité, tout au long de l’année. Sacré enjeu !