QUESTIONS À
Le Brexit casse la dynamique de réseau
JACQUES DUBOIS, directeur adjoint du Sileban
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Le Sileban a développé des programmes d’expérimentation transfrontaliers, avec quels intérêts et résultats ?
Pour relever le défi de développer des systèmes de production à la fois compétitifs, sains et durables, le Sileban s’est engagé en 2009 dans des collaborations transfrontalières. Différents travaux de recherche ont été menés sur des bio-agresseurs de légumes de plein champ. Des études franco-anglaises ont évalué, référencé les leviers alternatifs aux pesticides. Sur certains sujets, nos partenaires anglais ont un peu d’avance ou une vision différente. C’est intéressant pour alimenter la conception de nouveaux systèmes dans un contexte mondialisé, et identifier des techniques prometteuses (biocontrôle, modélisation…). Pour le projet Vegedurable, l’expertise scientifique confirmée de notre partenaire anglais a complété les compétences techniques appliquées du Sileban. Celui-ci a apporté ses compétences en matière d’expérimentation et ses connaissances de la filière légumière. Les Anglais possèdent une connaissance thématique enrichie de la veille anglo-saxone (Australie, Canada, etc.). Ils ont pu diversifier leurs travaux de recherche par des activités de benchmarking en partenariat avec le Sileban. La complémentarité a donc constitué le coeur du projet, dont l’objectif commun était de construire des techniques pour un mode de production convergent, reconnu par le consommateur européen sur un territoire aux conditions climatiques proches.
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Quel est le devenir de ces projets dans la perspectives du Brexit ?
Ce projet devait être capitalisé, amplifié en termes de partenariats, de régions transfrontalières associées, au travers d’un nouveau projet innovant privilégiant la recherche ascendante (producteurs, centres techniques, laboratoires, universités…) sur l’élaboration des systèmes légumiers. De nombreux acteurs étaient partants pour unir leurs efforts sur un large territoire — Normandie, Bretagne, Kent, Devon, Cornouailles — qui représente des pourcentages significatifs pour certaines productions légumières européennes telles que les choux-fleurs. Avec la perspective du Brexit, toute la démarche a été mise à mal. Malgré un fort soutien national, les blocages systématiques anglais ont eu raison de notre ambition. Mais nous ne sommes pas les seuls dans ce cas : un à cinq dossiers ont été acceptés et pas financés. En comparaison, 74 projets sont en cours sur l’Interreg SA entre la France et la Belgique.
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Quel en est l’impact sur les programmes et les financements du Sileban ?
L’impact premier a été financier. Pour notre part, il fallait se repositionner rapidement dans un contexte de fusion des deux Normandies. Il a cassé aussi la dynamique de réseau, d’échanges mise en place entre les partenaires franco-anglais. Cela se ressent aussi sur son niveau d’anglais !
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