Cerise
La cerise change de conduite
L’augmentation de la rentabilité des vergers de cerisiers passe par un changement de conduite. Sept formes sont en expérimentation. Elles devraient permettre une mise à fruit plus précoce et, pour certaines, une plus grande facilité de récolte.
L’augmentation de la rentabilité des vergers de cerisiers passe par un changement de conduite. Sept formes sont en expérimentation. Elles devraient permettre une mise à fruit plus précoce et, pour certaines, une plus grande facilité de récolte.
*Variable selon porte-greffe et variétés
**Données issues de l’expérimentation mise en place à la Tapy sur la variété Régina sur Gisela 6 implantée à 1,5m sur le rang. Attention, ces données ont été établies dans le cadre d’un essai et à l’échelle d’un unique rang, puis extrapolées à l’hectare. Elles peuvent êtres utilisées à titre comparatif entre les différents modes de conduite, mais ne peuvent pas servir de référence.
***Référence en cerisier uniquement issue de l’essai de La Tapy planté en 2012 à une densité de 1,5 x 5,5 m
Printemps pluvieux provoquant coulure et fruits abîmés. Fortes attaques de mouches. Les producteurs de cerises n’ont pas été épargnés cette année. Faire face à ce type d’aléas est donc leur prochain challenge sur de nouvelles plantations. Or de nouveaux modes de conduite permettent de diminuer les coûts de récolte et de la sécuriser. Le Ctifl de Balandran (30) et la station expérimentale la Tapy (84) les testent depuis plusieurs années. « Notre objectif est de trouver des systèmes de conduite qui limitent le développement des arbres afin d’augmenter l’efficience de la main-d’oeuvre », souligne Gérard Charlot, du Ctifl de Balandran. La densification des plantations permet d’obtenir des arbres moins hauts et moins larges. « Pour augmenter la rentabilité des vergers, nous cherchons à réduire la période improductive, continue t-il. Et la fiabilisation de la production passe par des systèmes de conduite compatibles avec les protections pluie et insecte ».
Des formes plates pour couvrir les vergers
Parmi les sept conduites testées, toutes sont théoriquement plus faciles à récolter et ont une mise à fruit plus rapide que le gobelet (cf. tableau). Cette conduite traditionnelle est encore majoritaire dans le verger français. Leurs différences résident dans l’investissement à la plantation, les temps de taille et d’attachage ainsi que la possibilité d’installer des protections antipluie et anti-insecte. L’axe plat, le biaxe, le triaxe, la palmette, le mur fruitier et l’UFO (Upright Fruiting Offshot) sont six formes plates. La pleine production est obtenue entre la quatrième et la sixième année. « Le choix entre ces formes dépend de la vigueur attendue de la combinaison sol/ variétés/porte-greffe (cf. encadré), continue l’expérimentateur. Plus la vigueur est forte, plus il est conseillé de démultiplier les axes ». La mise en place d’un palissage a l’avantage de faciliter l’installation de bâches antipluie et de permettre la protection monorang vis-à-vis des insectes sur le verger. « Pour l’installation d’une protection contre la pluie, les distances de plantation idéales entre rang sont de 3,5 m à 4,5 m avec une hauteur des arbres maintenue à 3,5 m », note Gérard Charlot. Le premier inconvénient des formes plates est le coût d’investissement conséquent à l’implantation du verger. Investissement qui augmente avec la densité de plantation. Les temps de travaux d’attachage et de taille représentent le second inconvénient. Ils sont plus importants qu’en gobelet pendant la phase juvénile (cf. tableau). Une conduite en mur fruitier avec rognage de la végétation à 40 cm du tronc est envisageable pour limiter les temps de taille dès la quatrième année. « La taille mécanique nécessite 4 à 10 h/ha. Elle ne supprime pas totalement la taille manuelle que nous avons évaluée à 40 h/ ha/an », souligne le spécialiste.
Le KGB pour une récolte au sol
Parmi les nouvelles formes en volume, le drilling a pour avantage un contrôle plus aisé de la vigueur qu’une forme plate par la multiplication des axes et l’inclinaison des charpentières, ajustable chaque année. « Ceci dit, bien qu’il s’agisse d’une conduite palissée, le palissage en V et sa forme en volume rendent plus difficiles qu’en forme plate la mise en place d’une couverture antipluie », explique Sara Pinczon du Sel, du domaine de la Tapy. Qui dit palissage, dit investissement et temps d’attachage. « L’essai conduit à La Tapy montre bien la complexité de cette méthode qui réside dans sa mise en place, plus onéreuse et plus coûteuse en temps qu’un triaxe palissé », insiste Gérard Charlot. Cette forme ne peut pas être récoltée uniquement au sol et le passage de plate-forme est plus complexe vu l’inclinaison des rangs. Une récolte au sol, c’est l’objectif de la conduite en KGB (Kim Green Bush). Cette forme allie des coûts d’implantation et des temps de taille équivalents au gobelet avec une mise à fruit rapide. La récolte se fait sur des verticales assez grosses pour ne pas plier sous le poids des fruits mais assez souples pour être pliées par les récolteurs du sol. Mais malgré un renouvellement progressif des verticales, il n’est pas toujours possible de ne récolter que sur des verticales qui s’arquent, fait remarquer l’expérimentateur. Pour augmenter la rentabilité des vergers de cerisiers français, chaque producteur devra choisir la conduite qui convient à sa capacité d’investissement et à ses variétés. Car toutes les conduites ne sont pas adaptées à chaque variété.
Attention
La disponibilité de plants en pépinières est faible. Le choix des couples PG-variété est à faire trois ans avant la date de plantation.
Gérer la vigueur
« Les nouveaux modes de conduite nécessitent une très bonne gestion de la vigueur. Ils peuvent s’avérer difficile à gérer si elle n’est pas maîtrisée », avertit Sara Pinczon du Sel, du domaine de la Tapy. La vigueur des arbres dépend de la fertilité du sol, de la vigueur de la variété, du porte-greffe et du nombre d’axes sur les arbres. La gestion dépend donc d’une connaissance précise de la première donnée et d’un choix judicieux à la plantation afin de trouver le bon équilibre.
Des nouvelles formes en expérimentation
FORMES PLATES
Axe plat : Un seul axe avec des latérales dans le sens du rang. Le tout est palissé.
Biaxe : Scion rabattu au-dessus de deux yeux opposés placés sur le rang. Choix de deux axes palissés inclinés sur le rang pour réduire la vigueur.
Triaxe : Après rabattage, trois axes sont inclinés et palissés.
Palmette : Idem biaxe. Choix de plus de trois axes inclinés et palissés.
Mur fruitier : Arbres formés en axe, biaxe, triaxe ou palmette avec taille mécanique pour former une haie limitée en volume.
UFO : Plantation des scions entre 30° et 45° par rapport au sol. Production sur des verticales renouvelées régulièrement en commençant par les plus vigoureuses.
FORMES EN VOLUMES
Drilling : Triaxe palissé sur deux plans fruitiers inclinés en V. Deux charpentières sur un plan et une sur l’autre, alternativement sur chaque arbre du rang.
KGB : Les deux premières années, rabattages successifs des pousses afin d’obtenir 18 à 25 verticales dont les plus vigoureuses seront supprimées chaque année après 2 à 3 années de production.