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« Il faut restaurer les cycles de l’eau »

Samuel Bonvoisin, consultant et formateur en hydrologie régénérative, préconise la restauration des cycles de l'eau par l'aménagement des territoires.

Samuel Bonvoisin, consultant et formateur en hydrologie régénérative.
Samuel Bonvoisin, consultant et formateur en hydrologie régénérative.
© V. Bargain

Pourquoi faut-il restaurer les cycles de l’eau ?

Samuel Bonvoisin : « 55 % des précipitations, l’eau verte, vient de l’évaporation des sols et de la végétation. Quand le cycle de l’eau verte fonctionne, une molécule d’eau peut être renvoyée cinq à six fois dans l’atmosphère avant de retourner à l’océan. Or ce cycle, qui garantit une bonne répartition des pluies dans le temps et l’espace, a été cassé. Par la destruction des haies, mares et zones humides, le remembrement a diminué la capacité des paysages à infiltrer, stocker et évapotranspirer l’eau. Les pratiques agricoles ont réduit l’épaisseur du sol et son taux de matière organique, qui stocke beaucoup d’eau. Et la politique du « tout tuyau », le drainage et le recalibrage et la rectification des cours d’eau ont raccourci le cycle de l’eau en diminuant le temps de retour à l’océan. »

Qu’est-ce que l’hydrologie régénérative ?

S. B. : « C’est la science de la régénération des cycles de l’eau douce par l’aménagement du territoire. Elle repose sur quatre principes : ralentir, infiltrer, stocker dans le paysage et évapotranspirer. Dans cette approche, l’eau est stockée dans le paysage au sens large, dans le sol, le sous-sol, la végétation et les cycles atmosphériques de l’eau. La gestion horizontale consiste à prioriser les aménagements qui ralentissent les chemins de l’eau. La gestion verticale vise à réduire le ruissellement, stocker l’eau dans les éléments biologiques et favoriser l’infiltration. »

En pratique, que peut-on faire ?

S. B. : « L’agriculture de conservation, l’agroforesterie, l’enherbement, les couverts végétaux sont à encourager. Un sol vivant, couvert en permanence, riche en matière organique, est la clé à court terme. Les arbres sont la clé sur le long terme, en infiltrant l’eau, la remontant en surface, favorisant l’évaporation et la condensation, hébergeant des composants glaçogènes pouvant créer des nuages et des pluies. Des aménagements peuvent ralentir l’eau, comme des sillons de culture qui suivent les courbes de niveaux, des fossés d’infiltration, des fascines, terrasses, empierrements, bassins d’infiltration. Il faudrait aussi « débuser » les parcelles drainées, recréer des méandres sur les cours d’eau. Et il faudrait favoriser les paysages multi-étagés, où cohabitent des zones chaudes et froides pouvant créer des courants ascendants qui renvoient l’humidité vers l’atmosphère et favorisent la condensation. Il faudrait aussi favoriser les mycorhizes, protéger le castor… »

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