Fraise : comment l'enherbement des serres permet de lutter contre l’oïdium
Des essais à Rougeline montrent l’intérêt d’enherber les serres pour lutter contre l’oïdium en été. Un bâchage du gazon en début de culture s’avère toutefois nécessaire pour limiter l’hygrométrie sur les créneaux précoces.
Des essais à Rougeline montrent l’intérêt d’enherber les serres pour lutter contre l’oïdium en été. Un bâchage du gazon en début de culture s’avère toutefois nécessaire pour limiter l’hygrométrie sur les créneaux précoces.
De 2020 à 2023, des essais d’enherbement des serres ont été menés sur un site pilote Rougeline, en Gariguette, sur un créneau précoce, en multichapelle double paroi gonflable. « L’idée avec l’enherbement des serres est de favoriser une hygrométrie plus stable et notamment d’éviter d’avoir une hygrométrie trop basse, favorable au développement de l’oïdium », explique Charlotte Naulleau, pilote d’expérimentation à Rougeline. Un mélange ray-grass-fétuque a été semé entre les rangs le 15 août 2020. Les fraisiers ont été plantés début décembre, pour une entrée en production semaine 7 à semaine 9. Le gazon était tondu par des robots et arrosé par aspersion.
Couverture temporaire possible
L’objectif de ne pas avoir d’oïdium sur les fruits a été atteint en 2021 et 2023, pas en 2022 du fait d’une contamination des plants avant plantation. « L’enherbement des serres évite les chutes brutales d’hygrométrie en été, constate Charlotte Naulleau. Dans nos essais, l’hygrométrie n’est jamais descendue en dessous de 65 %, ce qui limite le risque oïdium. L’enherbement est donc intéressant pour l’été, pour le second jet des créneaux précoces et les variétés remontantes. » L’enherbement, en rafraîchissant l’air en été, améliore aussi les conditions de travail. « Le retour des salariés est très bon. » Et une meilleure hygrométrie est plus favorable à l’application de certains biocontrôles et au développement des auxiliaires.
Une humidité plus élevée peut en revanche s’avérer pénalisante en début de culture sur les créneaux précoces. « La transpiration du gazon entraîne alors une humidité importante qui impacte l’activité des plantes et augmente le risque de botrytis, souligne Charlotte Naulleau. La serre enherbée est difficile à déshumidifier. » En 2023, une couverture temporaire du gazon a donc été réalisée pour limiter l’hygrométrie en début de culture. Une bâche plastique a été posée sur le gazon début novembre, avant l’arrivée des fraisiers, jusqu’à début avril.
Couvrir le gazon en début de culture
La bâche a eu un effet positif sur l’activité des plantes et réduit la pression botrytis. « L’enherbement des serres permet de réduire le risque d’oïdium sur le second jet et les variétés remontantes, avec un intérêt aussi pour le personnel et l’image des productions hors-sol, résume Charlotte Naulleau. Il est en revanche important de couvrir le gazon en début de culture sur les créneaux précoces pour favoriser le développement des plants et limiter le risque botrytis. La technique commence à se répandre, avec bâchage pour les créneaux semi-précoces ou sans bâchage pour les créneaux plus tardifs. »
En pratique
Le gazon est semé à la main au printemps, à la volée. Il est arrosé selon les besoins en hygrométrie de la fraise pendant la culture et quand il commence à jaunir en été. La principale contrainte est la tonte, qui peut se faire à la tondeuse, avec alors du temps de main-d’œuvre, ou au robot, avec un investissement de 3 000 à 3 500 euros pour un robot pouvant tondre 2 500 m2, amorti sur cinq ans, soit un coût de 10 à 12 euros le mètre carré. L’objectif de la tonte est d’éviter l’épiaison et de permettre le passage des chariots de récolte. Le gazon peut avoir des problèmes de rouille et de redémarrage après le bâchage. Il est conseillé de le resemer tous les trois ans.