Fraise : l'auxiliaire Orius sucite de nouveau l'intérêt des producteurs
L’apport d’un complément nutritionnel ou la présence d’une plante de service, l’achillée millefeuille, peuvent faciliter l’installation d’Orius, prédateurs du thrips. Une piste testée par Savéol.
L’apport d’un complément nutritionnel ou la présence d’une plante de service, l’achillée millefeuille, peuvent faciliter l’installation d’Orius, prédateurs du thrips. Une piste testée par Savéol.
« La protection contre le thrips en fraisier se fait prioritairement, en action de fond, par l’apport d’acariens prédateurs phytoséiides, explique Roselyne Souriau, responsable de l’élevage d’insectes utiles Savéol Nature. Mais un complément d’action est possible avec une espèce de punaise généraliste, Orius laevigatus, qui présente par ailleurs l’intérêt de consommer le deuxième stade larvaire du thrips, ce que ne font pas les phytoséiides. » Utilisé il y a quelques années, l’Orius a été peu à peu abandonné, sa cinétique de développement dans les conditions bretonnes étant jugée trop lente.
« Mais, avec la réduction des molécules chimiques disponibles, une installation parfois irrégulière des phytoséiides et la baisse notable du prix des Orius commerciaux ces dernières années, l’Orius suscite à nouveau l’intérêt des producteurs, indique Roselyne Souriau. Un axe est donc de chercher comment accélérer son développement. » Deux pistes ont été testées en serre verre chauffée, avec plantation en décembre pour une récolte de mars à juillet. Une piste, étudiée en 2022, a été l’apport, en complément du pollen des fraisiers, d’un supplément alimentaire, Powerfood plus (Agrobio), riche en protéines et facile à saupoudrer sur les cultures.
Des nourrissages au moment des apports
Un nourrissage a été réalisé à chacun des trois apports d’Orius, à quinze jours d’intervalle. « L’effet a été limité sur la première génération d’Orius, rapporte Roselyne Souriau. Mais il y a eu un développement accéléré à partir de la deuxième génération, qui n’était pas observé les années précédentes, peut-être parce que les larves, qui apparaissent au bout de quatre semaines, ont profité des restes de nourriture sur les plantes. Il y a eu peu de thrips. Comme il n’y avait pas de témoin, il est toutefois difficile de conclure sur l’effet réel sur la population de thrips. » Les essais devraient se poursuivre avec différents aliments et avec un témoin.
Une autre piste a été l’installation de plantes de services (céréales, plantes à fleur) pouvant offrir du pollen, du nectar ou des proies alternatives (pucerons…), favorisant ainsi l’installation précoce d’auxiliaires dans la serre. « Le suivi des populations d’auxiliaires a montré que l’achillée millefeuille, avec à la base un rôle de plante réservoir de pucerons et donc attractive pour les auxiliaires de type chrysopes ou syrphes, était surtout très riche en Orius, indique Roselyne Souriau. L’essai n’a pas permis de savoir si c’est le pollen de l’achillée ou les pucerons qui ont attiré les Orius. Mais, des sept espèces testées, l’achillée est celle qui a permis le plus fort développement d’Orius. » Les essais se poursuivent en 2024 avec plusieurs plantes de service, dont l’achillée millefeuille, et un témoin sans achillée. « L’Orius présente réellement un intérêt contre le thrips, avec un large spectre alimentaire, conclut Roselyne Souriau. La méthodologie concernant des apports d’Orius reste toutefois à affiner. »