Dossier Diversification : Frédéric Bey fait le pari des agrumes
Ils sont très peu à s’être lancés dans la culture des agrumes dans une région où le climat est peu propice à leur développement. Dans le cadre de la diversification de son exploitation conduite en agriculture biologique, Frédéric Bey a pris ce risque.
Ils sont très peu à s’être lancés dans la culture des agrumes dans une région où le climat est peu propice à leur développement. Dans le cadre de la diversification de son exploitation conduite en agriculture biologique, Frédéric Bey a pris ce risque.
Malgré des études dans une école de comédie à Paris, Frédéric Bey fait le choix en 2012 de revenir à Argelès dans les Pyrénées-Orientales, lieu de prédilection de ses jeunes années. A cette même date, ses parents achètent le domaine de la Mer Blanche à Argelès qui possède une habitation et 6,50 ha de terres dont 3,50 ha d’oliviers conduits en bio et 3 ha de prairies. Désireux de renouer avec une vie proche de la nature, Frédéric se projette dans une activité agricole. Après avoir obtenu son BPREA, il s’installe le 1er janvier 2014 sur le domaine. Immédiatement, il engage une conversion en agriculture biologique de la totalité des superficies. Son objectif, installer une gamme de cultures biologiques complémentaires en vue de développer la vente directe. « Grâce aux différents stages que j’ai réalisés au cours de ma formation, j’ai très vite compris que dans le cadre d’une agriculture écologique, il fallait diversifier les cultures. Cela favorise la biodiversité tout en limitant les risques liés aux aléas climatiques ou économiques », explique-t-il.
Des agrumes pour se différencier
Bien que son choix se porte sur des espèces méditerranéennes adaptées à un climat sec, Frédéric Bey fait aussi un pari plus risqué, celui des agrumes. A côté des oliviers, figuiers, grenadiers et figuiers de barbarie, il plante 0,75 ha d’agrumes dont 50 % d’orangers, clémentiniers, mandariniers et citronniers et l’autre moitié d’espèces plus rares, le citrus junos ou yuzu et le citrus eremorange. Malgré un climat peu propice à la culture des agrumes notamment à cause du vent, le jeune arboriculteur assume son choix. « C’est par la production de produits de niche que je peux me démarquer. Les agrumes s’inscrivent dans cette stratégie de différenciation », poursuit-il.
Adapter ses pratiques culturales
En vue de limiter les risques climatiques, il implante la parcelle d’agrumes à l’abri, et tout particulièrement de la tramontane qui peut faire d’importants dégâts en hiver. Le froid de cet hiver 2017-2018 a montré les limites de cette zone de culture sans toutefois créer des dommages irréversibles. « Certaines espèces comme les citrus junos et eremorange ont mieux résisté au froid. La diversité des espèces d’agrumes participe aussi à limiter les risques », constate-t-il. D’un point de vue cultural, Frédéric Bey met en œuvre des pratiques visant à améliorer la fertilité des sols. Un semis d’engrais vert composé de seigle et de vesce réalisé sur l’inter-rang est broyé au printemps puis enfoui dans le sol en vue de créer un apport matière organique et d’azote. Un apport de mulch BRF sur le rang participe à maîtriser le développement des adventices sur le rang tout en maintenant une bonne humidité du sol. Une pratique pourtant insuffisante pour les agrumes au sein de son exploitation conduite en sec. « Les besoins en eau des agrumes m’ont conduit à installer une irrigation localisée avec de la micro-aspersion en vue de réaliser des apports en période estivale », précise Frédéric Bey. Conscient de l’apprentissage qu’il lui reste à faire pour une meilleure connaissance de ces différentes cultures, le jeune arboriculteur assume son choix. D’autant qu’il s’inscrit dans une stratégie de commercialisation en circuits courts en parfaite adéquation avec sa vision d’une agriculture écologique et éthique.
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