Dossier Diversification : des baies difficiles à cultiver et à valoriser
Dans le Beaujolais, Nathalie Matray s’est lancée dans la production de petits fruits rares. Précurseur dans ce domaine de culture en France, elle fait face à de nombreuses difficultés.
Dans le Beaujolais, Nathalie Matray s’est lancée dans la production de petits fruits rares. Précurseur dans ce domaine de culture en France, elle fait face à de nombreuses difficultés.
En 2003, Nathalie Matray a acheté une maison avec 1,6 ha de vignes. La culture de la vigne ne la passionnant pas, elle s’est intéressée aux cultures de niche. Sur son terrain en coteaux, elle a donc planté 1 500 pieds de goji, 250 pieds d’argousiers, un arbuste épineux aux baies oranges, 250 pieds de myrtilles et une dizaine de pieds d’aronia, des baies noires originaires d’Amérique du Nord. La productrice cultive également des bouleaux pour leur sève et des figuiers.
Un rendement décevant
Après des années sans récolter aucun fruit, à cause de la sécheresse et de la grêle, elle a obtenu sa première récolte en 2015. Dans son projet, elle s’est basée sur l’exemple chinois, où les baies de goji donnent des rendements de 2 kg secs par arbuste. Dans son verger, elle obtient seulement 200 à 300 grammes de baies fraîches par pied, soit 40 à 60 g secs, le poids est divisé par cinq au séchage. Les rendements des autres cultures sont encore plus anecdotiques, à cause des oiseaux, des aléas climatiques ou d’un développement lent (aronia).
Des baies conduites en agriculture biologique
Concernant les conditions pédoclimatiques, les gojis aiment un sol calcaire, tandis que les myrtilles se plaisent sur des terrains acides et demandent beaucoup d’eau. En revanche, la moindre pluie peut faire tomber les fruits. Les autres cultures n’ont pas d’exigences particulières. Un paillage textile est apposé sous les arbustes sur un mètre et renouvelé tous les quatre ans. L’inter-rang est broyé. Les plants sont palissés pour éviter que les branches ne tombent dans l’inter-rang et ne soient abîmées par le gyrobroyeur. Une taille d’hiver rabat les arbustes à 50 cm du sol. Un amendement de chaux et des engrais bio fertilisent les plantations. « Pour lutter contre les maladies telles que l’oïdium, j’applique un traitement à base de soufre ou de bicarbonate de potassium puisque le verger est en agriculture biologique », ajoute Nathalie Matray.
Une vente sur les marchés
Les baies de goji sont récoltées de septembre à octobre. La fructification est échelonnée, ce qui permet à la productrice de les ramasser toute seule à la main. Elles sont ensuite séchées dans une étuve ventilée à 35°C pendant 48 heures, puis conditionnées sous sachets et vendues à 100 euros le kg. Les myrtilles se récoltent en juillet et les argouses à l’automne. Pour cueillir les fruits du très piquant argousier, il faut couper les branches et les congeler pour faire tomber les fruits. Les baies sont ensuite pressées en jus qui sera transformé en gelée. Le jus d’argouses ne se consomme pas pur car il est très acide. Les myrtilles, les figues et l’aronia sont destinées à faire des confitures. Quant à la sève de bouleau, elle est récoltée de fin février à début mars et vendue en bag in box de cinq litres. Elle se conserve au maximum 15 jours au réfrigérateur. La commercialisation se fait par du bouche-à-oreille et sur les marchés. « Les magasins bio ne semblent pas intéressés par ces produits locaux, témoigne Nathalie Matray, ils préfèrent se fournir à l’autre bout du monde avec des produits moins chers. »
Manon Laurens
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