Fruits à noyau : comment lutter contre les dégâts de cicadelles
Sur fruits à noyau, les dégâts de cicadelles vertes peuvent avoir un impact négatif notable, principalement sur pêcher mais aussi sur cerisier. Des produits de biocontrôle et barrières physiques ont été évalués au CTIFL et à SudExpé.
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Les cicadelles vertes sont des ravageurs secondaires en vergers mais elles peuvent causer des dégâts importants aux arbres fruitiers par leurs piqûres d’alimentation qui entraînent des enroulements, flétrissements, ou décolorations des feuilles. Ces ravageurs sont notamment une problématique d’actualité sur pêcher. Les dégâts peuvent aller jusqu’à des chutes de feuilles et des ralentissements de croissance. Les cicadelles passent l’hiver au stade adulte sur des plantes à feuilles persistantes. Trois à quatre générations peuvent avoir lieu dans l’année.
Une efficacité notable sur la réduction des cicadelles
Lors des rencontres phytosanitaires fruits, des essais du CTIFL et de SudExpé relatifs aux cicadelles ont été présentés par Nicolas Formez, ingénieur CTIFL. En 2023 et 2024, plusieurs stratégies de biocontrôle ont été testées contre les cicadelles sur une parcelle de nectarines Western Red. En 2023, les produits Baikal (argile) et Neemazal ont montré une efficacité notable au CTIFL sur la réduction des cicadelles et des dégâts foliaires. « Cet essai a été très intéressant car, il nous a montré que l’ensemble des produits testés permettait une baisse des dégâts par rapport au témoin non traité, sur lequel le taux de dégâts était presque de 80 % », souligne Nicolas Formez.
En 2024, les traitements Neemazal, CTI 24 2 et Klartan ont permis un bon contrôle des populations larvaires, sans impact significatif sur les adultes. Toutefois, la variabilité des conditions météorologiques a parfois biaisé les résultats, notamment en rendant difficile l’évaluation précise des dégâts. Les résultats montrent un potentiel pour le biocontrôle, avec des variations d’efficacité selon les modalités et les années. « Lorsqu’on applique des barrières physiques, si on retrouve des individus et des dégâts, c’est principalement sur les jeunes pousses qui n’ont pas été bien protégées par les traitements », précise Nicolas Formez.
Sur cerisier, des dégâts néfastes au matériel végétal
La cicadelle verte n’était pas signalée en vergers de cerisier jusqu’à une période récente. « Sur cerise, la problématique cicadelle est moins prégnante que sur pêche notamment, indique Aliénor Royer, du CTIFL. Mais en région Provence-Alpes-Côte d’Azur on a des remontées de producteurs chez qui les taux de dégâts de cicadelles s’envolent. Sur la station de La Tapy, les dégâts interviennent plutôt en fin de saison, dans l’été, quand les arbres ont déjà été récoltés. Les infestations de cicadelles peuvent être dommageables au matériel végétal. »
Différentes méthodes de lutte physique ont été testées contre les cicadelles sur cerisier, incluant des barrières de talc et d’argile. En 2021, deux applications ont été réalisées avec un suivi des populations à travers des pièges chromatiques englués. « Les barrières physiques fonctionnent bien contre ce ravageur, observe Aliénor Royer. On observe moins de cicadelles sur les parcelles avec des protections physiques, même si on était sur un niveau de pression assez peu élevé sur le verger accueillant l’essai. » À l’issue de cette première année d’essai, les expérimentateurs de la Tapy ont observé que la cicadelle verte n’était pas la seule espèce présente.
Après identification par un entomologue au niveau des plaques engluées, trois espèces ont été trouvées, « mais nous en avons potentiellement plus », précise-t-elle. « La cicadelle Zygina flammigera, blanche avec des croisillons orange sur le dos, est notamment très présente sur la station ». En 2024, un essai d’efficacité a été réalisé avec Sokalciarbo et Clé’flo, qui ont montré des résultats variés mais globalement peu de différence significative par rapport aux témoins non traités. Pour la suite, la station prévoit d’élargir les solutions de lutte et d’étudier davantage l’impact des cicadelles sur les dégâts en verger.
Les pièges jaunes plus adaptés pour le suivi
La station expérimentale de La Tapy a testé des plaques engluées de différentes couleurs pour déterminer quelle était la plus indiquée pour le suivi des ravageurs. « Nous avions des remontées de terrain comme quoi les tests chromatiques jaunes n’étaient peut-être pas les plus adaptés pour suivre leur présence », précise Aliénor Royer. Des plaques jaunes, rouges, bleues et blanches ont ainsi été positionnées dans trois parcelles et ont été relevées chaque semaine pour compter le nombre d’insectes capturés. « C’est bien sur les plaques jaunes engluées qu’on en capture le plus, note Aliénor Royer. De plus, les pièges rouges et bleus sont moins pratiques à utiliser car les insectes sont moins visibles dessus ».