Myrtille : comment lutter contre les dépérissements
Les problèmes de dépérissements des myrtilliers et les bonnes pratiques de taille ont été abordés lors d’un colloque national sur les petits fruits, en novembre dernier dans le Rhône. [Article rédigé par Léa Rochon]

En 2022, l’Hexagone comptait 520 hectares dédiés à la production de myrtille. L’Association des producteurs de myrtilles de France (APMF), composée de 150 producteurs et opérateurs de la filière, représentait alors 255 hectares. Présente au colloque national des petits fruits qui s’est déroulé dans le Rhône en novembre dernier, l’APMF a pris la parole au sujet des enjeux et des avancées de la filière. La gestion des bioagresseurs en agriculture biologique a occupé une grande partie des discussions.
Selon Magalie Leon-Chapoux, animatrice technique de l’association, les cochenilles occasionnent de réels dégâts au printemps. « Elles produisent de la fumagine noire sur les fruits et les feuilles, ce qui engendre de la dépréciation et diminue la photosynthèse. » La taille des branches très atteintes durant l’hiver peut être un moyen de lutte. Les huiles de paraffine appliquées en fin d’hiver montrent également leur efficacité, tandis que le produit Polithiol peut seulement être appliqué au plus proche de la fleur durant le début du débourrement.
Peu de recul sur l’impact des produits autorisés
Autre problématique de taille : les dépérissements. « Les difficultés d’identification des agents pathogènes rendent les bonnes périodes d’interventions difficiles à évaluer », confie la technicienne. Quelques données restent néanmoins certaines. Sur jeunes vergers, les dépérissements peuvent être liés à un manque d’eau ou à un excès de salinité. L’animatrice recommande de tailler les branches porteuses des symptômes sur quelques centimètres sous la zone infectée, ainsi que de nettoyer soigneusement ses outils de coupe. Jusqu’à présent, aucune protection phytosanitaire n’existe contre ce syndrome. Les producteurs manquent également de recul quant à l’impact secondaire des produits autorisés. En 2024, une campagne d’analyses de rameaux dépérissants a donc été menée par le Laboratoire départemental d’analyses de la Gironde (LDA33). Cinq échantillons ont montré la présence de Phomopsis, Botrytis, fusariose, Pestalotiopsis et de Godronia. Une synthèse portant sur l’identification des agents pathogènes sera prochainement publiée par le CTIFL.
Cette journée dédiée aux petits fruits a également été l’occasion d’aborder les techniques de taille du myrtillier. Après la récolte, cette tâche est le second poste de main-d’œuvre. La reconnaissance d’un bourgeon à fruit, par rapport à un bourgeon végétatif, constitue d’ailleurs une première étape. « Ils se situent sur la partie terminale des cannes d’un an, tandis que les bourgeons végétatifs sont plus pointus et sont situés sur la basale de la canne, explique la spécialiste. Bien que la différence soit plus visible en fin d’hiver, les bourgeons à fruits sont plus ronds et volumineux que les bourgeons végétatifs. »
Garder un buisson assez ouvert
Lors de la plantation, les producteurs doivent veiller à tailler et à enlever tous les boutons floraux, et à couper de la moitié à deux tiers de la hauteur. La deuxième année, l’objectif est de supprimer les pousses basses ou faibles, ainsi que les branches entrecroisées, tout en conservant les grandes tiges droites les plus saines. Certains boutons floraux peuvent être laissés pour produire des fruits la seconde année, si le buisson s’est assez développé la première année.
Pour la taille d’entretien et de fructification lors de la pleine production, l’association recommande de garder un buisson assez ouvert. Cette taille favorise la croissance des bourgeons latents sur les bois anciens, une meilleure circulation de l’air et diminue, de fait, les maladies. Cette technique permet également une meilleure couverture de la pulvérisation et une bonne pénétration de la lumière qui induit la formation des bourgeons floraux pour l’année suivante. Enfin, en cas de myrtilliers précoces situés sous tunnel et présentant une forte vigueur, la taille doit se faire en vert et au taille-haie, juste après la récolte. L’objectif est alors d’abaisser la hauteur de l’arbre, tout en favorisant la repousse de rameaux vigoureux et fructifères l’année suivante. L’APMF recommande de réaliser une taille d’hiver manuelle en complément.