Salon de l’agriculture 2025 : la vanille bretonne à la rencontre des Français
Sur le salon de l’agriculture, les producteurs bretons font découvrir au public leur vanille. L’occasion aussi d’échanger avec leurs partenaires réunionnais de la coopérative ProVanille.
Sur le salon de l’agriculture, les producteurs bretons font découvrir au public leur vanille. L’occasion aussi d’échanger avec leurs partenaires réunionnais de la coopérative ProVanille.
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« On vend de la vanille sur le salon de l’agriculture, mais ce n’est pas pour la vendre qu’on est là, c’est davantage pour la faire connaître », explique Pierre Guyomar, l’un des trois producteurs bretons de vanille et président de la section vanille de Prince de Bretagne
Sur le stand Prince de Bretagne, le mini kiosque surmonté d’un gros affichage « Vanille de Bretagne » installé sur l’allée, interpelle. « Les gens passent devant et reviennent sur leurs pas pour nous poser des questions », sourit Pierre Guyomar. Et ce n’est même pas le prix qui pose question (10 € la gousse en tube en verre, 20 € les 3), c’est vraiment l’association des mots vanille et Bretagne.
Relire : Vanille cultivée en Bretagne : « Un partenariat gagnant/gagnant avec les producteurs réunionnais »
Comme FLD vous le racontait en octobre dernier, l’histoire de la vanille en Bretagne a commencé en 2019 avec une réflexion pour réutiliser des serres qui n’étaient plus adaptées à la culture de tomates aujourd’hui et s’est traduit par un partenariat gagnant/gagnant avec les producteurs réunionnais. Les producteurs réunionnais aident leurs homologues bretons sur la culture de la vanille, sa transformation, son affinage ; les producteurs bretons aident les Réunionnais avec leur expertise de la conduite sous serre.
Le changement climatique a en effet conduit les producteurs réunionnais, qui cultivent la vanille en sous-bois, à s’adapter et à la cultiver sous abri. La culture sous ombrières a commencé à la Réunion il y a plus de 10 ans.
Développer la production de vanille française
« En production sous serre, les Bretons ont de l’avance sur nous. Sur les connaissances de la serre, on va gagner du temps », confirme Willy Boyer, président de la coopérative ProVanille à Bras-Panon au Nord-Est de la Réunion, même s’il l’avoue, les producteurs réunionnais avaient, au début, regardé les producteurs bretons, venus pour la première fois au symposium de la vanille en 2021 « avec un peu de méfiance ». Ils se sont cependant vite aperçu qu’ils avaient eux aussi « des difficultés techniques mais surtout les mêmes enjeux, les mêmes contraintes administratives et réglementaires ».
« Aucune concurrence, réaffirme Willy Boyer, ce n’est pas le même terroir, pas le même soleil » et donc pas la même vanille et surtout pas les mêmes territoires de vente. La vanille réunionnaise se vend à la Réunion.
Aujourd’hui les deux entités apprennent l’une de l’autre. « Par la suite, on étudiera la culture dans chacune des zones. Le but qu’on a tous, c’est d’augmenter la production française de vanille », développe Marc Kérangueven, président du Cerafel, l’Association d'organisations de producteurs (AOP) bretons.
A la Réunion, avec le changement climatique, la production a chuté ces dernières années et les producteurs ne peuvent plus répondre à la demande, une demande locale liée pour beaucoup au tourisme. La coopérative ProVanille avec ses 150 adhérents représente 50 % de la production de vanille de la Réunion et produit aujourd’hui 20 à 30 tonnes de vanille encore vertes. A la Réunion, la vanille est une activité complémentaire pour les producteurs de canne à sucre. « Ce sont des exploitations en moyenne de 8 à 10 hectares avec environ 2 hectares de vanille en sous-bois en concession ONF », développe Willy Boyer. A l’est de l’île, où est située la coopérative ProVanille, la vanille bénéficie d’une IGP depuis 2021, « la vanille est la seule production agricole IGP de la Réunion », précise le président de ProVanille.
Les 3 producteurs de Côtes-d’Armor produisent eux sur 5 000 m2 au total. D’autres producteurs se sont montrés intéressés mais « le but n’est pas de développer la production sans savoir où l’on va, insiste Pierre Guyomar, on n’en est encore vraiment qu’au début, on apprend, et il faut qu’on pérennise. Aujourd’hui, on ne sait pas si ça va être rentable ». Il s’agit avant tout aujourd’hui d’une diversification et cela ne pourrait rester qu’une niche.
Bientôt un centre technique à la Réunion
Pour rappel, en Bretagne, la culture de la vanille s’est faite avec le concours de la station d’expérimentation Terre d’essais. C’est aussi l’un des enseignements de ce partenariat entre les producteurs bretons et leurs homologues réunionnais : un centre technique va aussi être créé à la Réunion.