« La filière des légumes industrie est concentrée pour assurer la continuité alimentaire »
Questions à Anne-Sophie Kouassi, chef du service technique d’Unilet, l'interprofession des légumes de conserve et surgelés.
Questions à Anne-Sophie Kouassi, chef du service technique d’Unilet, l'interprofession des légumes de conserve et surgelés.
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Quel est le bilan de l’année 2020 pour les légumes destinés à la transformation et leur filière après cette année particulière marquée par la Covid ?
En 2020, les consommateurs ont plébiscité les légumes en conserve et surgelés, reconnaissant leurs qualités en matière de traçabilité, praticité, équilibre nutritionnel et sécurité alimentaire. Les achats ont particulièrement bondi durant le premier confinement (+31 % pour les surgelés et +28 % pour les conserves) au-delà de la progression des produits de grande consommation (+15 %). Après le déconfinement, les consommateurs ont confirmé leur engouement. Ainsi, sur les neuf premiers mois de 2020, les achats en magasin ont ainsi enregistré des hausses records : +8,5 % pour les surgelés et +7,7 % pour les conserves par rapport à la même période en 2019. Et avec les nouvelles restrictions de cet automne, les ventes ont de nouveau progressé. Pour répondre à ces pics d’achats, toute la filière est mobilisée et fait preuve d’une grande adaptation malgré les contraintes et les surcoûts liés à la crise. Les entreprises de transformation se sont en particulier donné les moyens de réassigner rapidement leurs offres dédiées à la restauration aux circuits de distribution à domicile. Les agriculteurs ont œuvré tout l’été malgré une météo exceptionnellement défavorable pour l’ensemble des productions légumières afin que les consommateurs puissent disposer de leurs légumes préférés dans les mois à venir. La filière constate à regret aujourd’hui que malgré ses efforts et l’agilité dont elle a fait preuve, et malgré le plébiscite des consommateurs, la juste valorisation des produits n’est pas au rendez-vous.
Comment l’année écoulée impacte déjà la campagne à venir ?
La filière est concentrée aujourd’hui pour poursuivre ses engagements sociétaux et assurer la continuité alimentaire. Elle représente un tiers des surfaces de légumes cultivés en France, 4 500 producteurs et 23 sites de production de légumes en conserve et surgelés, soit 10 000 emplois directs. La culture des légumes s’effectue de mai à octobre, en plein champ. Les relations contractuelles qui lient 100 % des producteurs aux entreprises de conserves et surgelés permettent d’organiser l’évolution de la production en équilibre avec les besoins des marchés. Le développement de la consommation en 2020, ainsi que les mauvaises récoltes nécessitent d’envisager un développement des surfaces mises en cultures en 2021.
Unilet organise prochainement une convention. Quels sont les enjeux techniques de votre filière ?
Pour fournir des légumes de qualité, économiques et faciles à préparer, la filière travaille sans relâche à garantir des cultures saines et propres, où la récolte mécanique n’entraîne ni organes défectueux, ni corps étrangers, ni morceaux de plantes toxiques… Elle s’est également engagée à répondre à l’évolution des demandes sociétales : développement du bio, réduction de l’usage des produits phytosanitaires et développement de gammes de légumes « zéro résidu », gestion durable des sols et de l’eau… La transition agroécologique mais aussi l’adaptation aux changements climatiques constituent ainsi de nouveaux champs d’investigation pour proposer des pratiques et des itinéraires qui maintiennent l’intérêt économique de ces cultures. Notre convention en janvier s’inscrit dans la volonté de l’interprofession de nourrir les échanges techniques entre tous les maillons de la filière, et de restituer aux producteurs et techniciens en région le fruit des travaux qu’ils financent par leurs cotisations et qui permettront d’accompagner ces changements.
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