Comment valoriser la cerise par le calibrage
Sicoly a mis en service une nouvelle calibreuse cerise à tri optique afin d’améliorer la qualité du produit commercialisé et de mieux valoriser la totalité de la production de ses coopérateurs.
Sicoly a mis en service une nouvelle calibreuse cerise à tri optique afin d’améliorer la qualité du produit commercialisé et de mieux valoriser la totalité de la production de ses coopérateurs.
Acteur majeur de la production de cerise en France, Sicoly s’inscrit dans la modernité avec une toute nouvelle calibreuse, mise en marche il y a quelques semaines et inaugurée début juin dans ses entrepôts à Saint-Laurent-d’Agny (Rhône). Grâce à ses associés arboriculteurs, Sicoly produit chaque année en moyenne 1 800 t de cerises, une production importante pour la coopérative et ses 90 membres apporteurs, dont un grand nombre de producteurs de cerise. « Chaque lot réceptionné est donc tracé avec un système où producteurs, variétés et parcelles sont identifiés », explique Jean-Bernard Cherblanc, directeur du secteur fruits frais de la société.
Une vision à 360° pour chaque cerise
« Livrées sur des palettes, les caisses de cerises sont disposées sur le convoyeur qui avance dans le tunnel de l’hydrocooling », poursuit-il. L’eau froide à 1 °C ruisselle et refroidit les fruits à cœur pour stopper leur maturité, les raffermir et améliorer leur conservation. L’eau est traitée par électrolyse et purifiée, ce qui permet de l’économiser, de la réutiliser et de n’utiliser qu’un volume de 10 m3. Les cerises sont ensuite stockées en chambre froide avant le tri. C’est dans la salle tout au bout de l’entrepôt réaménagé en conséquence, que se trouve la nouvelle calibreuse Unitec Cherry Vision. En début de la ligne, une première avancée technologique permet le vidage automatique des cagettes. « Elles s’enfoncent dans l’eau et le courant mène les cerises vers le tapis élévateur », décrit Jean-Bernard Cherblanc. À l’étape suivante, un séparateur de pédoncules, sur 10 rangées disposées en quinconce, permet à des lames de séparer les pédoncules sans frotter les fruits entre eux. « C’est ici aussi que les cerises de moins de 22 mm de calibre sont écartées », assure le spécialiste.
Toujours transportées grâce à de l’eau froide, les cerises sont ensuite photographiées une à une à l’aide de caméras optiques multispectrales qui permettent une vision à 360° de chaque cerise. « Ce ne sont pas moins de 30 photos qui sont prises pour chaque fruit. Avec cette vision d’ensemble, les cerises qui présentent des défauts sont écartées, se satisfait-il. Le responsable de la calibreuse peut demander un échantillon à la machine s’il a un doute sur son jugement ». Les cerises qui continuent leur course sont réparties dans l’une des 24 sorties possibles, en fonction de leur coloration et de leur diamètre. La calibreuse permet de trier 5 t de cerises à heure. Ce sont ensuite des opérateurs, et l’œil humain, qui vérifient qu’aucun défaut ne reste à la sortie. Enfin, les cagettes de 5 kg sont acheminées vers une autre salle pour l’envoi et la vente.
Mieux trier pour mieux valoriser
Les cerises qui auraient été écartées ne sont pas toutes jetées pour autant. « Avec cette machine, plusieurs sorties sont possibles. Les déchets ne sont plus mélangés au reste et les cerises plus foncées ou plus claires sont valorisées », mentionne le responsable, avec l’idée d’éviter le gaspillage et de privilégier la transformation. « On fait de la surgélation, ces produits nous intéressent pour être revalorisés dans la filière industrielle », relève une cliente de Sicoly qui travaille pour Gélifruit et s’intéresse à ces bacs. La valorisation de la récolte et la rémunération des producteurs sont plus importantes grâce à cette nouvelle calibreuse. « Les calibres vont de 22-24 mm à plus de 30-32 mm, précise Patrick Reynard, président de la coopérative. Et niveau prix, on va du simple au double ».
« Avec cet investissement de deux millions d’euros pour la machine et de 700 000 € d’aménagement du bâtiment, on limite également la pénibilité sur les postes de travail et pour les opérateurs. L’ancienne calibreuse vieillissait et nous n’avions pas le droit de tomber en panne », reconnaît le dirigeant. En effet, si l’ancienne calibreuse demandait une quarantaine de personnes pour son bon fonctionnement, la nouvelle en réclame 15 de moins. Après deux mois de montage et d’assemblage, la calibreuse fonctionne depuis quelques semaines. Lors de son inauguration, la récolte 2023 de cerise s’annonçait limitée en quantité, mais « la qualité du fruit était au rendez-vous ».
Un investissement pour plus d’implication
« C’est important que les producteurs et les opérateurs soient là aujourd’hui », introduisait Patrick Reynard lors de l’inauguration de la nouvelle calibreuse de cerises de Sicoly. Si l’investissement est conséquent pour l’entreprise, la production de cerises est importante sur le territoire. « Deux tiers de nos associés coopérateurs en produisent. » En remerciant les anciens dirigeants, présidents, collaborateurs, le président actuel reconnaît l’importance de soutien de la filière. « C’est la production où nous avons le plus d’associés coopérateurs, il était important d’investir pour valoriser l’ensemble de la production. On gagne en confort de travail grâce à cette calibreuse ». L’investissement sera amorti d’ici dix ans et Patrick Reynard compte sur les producteurs pour continuer à s’impliquer dans cette production.
Charlotte Favarel
Aller chercher la valeur ajoutée
Le nombre d’associés coopérateurs de Sicoly a diminué : ils sont aujourd’hui 90. Toutefois, la structure a conservé son potentiel de production, ce qui démontre de plus en plus de spécialisation et de performance. En revanche, le nombre de collaborateurs de la coopérative décolle avec des ateliers de diversification de plus en plus importants pour aller chercher la valeur ajoutée sur le produit des associés coopérateurs.