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Comment stimuler la consommation de fruits et légumes

La saisonnalité, les modes de production, les variétés et les signes officiels de qualité doivent inciter à consommer davantage de fruits et légumes. Ces messages, relayés à l’école auprès des plus jeunes mais aussi auprès des professionnels du milieu médical, s’appuient sur la santé et l’équilibre alimentaire.

Le nouveau programme de promotion a pour objectif d'initier les enfants au plaisir de consommer des fruits et des légumes frais et d'intégrer la notion de « bien manger », la curiosité, la découverte et le jeu.
© Interfel

Comment relancer la consommation de fruits et légumes ? Malgré les nombreuses campagnes de communication et la mise en place dès 2009 de programmes de distribution de fruits et légumes dans les établissements scolaires à l’échelle européenne, la consommation stagne. En France, selon Kantard worlpanel, la consommation à domicile de fruits s’est établie à 85,1 kg par ménage en 2017, soit une quasi-stagnation (+0,7 %), par rapport à la moyenne sur cinq ans. En légumes, la tendance serait même à la baisse en 2017 avec 81 kg par ménage, soit -1,2 % par rapport à la moyenne quinquennale. C’est ainsi que l’association Famille rurale s’alertait, en août dernier, que seulement 33 % des familles mangent « cinq fruits et légumes par jour ». Est-ce à dire qu’il faut inventer de nouvelles formes de communication, surtout auprès des enfants et des jeunes, cibles privilégiées et consommateurs de demain ?

Campagne dans les écoles

Depuis 2017, le nouveau programme de promotion des fruits et légumes frais a pris le nom de « Fruits et légumes à l’école » (déployé de la même façon pour les produits laitiers), afin de refléter la diversité des produits pouvant être distribués et la possibilité de bénéficier du programme sur le temps du midi. « L’objectif du programme est d’éveiller le goût des enfants et adolescents, de les initier au plaisir de consommer des fruits et des légumes, de leur donner de bonnes habitudes alimentaires et d’intégrer la notion de « bien manger » par le plaisir, la curiosité, la découverte et le jeu », explique-t-on au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation qui met à la disposition des enseignants et animateurs de nombreux outils pédagogiques. Le programme vise à augmenter la consommation quotidienne de fruits et légumes et à susciter une démarche éducative permettant aux enfants et adolescents de mieux comprendre d’où viennent les produits, leurs différentes variétés, la façon dont ils sont produits et la saisonnalité. L’Union européenne (UE) finance désormais à 100 % les achats liés à la distribution des produits éligibles (voir En pratique), à condition qu’elle soit accompagnée d’actions pédagogiques, également finançables par l’UE.

Distribution liée à des mesures éducatives

« La mise en œuvre du programme comprend deux parties indissociables : la distribution de produits effectuée dans le cadre scolaire et la réalisation d’au moins une mesure éducative d’accompagnement », précise-t-on chez FranceAgrimer par qui transitent les dossiers de financement. « Nous devons nous engager, par trimestre, à distribuer au moins six portions de fruits et légumes (crus ou cuits, transformés ou non, ndlr) pendant cette période afin de respecter les recommandations concernant l’équilibre alimentaire des enfants et leur faire acquérir de bonnes habitudes alimentaires », détaille Sylvie Dauriat, responsable de la caisse des écoles, dans le 17e arrondissement de Paris, qui gère plus de 50 établissements. « Nous avons décidé de communiquer sur le temps du midi, au restaurant scolaire, en trois phases : avant le repas, pendant le déjeuner et à la sortie du réfectoire », explique la professionnelle qui teste le dispositif sur un établissement, avant de l’étendre. « Des mesures éducatives doivent obligatoirement être déployées si nous voulons bénéficier de l’aide européenne. De notre côté, nous avons décidé d’axer sur la saisonnalité des produits, les variétés des fruits et légumes par catégorie, le goût et les qualités nutritionnelles… », ajoute Sylvie Dauriat, également vice-présidente de Restau’Co. Elle peaufine d’ailleurs la mise en place d’un guide à l’usage des établissements du réseau, afin de simplifier la démarche (voir encadré).

Miser sur les bienfaits pour la santé

Autre axe de communication, autre cible, le message santé. Le 8e colloque EGEA, qui s’est tenu à Lyon en novembre 2018, l’a confirmé par le résultat de nouvelles recherches : « Les fruits et légumes aident à lutter quotidiennement contre les maladies non transmissibles, divers cancers et maladies chroniques, crises cardiaques, hypertension artérielle, AVC… » L’OMS considère d’ailleurs que la consommation insuffisante de fruits et de légumes est un facteur de risque pour la santé. Un rapport coréalisé par la revue médicale The Lancet et l’ONG Fondation EAT, qui a mobilisé pendant trois ans 37 experts de 16 pays, publié le 17 janvier dernier, révèle des résultats analogues. Selon ces experts, il faudrait doubler au niveau mondial la consommation de fruits et légumes, légumineuses et noix. Ils recommandent ainsi de consommer chaque jour 300 g de légumes et 200 g de fruits. Dans cet esprit, Aprifel et Interfel se sont associés pour promouvoir le programme Fruit & Veg4 Health (Fruits et légumes pour la santé), cofinancé pour trois ans par l’Union européenne. L’objectif est de tendre, à terme, vers les 100 kg par an chez les ménages de moins de 35 ans (contre 87 kg en 2015). Plusieurs actions seront menées pour toucher les médecins mais aussi le grand public.

Malgré toutes ces bonnes intentions et complètement légitimes, il reste à se demander ce qui déclenche bien l’acte d’achat dans les familles. Le marketing pour les produits « santé » n’existe pratiquement pas. Ce qui fait que les enfants ont encore du mal à se tourner vers les produits les plus sains. « Les industries alimentaires investissent chaque année près de 200 milliards d’euros dans le marketing et la publicité. Pour les fruits et légumes, ce sont 600 millions d’euros, et une partie vient des aides de la Commission européenne », précise Philippe Binard, délégué général de Freshfel, l’association européenne des produits frais, en donnant des estimations réalisées par l’association.

A savoir

Tous les fruits et légumes peuvent être proposés pour le programme « Fruits et légumes à l’école », à l’exception des féculents et les fruits à coque. Les fruits et légumes frais doivent être distribués en priorité en l’état (entiers, prédécoupés ou pressés) ou cuisinés sur place (purées cuites, jus ou soupes). Pour les produits transformés, seuls les purées de fruits, les fruits séchés ou déshydratés et les purs jus de fruits et soupes entrent dans le programme, à condition de ne contenir aucun sucre, sel ou édulcorant ajoutés. Pour les distributions le midi, seuls les fruits et légumes bénéficiant d’un signe d’identification de la qualité et de l’origine (agriculture biologique, AOP, IGP, Label rouge…) peuvent être donnés aux enfants.

Une campagne sur #JeCuisineMaison

De novembre 2018 à début janvier 2019, Interfel a renouvelé sa campagne de communication intitulée « cuisinés maison, les fruits et légumes frais restent légers dans votre budget », avec des campagnes d’affichage dans plusieurs villes de province et dans le métro parisien. L’interprofession est présente sur les points de vente avec des animations dégustations dans les GMS et sur les marchés. Un dispositif digital sur les réseaux sociaux, la création de trois nouvelles recettes disponibles sur www.lesfruitsetlegumesfrais.com et un nouveau hashtag #JeCuisineMaison ont permis de renforcer la campagne qui devrait être reconduite en 2019.

Des évènements pour promouvoir les fruits et légumes en 2019

La Route du goût

Organisée par l’AOPn Tomates et Concombres de France, la Route du goût sera sillonnée par un food-truck éducatif dans 20 villes françaises, du 3 avril au 6 mai, avec pour objectif de sensibiliser 7 000 enfants à la culture sous serre des tomates et concombres.

Fête des fruits et légumes frais

La 15e édition de cet événement aura lieu partout en France du 14 au 23 juin avec des ateliers animés par des diététicien (ne) s, activités ludiques et espace gaming seront proposés aux enfants et aux parents, ainsi qu’aux influenceurs.

Fraîch’Fantasy

Elle sera de retour à la télévision avec 16 nouveaux épisodes, à partir du mois de septembre. Retrouver Fraîch’Fantasy sur le site www.fruttiveggi.eu et sur www.lesfruitsetlegumesfrais.com. Des jeux vidéo mobilex, avec quatre nouveaux mondes seront également à découvrir et plus de 100 niveaux disponibles dès le printemps 2019.

Cultiver le goût de l’Europe

Le programme européen CuTE1 cherche ainsi à créer du lien avec les consommateurs en les sensibilisant aux moyens de production des fruits et légumes.

Le programme de promotion CuTE, porté par Eucofel2 vise à sensibiliser davantage aux spécificités des méthodes de production agricole de fruits et légumes de l’Union européenne, en serre et en plein air et aux caractéristiques des fruits et légumes, les variétés, la qualité et le goût, sur le marché intérieur. « D’un montant global de 4,8 millions d'euros sur trois ans, ce dispositif a été lancé début janvier 2019 et prendra fin le 31 décembre 2021. Il comporte plusieurs volets. Déjà, expliquer les méthodes de production, ensuite communiquer sur le goût, les variétés. Et enfin, dialoguer à la fois avec le consommateur, les relais d’opinion, les prescripteurs ». Les actions seront menées dans cinq pays cibles de l’UE : la France, la Pologne, l’Espagne, la Grèce et l’Allemagne3. Certaines actions seront également développées à Bruxelles.

« Un financement européen à notre disposition »

« Grâce à une analyse approfondie du marché, nous avons identifié onze fruits et légumes spécifiques : fraises, pommes, melon d’eau, melon, raisin de table, kiwi, tomate, concombre, poivron doux, aubergine et courgette, ayant besoin d’un soutien promotionnel stratégique dans le cadre de cette campagne », explique Alba Ridao, secrétaire général d’Eucofel. Et Laurent, Bergé, le président de l’AOP tomates et concombres de France et vice-président d’Eucofel rappelle : « Cette démarche a toujours l’objectif de sensibiliser le jeune public à nos méthodes de production, dans un souci d’innovation, de modernité et de sécurité alimentaire ». Les producteurs se déplaceront pour communiquer avec les jeunes, leur famille, les enseignants, comme ils l’avaient déjà fait lors de la transhumance de la serre gonflable, de 2013 à 2015. « Avec ce financement européen, nous avons à notre disposition d’importants moyens pour promouvoir notre démarche », insiste Laurent Bergé. CuTE cherche ainsi à créer le lien entre le public cible et les acteurs de la production, avec un volet numérique englobant un site web, les canaux de médias sociaux, radio, la publicité, des activités de sensibilisation du public et des relations avec les médias. Un camion-serre food-truck en phase de test actuellement fera halte dans les grandes villes des pays ciblés pour montrer les méthodes de production et faire goûter les produits. Il sera présent à Paris notamment, durant toute la durée du Salon international de l’agriculture en 2020 pour aller à la rencontre du grand public. « On s’attend à ce que la perception et la prise de conscience des méthodes de production de l’UE et des caractéristiques des produits spécifiques se modifient à la fin des trois années du programme », termine Alba Ridao.

1 « CuTE : Cultivating the Taste of Europe »

2 Eucofel regroupe un consortium composé d’une association de l’UE et de cinq associations nationales de fruits et légumes de France, de Grèce, de Pologne et d’Espagne

3 Les partenaires : FruitVégétauxEUROPE, AOPn tomate & concombre de France, AOPn fraises de France, APROA (Espagne), KZGPOiW (Pologne) et INCOFRUIT HELLAS (Grèce).

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