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Cassis : que vaut le désherbage mécanique sur le rang ?

Le désherbage mécanique de la ligne de plantation constitue une alternative au désherbage chimique en culture de cassis. Mais des freins, en termes de coûts et d’efficacité, doivent encore être levés.

L'un des enjeux essentiels en culture de cassis est la maîtrise des adventices. Si l’enherbement contrôlé entre rangs se généralise, le désherbage sur le rang reste problématique. Dans un contexte où de plus en plus de molécules herbicides disparaissent, les producteurs s’intéressent à d’autres solutions comme le désherbage mécanique, les bâches (tissées, biodégradables, etc.), le désherbage à la vapeur ou le désherbage électrique.

Le désherbage mécanique paraît être la solution la plus directement applicable en production, mais des freins subsistent. « Le désherbage mécanique demande de la réactivité et de la disponibilité en outils et main-d’œuvre. Ce n’est pas la même organisation qu’un désherbage chimique », analysait Cyrielle Denis, ex-conseillère Cassis à la chambre d’agriculture de Côte-d’Or, lors de la journée nationale Fruits rouges en septembre 2022 à Laon (Aisne).

Une combinaison d’outils est nécessaire

Le projet FilFruitsTransfo, piloté par l’Afidem en 2021 et 2022 avec plusieurs partenaires de la production, du conseil et de l’expérimentation (1), a travaillé la mécanisation du désherbage de la culture de cassis. Dix-sept essais d’outils, seuls ou en association, ont été menés au cours du projet, de manière ponctuelle ou sur une campagne complète, dans les différents bassins de production français. Cinq grands types d’outils permettent de travailler sur le rang de plantation : les brosses et dents rotatives, les lames, les disques (disques crénelés et Ecocep), les bineuses à doigts Kress et les houes bineuses Busa (voir encadré). Quatre principaux critères ont été considérés : la capacité des outils à atteindre la ligne de plantation et à travailler la bande de terre entre deux pieds de cassis, le respect du système racinaire et aérien, le coût (voir encadré), et l’efficacité des outils en un passage.

Le principal point faible des outils de désherbage mécanique est qu’ils ont du mal à aller travailler la bande de terre entre les buissons, notamment sur les vergers en production, plus développés. Un seul type d’outils n’est pas suffisant pour s’approcher d’un désherbage acceptable : une combinaison d’outils est nécessaire. Les outils à effacement hydraulique à palpeurs, notamment, ne parviennent pas à travailler entre les buissons, car le palpeur détecte les branches hautes et provoque l’effacement de l’outil trop précocement. L’effacement à ressort serait plutôt à privilégier.

À chaque situation culturale ses outils

De plus, le passage des outils se complique avec l’âge et le développement des buissons, et sur cassis recépé. « En jouant sur la taille des buissons à l’automne et l’écartement des pieds, peut-on favoriser un travail un peu plus complet des outils ? » questionnait Cyrielle Denis. L’efficacité des outils est également conditionnée par le type de sol. « À chaque situation culturale ses outils, détaillait-elle. On n’utilise pas les mêmes types d’outils si l’on est dans des argiles, des sables, des cailloux, en pente ou à plat. Cela implique d’avoir des frais d’équipements plus importants. » Autre problématique, pour les outils auto-animés, les bois de taille qui restent sur le sol gênent fortement le travail des outils. L’idéal est d’éliminer les bois morts après la taille et éventuellement compenser avec un apport d’engrais.

Ainsi, l’outil parfaitement adapté à la conduite en buisson du cassis n’a pas encore été trouvé. Il y a un vrai besoin d’innovation pour apporter des solutions aux producteurs. Pour l’instant, un désherbage 100 % mécanique est difficilement envisageable en production de cassis. Des situations hybrides de transition, qui mélangent désherbage chimique et mécanique, semblent plus probables, mais qu’en sera-t-il alors de l’évolution du prix du fruit ?

(1) Chambre d’agriculture de Côte d’Or, CTIFL, Les Coteaux bourguignons, Socofruits, Les Vergers d’Anjou, Sicoly

5 types d’outils pour désherber la ligne de plantation

1/Brosses et dents rotatives

Brosses : en préventif, sur très jeunes stades, en entretien régulier.

Dents : efficace en curatif. Problème de l’effacement hydraulique qui limite le travail entre les buissons.

2/Lames : En entretien régulier, sur plantules et tous jeunes stades, ou en « finition ». Nécessite un sol prétravaillé. À associer avec d’autres outils.

3/Disques

Disque crénelé : en traitement des jeunes stades. Problème avec l’effacement hydraulique.

Ecocep : Efficace sur stades plus avancés, mais à associer avec d’autres outils.

4/Bineuses à doigts Kress : en entretien régulier, sur plantules et tous jeunes stades. Adapté aux jeunes plantations. Nécessite un sol prétravaillé. Surface de travail réduite à la périphérie immédiate du pied.

5/Houes bineuses Busa : en entretien régulier, sur plantules et tous jeunes stades, ou en « finition ». Nécessite un sol prétravaillé. À associer avec d’autres outils.

Un coût important pour le « 100 % mécanique »

Une estimation du coût d’un désherbage 100 % mécanique a été réalisée lors du projet FilFruitsTransfo. Deux profils ont été pris en compte : une surface de 15 ha de cassis, et l’autre de 30 ha. Ont été pris en compte le prix d’achat de l’outil, l’amortissement sur sept ans, les coûts d’entretien, ainsi que les coûts liés aux passages (nombre d’heures de travail, coût de l’énergie, du tracteur et de la main-d’œuvre). En revanche, d’autres coûts n’ont pas été pris en compte : l’achat de matériel supplémentaire pour compléter le désherbage, les charges d’exploitation, d’éventuels coûts de désherbage manuel, et une potentielle baisse de rendement due au changement de pratiques. Les estimations étaient basées sur des données de 2021. Pour des outils moyens de gamme, (interceps à 25 000 euros), le coût du désherbage mécanique est situé entre 382 €/ha/an (pour 30 ha) et 530 €/ha/an (pour 15 ha). Pour des outils plus haut de gamme - cadre enjambeur + disques crénelés - on est entre 450 €/ha/an pour 30 ha et 670 €/ha/an pour 15 ha.

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