Banane : les pays ACP sont “consternés”
Le 9 août, l’Assobacam et l’Ocab, les associations de producteurs de bananes du Cameroun et de la Côte d’Ivoire, se sont dites “consternées” par l’avis de l’OMC sur le différend bananier qui oppose l’Union européenne et les pays d’Amérique latine.
En effet, le 1er août, les trois arbitres de l’OMC ont rendu leur verdict sur le tarif unique que proposait l’Union européenne concernant les importations communautaires de bananes à partir du 1er janvier 2006. Les arbitres soulignaient ainsi dans leur jugement que la technique de calcul pour déterminer le meilleur tarif à appliquer aux importations de bananes ne permettait pas de maintenir l’accès total au marché européen pour les pays d’Amérique latine. Depuis cette décision, la Commission européenne a déclaré qu’elle ne présenterait pas de nouveau tarif unique avant le mois de septembre.
Aussi, les pays ACP (Afrique-Caraïbe-Pacifique) et plus particulièrement le Cameroun et la Côte d’Ivoire ont estimé que “ce jugement s’il était suivi par l’Union européenne serait catastrophique pour les producteurs de bananes africaines.” Le président de l’Ocab (Organisation centrale des producteurs-exportateurs d’ananas et de bananes de Côte d’Ivoire), Mathias N’Goan Aka, s’insurgeait ainsi en ces termes : “Quelques semaines après la réunion du G8 en Ecosse, consacrée en grande partie à l’Afrique et au soutien qu’il faut lui apporter, il est scandaleux que la première manifestation de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) soit de favoriser les plus forts au détriment des plus vulnérables”, a-t-il ajouté.
De son côté, Anatole Ebanda Alima, de l’Association des producteurs de bananes du Cameroun (Assobacam), estime que les arbitres ont pris en compte les allégations des pays latino-américains présentant l’Afrique comme un épouvantail dont les bananes envahiraient le marché européen, “cet argument est totalement injustifié, car il ne tient aucun compte des réalités de la production de bananes dans nos pays”.
Sauvegarder la production de bananes en Afrique
Selon le communiqué des associations, les pays latino-américains exporteraient plus de 8 millions de tonnes de banane dans le monde, en trois ans, les exportations d’Equateur ont même augmenté de près de 600 000 t. Aussi, les producteurs de bananes camerounais et ivoiriens souhaitent parvenir à une solution permettant de sauvegarder la production de bananes en Afrique qui, selon leur termes, “participe pleinement au développement économique et social des pays producteurs et de leurs voisins”. Les deux associations “en appellaient donc à la conscience et à la lucidité politiques de l’ensemble des acteurs concernés”. Un message repris par les producteurs communautaires (voir encadré ci-dessous) qui en appellent à la Commission, car ils craignent de voir eux aussi leurs parts de marché s’amoindrir.