Essayer de maintenir l’égrainage naturel pour conserver la qualité floristique des prairies
Dans le contexte de l’expérimentation conduite par le réseau Civam, l’égrainage naturel est une pratique assez aléatoire qui nécessite une combinaison de facteurs favorisants.
Dans le contexte de l’expérimentation conduite par le réseau Civam, l’égrainage naturel est une pratique assez aléatoire qui nécessite une combinaison de facteurs favorisants.
Dans le cadre du projet Perpet (1), le réseau Civam a mené des expérimentations en fermes afin de tester l’effet de l’égrainage naturel sur l’évolution de la flore d’une prairie temporaire. « Notre objectif était de voir si en laissant grainer un grand nombre d’espèces, on arrivait à réensemencer la prairie, renouveler sa flore et améliorer sa pérennité, explique Romain Dieulot, coordinateur Systèmes pâturants et évaluation du réseau Civam. Dans le contexte de l’étude, on n’a pas obtenu les résultats escomptés ! ».
Des expérimentations en fermes
Cette expérimentation a engagé 26 exploitations de l’Ouest. Dans le protocole de l’étude, seules des prairies considérées comme satisfaisantes en termes de flore par les éleveurs, au début de l’expérimentation, ont été retenues. Dans ce cadre, elles devaient disposer d’au moins 10 % de légumineuses et de moins de 10 % de flore jugée indésirable. « On n’a rien imposé en termes d’âge de la prairie. »
Dans chaque parcelle sélectionnée, deux petits périmètres d’une surface minimum de 10 ares ont été isolés d’un troisième paddock, plus grand, témoin. La première année, les éleveurs ont mis en défens et ont laissé grainer une première zone du 15 avril au 15 août. « Cette longue période avait pour objectif de permettre à toutes les espèces présentes de grainer », souligne Romain Dieulot. Suite à l’égrainage, une fauche ou un pâturage a été réalisé. Cette zone a été ensuite conduite comme le paddock témoin. Ce protocole a été répété sur le second périmètre défini en début d’expérimentation. Pendant quatre années, un relevé floristique, une analyse de la matière azotée et un relevé des pratiques ont été effectués.
Un impact significatif de la flore
Dans le contexte de l’étude, « on a constaté un effet étouffement des légumineuses par les graminées. Les zones égrainées se sont caractérisées par un taux de graminées plus élevé et par un taux de légumineuses plus faible que le témoin. La diminution du nombre de légumineuses ne s’est toutefois pas traduite par une différence significative de la valeur MAT de l’herbe de printemps. Le taux de diverses n’a, lui, pas été impacté par l’égrainage. » La valeur pastorale a baissé au cours du temps en lien avec l’augmentation des diverses. L’égrainage n’a par ailleurs pas eu d’effet sur l’évolution de la densité du couvert.
« Au vu de ces résultats, il serait intéressant de tester d’autres protocoles comme une mise en défens plus tardive ou sur des prairies très ouvertes. Il est également important de dire qu’il ne suffit pas de faire grainer pour que cela fonctionne. C’est une pratique qui reste aléatoire et nécessite une combinaison de facteurs », conclut le spécialiste.
Pour en savoir plus
Différents rendus sont disponibles sur les sites des partenaires du projet (vegepolys valley ; civam) à savoir 11 fiches Pourquoi/comment bien faire vieillir ses prairies temporaires, un quiz prairies avec 20 questions et 157 rendus de 4 pages de résultats fermes.
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