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Enroulement chlorotique de l'abricotier (ECA) : de nouvelles perspectives de lutte sur Prunus

Le CTIFL a lancé deux projets de recherche pour améliorer la lutte contre l’ECA notamment sur Prunus. Thermofruit vise à fournir du matériel fruitier multiplié sain. La sensibilité à la maladie des cultivars de pruniers est également à l’étude.

L’ECA, Enroulement chlorotique de l’abricotier, est une maladie désormais endémique sur le territoire français. Celle-ci est due à un phytoplasme dont l’insecte vecteur est le psylle, affecte notamment les variétés de pruniers américano-japonais, pouvant entraîner la mort des arbres infectés. « Les pertes ainsi causées par l’ECA peuvent aller de 1 à 10 % des arbres touchés selon les années et les conditions d’expression de la maladie », indique Yohan Brans, ingénieur au laboratoire de virologie et de biologie moléculaire du centre CTIFL de Lanxade.

Soumis à différents couples temps/température

Pour offrir aux producteurs de nouvelles réponses et de nouveaux moyens de lutte contre cette maladie, le CTIFL a engagé deux projets de recherche. Le premier appelé Thermofruit, a pour objectif d’évaluer l’efficacité du traitement à l’eau chaude pour l’assainissement de matériels fruitiers multipliés. Cette technique consiste à tremper des organes végétatifs tels des rameaux, des greffons ou des plants dans des bains d’eau chaude. Une thermothérapie qui a fait ses preuves sur vigne, notamment pour lutter contre le phytoplasme associé à la flavescence dorée. Des travaux de recherche ont, par ailleurs, montré que la plupart des agents pathogènes affectant les espèces végétales sont sensibles à la chaleur. Cette sensibilité à la chaleur est notamment utilisée par le CTIFL pour assainir plusieurs cultivars fruitiers infectés par des maladies de type viral par an depuis les années 1970 avec un traitement à air chaud. Trois types de pathogènes (virus, phytoplasme dont celui de l’ECA et bactérie) sont testés sur différentes espèces fruitières dont le prunier mais aussi l’abricotier, le pommier et les agrumes. « Nous souhaitons, en effet, que le protocole qui sera mis en place à l’issue de ce projet soit le plus polyvalent possible », ajoute Yohan Brans. La première phase de ce projet étudie la résistance d’un matériel végétal sain soumis à différents couples temps/température afin d’en évaluer le taux de reprise. Plusieurs modalités sont, en effet, testées avec une température de l’eau variant de 40 à 60°C et des durées de trempage allant de quelques minutes jusqu’à plusieurs heures. La deuxième phase se chargera de définir, sur matériel fruitier infecté, les couples durée de trempage/température capables de détruire le pathogène ciblé en fonction de chaque espèce fruitière, sachant que des couples hôtes/pathogènes auront été au préalable distingués. Le matériel ayant subi ce traitement sera ensuite greffé. Puis, après une période de croissance suffisante, seront vérifiées la présence ou l’absence du pathogène incriminé. Ce projet Casdar(1), réalisé en partenariat avec l’Inrae et le Cep (Centre d’expérimentation de pépinières), prévu pour une durée de trois ans, doit s’achever en 2021.

Eliminer les cultivars les plus sensibles

Le second projet est porté par le CTIFL dans l’optique unique de lutter contre l’ECA sur prunier. Il adopte une stratégie située plus en amont que le précédent qui s’intéressait au matériel fruitier issu de ressources biologiques ou commercialisé, puisque reposant sur l’évaluation du niveau de sensibilité de cultivars. « A la demande des professionnels, nous avons lancé ce programme d’évaluation de la sensibilité variétale des pruniers à la maladie. Celui-ci a démarré en 2018 et court a minima jusqu’en 2021. L’objectif étant de discriminer les cultivars les plus sensibles à l’ECA pour les éliminer », expose Yohan Brans. En appui de travaux précédents réalisés par le CTIFL, un protocole expérimental sous serre a été défini, afin de réduire le temps du cycle végétatif et accélérer la récolte des résultats. Ce protocole prévoit les conditions d’inoculation du pathogène, le recueil de l’expression des symptômes et la réalisation d’analyses de laboratoire pour la recherche du pathogène. Toutefois, ces travaux étant novateurs, il n’y a aucune garantie de résultat. Au total, dix cultivars (domestica et salicina), composant une gamme variétale représentative, sont sous observation.

Ce projet est financé par la DGER (AAP N°C-2018-12)

 

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Yohan Brans, ingénieur au laboratoire de virologie et de biologie moléculaire du centre CTIFL de Lanxade

« Apprendre à vivre avec l’ECA »

 

 
« Il va falloir apprendre à vivre avec l’ECA », estime Yohan Brans. D’autant plus que cette maladie de dépérissement est désormais reconnue comme endémique, le nouveau règlement européen relatif à la santé des végétaux, entré en vigueur le 14 décembre 2019, ne la classant plus comme une maladie de quarantaine. Si la surveillance doit être maintenue, son éradication n’est donc plus de mise et rendue impossible par la présence sur le territoire de son vecteur, en l’occurrence le psylle et des plantes-hôtes dont celui-ci a besoin : les prunus sauvages. « La stratégie à mettre en œuvre doit être multiple », poursuit-il. « Aujourd’hui, nous connaissons bien la biologie du pathogène. Nous savons comment nous prémunir de son vecteur et comment lutter au verger contre la maladie. Mais ceci sous-entend une surveillance du verger. C’est la première des clés de la réussite pour diminuer l’infestation et arriver à des seuils de contamination acceptables et toute la filière professionnelle doit se mobiliser et contribuer à cette surveillance ». Et Yohan Brans de rappeler que l’Inrae propose une épidémiosurveillance, dresse des cartes d’occurrence du vecteur, modélise sa distribution spatiale, ce qui permet d’obtenir sur internet, en fonction de la météo et des vents, des prévisions locales des risques de la présence de psylles. « A ces stratégies de surveillance et de diffusion contrôlée du matériel multiplié, s’ajoutent les travaux que mène la recherche dont Thermofruit. Le projet apportera une réponse supplémentaire quant à la diffusion d’un matériel végétal exempt d’ECA ainsi que la sélection variétale qui d’ici cinq à dix ans, devrait proposer une gamme de variétés moins sensibles, permettant aux producteurs d’éclairer leurs choix ».

 

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