Enquête croisée Ipsos-Episto
Trois quarts des agriculteurs et des consommateurs veulent interdire l’importation de produits alimentaires ne respectant pas les normes françaises
Fin janvier, alors que les principaux syndicats appelaient à la levée des blocages, Ipsos a mené avec Episto une enquête croisée sur les attentes des Français et des agriculteurs en matière d’agriculture. Les agriculteurs qui attendent une transformation de la politique agricole n’ont jamais été aussi pessimistes. De leur côté, les Français soutiennent le mouvement de protestation et déclarent préférer les aliments issus de produits cultivés ou élevés en France.
Fin janvier, alors que les principaux syndicats appelaient à la levée des blocages, Ipsos a mené avec Episto une enquête croisée sur les attentes des Français et des agriculteurs en matière d’agriculture. Les agriculteurs qui attendent une transformation de la politique agricole n’ont jamais été aussi pessimistes. De leur côté, les Français soutiennent le mouvement de protestation et déclarent préférer les aliments issus de produits cultivés ou élevés en France.
L’enquête réalisée fin janvier intitulée « Regard croisé entre les agriculteurs et les citoyens-consommateurs en France » a donné la parole à plus de 250 agriculteurs représentatifs de toutes les filières et à un millier de personnes représentatives de la population française. Il en ressort tout d’abord que le moral des agriculteurs s’écroule par comparaison à la vague de juillet 2023 : 48 % des exploitants agricoles se déclaraient pessimistes l’année dernière contre 71 % aujourd’hui, un seuil encore jamais atteint depuis 2020.
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89 % des agriculteurs soutiennent le mouvement de protestation
Dans ce contexte, 89 % des agriculteurs soutiennent le mouvement actuel de protestation. Ils attendent une transformation de la politique agricole en France. La taxe progressive sur les GNR a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et selon eux, son exonération ne suffit pas. Les agriculteurs interrogés attendent des actions structurelles et non à court terme, avec trois mesures prioritaires :
- Interdire l’importation de produits alimentaires ne respectant pas les normes françaises pour 76%
- Assurer une meilleure répartition des marges de la filière agricole au profit des producteurs (62 %).
- Faciliter les démarches administratives pour les agriculteurs (56 %).
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La filière agricole dysfonctionne selon les agriculteurs
Les agriculteurs dénoncent par ailleurs le dysfonctionnement de la filière agricole et pointent quatre points de tension :
- L’échec des lois Egalim (et leur respect par les parties prenantes) : 74 % des répondants ne partagent pas l’avis selon lequel ces lois sont un succès et sont bien appliquées.
- Les industries agro-alimentaires qui devraient mieux rémunérer les agriculteurs pour leur production : 98 % d’adhésion
- La défense des marges, au profit des agriculteurs, poussées par les coopératives auprès des groupes agro-alimentaires : 94 % d’adhésion
- La réduction des effets de l’inflation sur les prix pratiqués par les entreprises d’intrants : 90 % d’adhésion.
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Valoriser le métier d’agriculteur
Les agriculteurs souhaitent également une transformation sociale afin de changer les comportements et faire évoluer leur image :
- La valorisation du métier auprès de l’opinion publique : pour 81 % des agriculteurs, les pouvoirs publics devraient mettre en place des actions de communication pour valoriser davantage leur métier auprès du grand public, et notamment des jeunes.
- Le soutien à la production locale made in France : 87 % des agriculteurs sont d’accord avec l’idée que les Français ne devraient consommer que des produits cultivés en France, mais les Français le peuvent-ils ?
80 % des consommateurs soutiennent le mouvement des agriculteurs
Le second volet de l’enquête consacré aux consommateurs révèle que 80 % d’entre eux soutiennent le mouvement des agriculteurs. Par ailleurs, 66 % des répondants font le choix des aliments cultivés localement mais seuls 39 % se disent prêts à payer 10 à 20 % plus cher les produits alimentaires made in France. Dans la même logique, 39 % seulement sont favorables à une journée de solidarité avec les agriculteurs en France sur l'exemple de celle dédiée aux personnes âgées ou en situation de handicap.
91 % des Français estiment que les agriculteurs « travaillent beaucoup »
Le soutien des Français s’explique notamment par leur empathie envers les agriculteurs, 77 % estimant qu’ils n’auraient pas le courage de faire ce métier et 91 % que ce sont « des gens qui travaillent beaucoup ». Par ailleurs une majorité de Français a confiance en eux : 63 % vis-à-vis des agriculteurs en conventionnel et 65 % vis-à-vis des producteurs en filière bio. En revanche, 74 % des Français n’inciteraient pas leurs enfants (ou les enfants d’un proche) à faire demain le métier d’agriculteur.
85 % des Français estiment que les agriculteurs ne sont pas rémunérés à leur juste valeur
A 85 %, les Français ont également conscience que les agriculteurs ne sont pas rémunérés à leur juste valeur et que trop de contraintes pèsent sur eux (86 %) : entreprises agro-alimentaires, GMS, etc. Pour les consommateurs, la concurrence déloyale des pays hors UE devient le défi agricole n°1 pour demain (47 % vs. 31 % en 2023), juste devant les événements climatiques (45 %, stable par rapport à 2023).
Les consommateurs avancent les mêmes revendications que les agriculteurs
Comme les agriculteurs, les Français attendent beaucoup du gouvernement. Ainsi 67 % considèrent qu’il devrait y avoir plus de subventions pour soutenir et aider les agriculteurs. En ce qui concerne les priorités pour la filière, les consommateurs sont strictement alignés sur les revendications des agriculteurs :
- Premièrement interdire l’importation de produits alimentaires ne respectant pas les normes française : 72 % des avis exprimés.
- Deuxièmement, assurer une meilleure répartition des marges de la filière agricole au profit des producteurs : 59 % des avis exprimés.
- Faciliter les démarches administratives pour les agriculteurs : 52 % des avis exprimés.