Aller au contenu principal

En Bretagne, Eureden muscle son offre « installation »

Le groupe coopératif Eureden met la main à la poche pour accélérer son nombre de jeunes adhérents installés et compenser en partie l’hémorragie de départs en retraite qui touche ses 18 500 adhérents.

Le nouveau dispositif d’Eureden, les « Passeports JA », a été présenté fin mai. De gauche à droite : Damien Craheix (responsable du pôle Stratégie des ...
Le nouveau dispositif d’Eureden, les « Passeports JA », a été présenté fin mai. De gauche à droite : Damien Craheix (responsable du pôle Stratégie des exploitations), Éric Humphry (président de la section Volaille de chair), Michel Bloc’h (administrateur en charge de la commission installation), Jean-Marc Le Trionnaire (conseiller installation en charge de la volaille de chair) et Aurélien Bernier (jeune agriculteur).
© Eureden

Confronté au scénario catastrophe de l’effondrement du nombre d’agriculteurs pour la prochaine décennie (1), Eureden ne reste pas les bras ballants. 

Lire aussi : La hausse de l’âge des exploitants avicoles devient préoccupante

C’est surtout le sort des productions animales qui inquiète, car les terres trouveront toujours des bras pour les cultiver. « Depuis deux-trois ans, on sent un décrochement du côté des installations d’éleveurs » constate Michel Bloc’h, éleveur de porc et président de la commission installation d’Eureden. « On perd globalement 3 % d’agriculteurs par an, mais en porc ça monte à 12-13 % » précise Damien Craheix, responsable du pôle stratégie des exploitations. Seulement une dizaine s’installe en porc et autant en volaille. L’enjeu dépasse les seuls intérêts de la coopérative estiment les responsables car seul un départ sur trois est remplacé en Bretagne.

Moyens d’accompagnement renforcés

Eureden soutient déjà l’installation de 200 jeunes agriculteurs par an, mais il veut atteindre les 300.

Le niveau du défi est élevé, eu égard aux 432 installations DJA comptabilisées en 2023 pour toute la Bretagne. L’objectif fixé par la Région Bretagne est de parvenir à 1 000 installations aidées en 2028. Eureden défend le modèle de l’exploitation de polyculture-élevage à capitaux familiaux et à dimension humaine.

Pour attirer plus de jeunes, la coop renforce son accompagnement avec le dispositif « Passeport Jeunes agriculteurs ». Destiné aux futurs installés, mais aussi aux primo installés depuis moins de cinq ans, ce passeport aborde tous les aspects de l’installation avec ses quatre « Pass ».

Nerf de la guerre, le budget du « Pass Finance » a été doublé à 2 millions d’euros. « Le jeune installé doit pouvoir définir son propre système global d’exploitation qui lui permettra de gagner sa vie dans la durée et d’être résilient » résume Éric Humphry, éleveur et président de la section avicole.

Ce pass comprend des prêts à taux réduits, des aides adaptées à chaque filière végétale et animale (non détaillées), des remises sur les achats des structures intégrant un jeune (fin du principe de la « quote-part »).

En contrepartie, l’agriculteur s’engage avec la coopérative (et vice versa) pour une durée variant de 5 à 10 ans selon la filière. « En volaille, Eureden participe à la hauteur de 12-14 % de l’investissement », précise Jean-Marc Le Trionnaire, l’expert volaille.

Pour se donner les meilleures chances de réussite, le porteur de projet pourra s’appuyer sur trois autres volets du Passeport JA. Ainsi, le « Pass compétence » donne accès à des formations (notamment l’encadrement de salariés) et à des groupes de progrès pour se préparer au pilotage de l’exploitation. Le « Pass Performance » accompagne techniquement chaque activité (indicateurs, GTE, conseils…). Enfin le « Pass Environnement » vise à sécuriser l’exploitation au plan agro environnemental, notamment sur la réglementation (plans de fumure, d’épandage, Pac, …).

Neuf experts métiers pour construire le projet

Damien Craheix, responsable du pôle stratégie des exploitations, souligne qu’Eureden est la seule coopérative bretonne à disposer aussi d’une équipe de neuf experts par domaine (porc, œuf, volaille, lait…).

Ils se consacrent au conseil sur la faisabilité technique et la viabilité économique des projets considérée par Jean-Marc Le Trionnaire comme « un prérequis avant l’installation. Nous n’avons pas du tout intérêt à aider des jeunes qui iront au casse-pipe d’ici 3 à 5 ans ».

Aides obligent, il leur est demandé une certaine transparence de leurs comptes, au moins les trois premières années.

L’accompagnement comprend aussi l’aide aux démarches administratives, au montage du business plan, à la mise en relation avec des cédants adhérents ou non.

Eureden va aussi faire connaître les métiers dans les écoles d’agriculture et organise des formations « maître d’apprentissage » pour les agriculteurs.

Les prochaines années vont être cruciales, car même avec 300 installés par an, le déséquilibre persistera pour remplacer les 800 départs d’adhérents, sauf s’ils sont compensés par le recours massif au salariat.

(1) Selon la MSA, en 2022 40 % des agriculteurs bretons avaient plus de 55 ans (48 % en France) et 1401 ont reçu le formulaire de Déclaration d’intention de cessation d’activité agricole (Dicaa)

Coup de pouce en volaille

 

 
L'éleveur Aurélien Bernier (à gauche) avec Jean-Marc Le Trionnaire, expert volaille, sur la plateforme qui sera bientôt transformée en préau.
L'éleveur Aurélien Bernier (à gauche) avec Jean-Marc Le Trionnaire, expert volaille, sur la plateforme qui sera bientôt transformée en préau. © P. Le Douarin

Aurélien Bernier s’est installé en octobre 2020 à Nivillac (56) à la suite de ses parents, avec 110 ha et 2 vieux poulaillers de 1000 m², datant des années 80 et « qui étaient des passoires énergétiques ».

Après sa formation agricole (Bac et BTS), il a travaillé en exploitations puis bifurqué dans le transport d’animaux vivants. « J’ai toujours voulu être agriculteur, mais cela m’a pris une quinzaine d’années. »

Il a reçu 25 000 euros d’aides avicoles, montant qui a depuis été rehaussé avec le contexte inflationniste. Désormais, ce sera 30 €/m², plus 15 à 30 % d’aides pour les travaux de rénovation ou d’adaptation aux cahiers des charges des acheteurs.

La remise à niveau des poulaillers (un statique Louisiane et un dynamique Colorado) a coûté 300 000 euros à Aurélien, y compris la mise en conformité à la charte Nature d’éleveurs.

Il produit exclusivement de la dinde (7 500 animaux dans le Colorado et 4 100 dans le Louisiane). Cette année, il va réinvestir 115 000 € dans un préau de 400 m² pour répondre à un cahier des charges spécifique. « Je vais recevoir une aide d’Eureden de 40 % (46 000 €) ».

Les plus lus

Confirmation d'influenza aviaire dans un élevage breton

Le premier foyer d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de la saison 2024-2025 est confirmé ce mardi 13 août dans un…

Huit ans après son premier poulailler dynamique produisant essentiellement du poulet, Clémence Bellanger récidive avec un statique donnant accès à une véranda.
« Je suis passée du dynamique au statique dans mon poulailler avec jardin d'hiver»
Productrice de dindes et de poulets avec un bâtiment dynamique créé en 2016, Clémence Bellanger a construit un second poulailler…
Jérôme Chasles espère amortir en cinq ans son installation de récupération d’eau de pluie qui lui aura coûté 15 000 euros.
Consommation d'eau en volailles : "Je réduis ma facture en récupérant l'eau de pluie"

Pour abreuver ses vaches à moindre coût, l’éleveur breton Jérôme Chasles a installé une citerne souple et un traitement de l’…

Graphique : En 2022, le parc de bâtiments, stable en Label, s’est à nouveau contracté en standard et certifiéÉvolution du parc de bâtiments en volailles de chair ...
Le parc de bâtiments de volailles de chair s’est contracté en 2022
L'enquête bâtiment réalisée par l'Itavi aide à suivre l'évolution du parc de poulaillers de chair, en tenant compte des…
Graphique : Schéma du montage du système Ekorain d’OcènePrêt à brancher et à fonctionner, le container Ekorain assure toutes les étapes de la potabilisation de ...
Hygiène : Un traitement pour changer l’eau de pluie en eau de boisson pour l'élevage 

La société Ocene commercialise un module de traitement à base d’ultrafiltration, spécifiquement destiné à potabiliser l’eau de…

Nouveaux visuels, affichage, spot radios et TV, Galliance met le paquet sur la communication.
Galliance : « Notre relance en volailles Label rouge s’appuie sur un ancrage régional »
Durement impacté par la grippe aviaire, deuxième opérateur de la volaille mais troisième en Label rouge, Galliance joue la carte…
Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)