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Prédation
Éleveurs vs loups : du stress et du dégoût

La MRE Paca et Idele publient un recueil de témoignages d’éleveurs confrontés à la prédation du loup au quotidien.

Cela fait trente ans que le loup est arrivé dans le Sud-Est de la France, apportant désaccords, modifications des pratiques d’élevages et augmentation de la charge mentale des éleveurs. Dans Vivre face à la prédation, un document de six pages publié par l’Institut de l’élevage, la MRE Paca et leurs partenaires, des éleveurs témoignent anonymement de leur ressenti face à cette problématique.

« Nous avons complètement revu notre système de production. À la tête d’un troupeau de 500 brebis, cette éleveuse témoigne des impacts du loup sur la production ovine. Maintenant les brebis sont gardées en permanence et regroupées dans des parcs la nuit alors qu’avant elles étaient en parcours libre. Cela a impacté l’état corporel des animaux ». Elle s’est aussi équipée d’une meute de 9 chiens de protection et a changé sa conduite d’élevage en réalisant deux périodes d’agnelage par an. « Même comme cela, nous avons l’impression d’être toujours coupables : de ne pas protéger assez bien nos brebis, d’envoyer nos chiens au casse-pipe, de passer pour des emmerdeurs auprès des gens qui viennent se promener tranquillement », raconte l’éleveuse attristée. Ce témoignage fait écho aux nombreuses plaintes et incidents recensés en France d’agressions par les chiens de protection de randonneurs. Si les éleveurs sont responsables du comportement de leurs chiens, il est cependant évident que l’utilisation de ceux-ci manque toujours d’encadrement par les pouvoirs publics.

Le loup génère une surcharge psychologique sur les éleveurs. « Avec la présence du loup, tu ne peux pas te permettre de faire moins bien un jour ! Il faut toujours faire les choses bien, sinon tu payes l’addition. Moi, si on n’est pas aux brebis, je culpabilise et j’ai peur qu’il leur arrive quelque chose. Cela a beaucoup impacté ma vie de famille. Ce temps, je ne le passais plus avec ma femme et mes enfants. L’embauche du berger m’a soulagé, mais ce n’est pas le cas pour tous les collègues ! ». À cela, il faut ajouter les contraintes liées à l’embauche du berger car il n’est pas toujours simple de manager un salarié. Joseph, éleveur, estime que le loup demande environ 40 % de travail en plus. « On doit sans cesse être en train de les surveiller, alors qu’avant on les laissait libres », témoigne un de ces collègues.

Un danger pour la santé des brebis mais aussi celle des éleveurs

Mathieu nous explique que la situation est devenue plus complexe : « 20 brebis au tapis et plus de 70 avortements. Depuis ce jour, j’appréhende de retourner au troupeau par peur de ce que je vais trouver. Avec tout ce stress, j’ai fini par faire un infarctus. J’ai alors pris une décision difficile : j’ai décidé de réduire les brebis pour pouvoir les rentrer tous les soirs en bergerie et j’ai mis des vaches pour compléter. »

À la décapitalisation de troupeau envisagée par certains éleveurs s’ajoute la perte de valeur d’un troupeau prédaté. La perte génétique, zootechnique et économique de l’éleveur peut s’avérer catastrophique, avec des avortements à répétition, la perte de bonnes mères qui limite ensuite le choix des reproductrices et des perturbations de la fertilité. Cela représente pour l’éleveur des années de travail gâchées, difficilement chiffrables mais qui s’ajoutent à sa charge mentale.

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