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Échographie pulmonaire : une nouvelle arme pour anticiper les troubles respiratoires chez les jeunes bovins

Pratique déjà connue sur les veaux laitiers, l’échographie pulmonaire amorce désormais son développement en ateliers d’engraissement de taurillons. Cette technique non invasive revêt des intérêts indéniables d’aide à la décision pour monitorer l’efficacité des protocoles vaccinaux mis en place et des traitements contre les maladies respiratoires.

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« L'échographie a révélé des lésions de pneumonie que, cliniquement, on ne soupçonnerait pas », témoigne Dr Alfredo Zanini, du cabinet vétérinaire Vetallier.
© Dr Stefanie Bernheim/Zoetis

L’échographie pulmonaire a fait son chemin dans les élevages laitiers et commence tout juste à se faire connaître en ateliers d’engraissement de taurillons. Cette technique d’imagerie a fait valoir ses atouts de façon très concrète dans le cadre d’un suivi conduit par le laboratoire Zoetis, en partenariat avec le cabinet vétérinaire Vetallier. Au Gaec du Palais à Thauron en Creuse, élevage support de ce suivi, 100 taurillons de race limousine ont été échographiés entre novembre 2022 et avril 2023. L’opération a été répétée l’année suivante pour 100 nouveaux animaux sur la même période. « Les premiers résultats obtenus ont confirmé l’intérêt de l’échographie pulmonaire à l’échelle individuelle, puisque l’imagerie a révélé la présence de lésions de pneumonie sur 80 % des animaux ayant manifesté des signes cliniques dans les dix jours précédant l’examen », expose le Dr Stéfanie Bernheim, responsable nationale vétérinaire spécialisée chez Zoetis France.

Des lésions pas toujours associées à des symptômes cliniques

Autre dimension intéressante, 30 % des jeunes bovins (JB) échographiés avec des lésions avérées étaient asymptomatiques. Or, 70 % d’entre eux ont déclenché des signes cliniques respiratoires dans les dix jours qui ont suivi l’examen. « Nous nous sommes rendu compte que certains animaux avaient des lésions pulmonaires très précoces, sans manifester pour autant d’hyperthermie », appuie le Dr Alfredo Zanini, du cabinet vétérinaire Vetallier, qui a mené l’étude en binôme avec le Dr Stéfanie Bernheim. Les données collectées par imagerie peuvent être particulièrement intéressantes à croiser avec la prise de température qui peut s’avérer parfois piégeuse. Elles peuvent aussi donner des indications sur le niveau d’ingestion et donc l’appétit d’un lot d’animaux en fonction de la topographie de certains organes repérés par échographie.

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« En complément de schémas préventifs adaptés, l’échographie pulmonaire apporte des informations essentielles pour évaluer l’aspect lésionnel des poumons et détecter les animaux subcliniques », reprend le le Dr Stéfanie Bernheim. « Cet examen constitue un outil d’aide à la décision supplémentaire pour le vétérinaire et il peut orienter l’éleveur dans la surveillance de ses lots et le choix de ses pratiques en première intention », complète le Dr Alfredo Zanini, avant de poursuivre : « L’échographie pulmonaire amène de la technicité dans l’élevage, avec des résultats concrets à l’écran, que le praticien peut facilement faire visualiser à l’éleveur. »

1 à 2 minutes d’intervention par veau

Dans le détail, tous les nouveaux pensionnaires, âgés de 8 à 12 mois et allotés par cases de onze, ont été échographiés entre 24 et 48 heures après leur entrée en atelier d’engraissement. « Pour éviter toute manipulation excessive des jeunes bovins, nous avons calqué l’échographie pulmonaire sur les opérations vaccinales chez l’éleveur », fait savoir le Dr Stéfanie Bernheim. Chaque animal a été échographié par le même opérateur et un scoring pulmonaire lui a été attribué de façon consensuelle par les vétérinaires, qui procédaient systématiquement à une double lecture et une interprétation des résultats en duo. Les jeunes bovins ont été passés en revue (à l’aveugle) trois semaines plus tard, au moment du rappel de vaccination.

« Nous avions émis quelques craintes au départ quant à la manutention des animaux, mais le bilan ressort très positif », fait savoir le Dr Alfredo Zanini. Une fois le veau immobilisé dans la cage de contention, les vétérinaires comptent 1 à 2 minutes d’intervention entre la tonte du flanc droit et l’acte d’échographie. Une telle fluidité suppose de rassembler les lots en case d’attente en amont et de disposer d’un matériel de contention adéquat (ici porte guillotine). « À la fin avril, nous avons suspendu le suivi, car la plupart des poumons visualisés étaient sains, signe que les lésions détectées sur les JB durant les mois hivernaux étaient bien des foyers actifs et non des lésions anciennes de leur vie de veau », précise le Dr Stéfanie Bernheim, avant d’ajouter : « 80 % des problèmes respiratoires se manifestent dans les deux premiers mois après l’entrée en atelier d’engraissement. Le format des animaux nous impose aussi d’intervenir à cette période-là. Après, le développement musculaire des animaux diminue considérablement l’accès au poumon et il est de toute façon préférable de limiter le déplacement et la manipulation d’animaux de plus en plus lourds. »

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Une fois le flanc droit de l'animal tondu, le vétérinaire vaporise la zone à échographier avec de l'alcool et fait glisser la sonde de haut en bas dans chaque espace intercostal. © Dr Stefanie Bernheim/Zoetis

Cette technique, qui a l’avantage d’être non invasive, permet déjà d’évaluer l’état sanitaire pulmonaire des animaux à leur arrivée. Elle apporte une vision plus dynamique par l’évaluation de la cicatrisation et la guérison des poumons dans le cas d’un suivi régulier des bovins. « En fonction du stade évolutif des lésions pulmonaires et des traitements administrés, le vétérinaire peut mieux se rendre compte de leur efficacité et prendre les décisions thérapeutiques en conséquence », reprend la spécialiste. À l’échelle collective, cet examen laisse entrevoir de nouvelles marges de manœuvre dans la poursuite des objectifs de réduction des antibiotiques et d’amélioration du bien-être animal. « Nous ne pourrons jamais nous affranchir des molécules anti-infectieuses, mais nous pouvons chercher le moyen de mieux les utiliser », résume-t-elle.

Les deux vétérinaires rappellent que l’échographie pulmonaire ne représente qu’une pierre à l’édifice. Cette technique s’inscrit dans une démarche plus globale qui doit prendre en compte le contexte clinique et épidémiologique de l’élevage ainsi que des commémoratifs précis. « Une bonne maîtrise de la zootechnie, un suivi sanitaire rigoureux et des protocoles de soins bien définis restent le nerf de la guerre », souligne Dr Alfredo Zanini.

 

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(1) La méthode d’évaluation attribue un score de 0 à 4. La note la plus basse est associée à une image normale, la note de 3 décrit des lésions de consolidation inférieures à 3 cm et la note de 4, des lésions supérieures à 3 cm.

La projection du champ pulmonaire tend à se réduire avec l’âge

Les résultats de l'imagerie ont été interprétés à partir de la zone de projection du champ pulmonaire droit. La profondeur variait de 12 à 15 cm selon le format des animaux. © Dr Stefanie Bernheim/Zoetis

L’échographie pulmonaire démontre une valeur pronostique intéressante pour les vétérinaires puisqu’elle affiche une sensibilité – c’est-à-dire la probabilité de détecter des animaux malades via un examen clinique – supérieure à 80 %, contre 65 % pour le clinicien. La projection du champ pulmonaire est cependant plus réduite chez le jeune bovin que sur le veau, compte tenu de sa musculature et son volume général. L’acte sur des bovins de plus de 300 kg nécessite de s’équiper d’une sonde à ultrasons spécifique (ici à la fréquence de 6 MHz) pour accéder à une profondeur de champ allant de 12 à 18 cm en fonction du format de l’animal. Aussi, selon le matériel de contention à disposition, il n’est pas toujours possible d’échographier les deux côtés. Par ailleurs, l’examen ne permet de visualiser que les lésions qui touchent la plèvre, les deux feuillets de tissu qui recouvrent les poumons et tapissent la paroi thoracique.

 

Profiter de l’acte d’échographie pour réaliser des prélèvements plus profonds

L’échographie pulmonaire peut être une opportunité pour réaliser des prélèvements plus ciblés. « Par exemple, un lavage broncho-alvéolaire peut s’avérer pertinent sur des animaux pour lesquels des lésions pulmonaires ont été détectées par imagerie, qui ont été traités et qui ont fait une rechute », illustre le Dr Alfredo Zanini, du cabinet vétérinaire Vetallier. « Les kits disponibles aujourd’hui, qui gainent le passage à risque dans le nez, permettent de récupérer des liquides non contaminés par les cavités nasales et profonds et donc d’obtenir des informations précises sur les agents pathogènes présents dans les poumons », relève le Dr Stéfanie Bernheim. Ce lavage broncho-alvéolaire dit « LBA chemisé » est un peu plus invasif qu’un écouvillon, mais reste très supportable pour l’animal, avec une gêne, mais aucune douleur selon les vétérinaires. Il implique en revanche de disposer d’un équipement de contention adapté, avec un lève-tête. « Plus le prélèvement intervient de façon précoce, plus on se donne de chances de trouver les pathogènes à l’origine des problèmes pulmonaires et ainsi d’orienter au mieux le plan vaccinal à mettre en place ou les traitements antibiotiques », poursuit le Dr Alfredo Zanini.

Lire aussi | Maladies respiratoires : « L’échographie pulmonaire compte parmi un ensemble de techniques novatrices qui permettent de mieux cibler les agents pathogènes en cause »

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