Diarrhées néonatales : un diagnostic complet s'impose
Au cours des dernières Rencontres internationales de production porcine, les experts ont souligné la complexité des pathogènes impliqués dans les diarrhées néonatales, et donc la nécessité de réaliser un diagnostic complet en laboratoire.


« Il faut faire parvenir au laboratoire trois ou quatre porcelets vivants, en début de signes cliniques et n’ayant reçu aucun traitement antibiotique."

Sur la base d'analyses réalisées par Labofarm sur 95 porcelets issus de 53 élevages confrontés à des diarrhées néonatales, Jean Le Guennec, son directeur, a apporté son expertise au cours des dernières RIPP à Rennes en mars dernier. Le premier constat est que plusieurs germes sont identifiés sur ces porcelets malades : des bactéries -- entérocoques, clostridium perfringens -- colibacilles, et un virus, le rotavirus.
" La plupart des colibacilles retrouvés ne sont pas pathogènes "
Ceci étant établi, il faut s'arrêter plus précisément sur chaque pathogène.
Dans la moitié des cas, les entérocoques sont impliqués dans la diarrhée néonatale de ces porcelets acheminés au laboratoire (globalement âgés de quatre jours). Sa présence confirmée par les histologies est relativement « récente » et le vétérinaire constate qu'il existe peu de bibliographie sur le sujet. Même si, au Danemark, il semble être une préoccupation depuis 2014. D'autre part, si les colibacilles sont retrouvés dans 95 % des cas et les clostridium perfringens dans plus de 50 % des cas, on ignore quel peut être leur implication dans l'apparition des diarrhées. « La plupart des colibacilles retrouvés ne sont pas pathogènes, comme le prouvent nos recherches du gène qui code pour la toxine des colibacilles pathogènes et permettent donc de discriminer les souches pathogènes ou non. »
Enfin, la « nouveauté » tient dans la présence d'un rotavirus, impliqué dans 15 % des cas sur cet échantillon. « Le plus souvent, on le trouve associé à des bactéries et en réalité, on sait encore peu de chose sur son impact réel dans ces pathologies néonatales », admet jean Le Guennec.
Une histologie sur l'intestin nécessaire
Ce constat posé, il recommande de poser un diagnostic précis au laboratoire au travers d'analyses qui combineront bactériologie et histologie. En effet, si la bactériologie reste nécessaire pour identifier les germes en présence, typer les souches, réaliser un antibiogramme... L'analyse microscopique de petits morceaux d'intestin (histologie) permet, à l'examen des lésions, de mieux cerner les germes en cause dans la diarrhée. Par exemple, des lésions d'atrophie des villosités intestinales signent le plus souvent l'implication d'entérocoques. Mais compte tenu de la dégradation très rapide des tissus (intestins en particulier) après la mort du porcelet, Jean Le Guennec insiste sur la nécessité de fournir au laboratoire des porcelets malades (trois ou quatre en début de maladie), non traités aux antibiotiques, et vivants !
Enfin, la session consacrée au sujet s'est terminée par des recommandations en matière de maîtrise des diarrhées néonatales. « Sachant qu'il n'existe pas de solution contre les infections virales et que, si certains traitements contre des infections bactériennes sont efficaces, ils ne permettent pas de récupérer les capacités d'absorption du tube digestif. » Les vétérinaires recommandent toujours la prévention avec le respect de la biosécurité, ainsi que la « rétro contamination » des truies et des cochettes dans le cas où le rotavirus est impliqué.