Deux ans après sa création, la cellule Demeter scrutée par Radio France
Créée en 2019, année où de nombreuses intrusions sur les exploitations agricoles se sont produites, la cellule de gendarmerie Demeter est considérée par les associations environnementales comme une structure destinée à étouffer la critique du modèle agricole intensif. La cellule investigation de Radio France a mené l’enquête. « Deux ans après sa création, la cellule Demeter de la gendarmerie fait toujours polémique » conclut la chaîne de radio dans un bilan diffusé le 30 octobre.
Créée en 2019, année où de nombreuses intrusions sur les exploitations agricoles se sont produites, la cellule de gendarmerie Demeter est considérée par les associations environnementales comme une structure destinée à étouffer la critique du modèle agricole intensif. La cellule investigation de Radio France a mené l’enquête. « Deux ans après sa création, la cellule Demeter de la gendarmerie fait toujours polémique » conclut la chaîne de radio dans un bilan diffusé le 30 octobre.
Le 5 octobre 2019, Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, a mis en place au sein de la Gendarmerie nationale la cellule Demeter pour identifier et poursuivre les auteurs d’intrusions ou d’agressions chez les agriculteurs. Deux ans après, la structure créée pour lutter contre la délinquance dans le monde agricole protège les exploitants et les exploitations. En revanche, les associations environnementales reprochent aux pouvoirs publics d’utiliser ce biais pour endiguer le militantisme contre certaines formes d’agriculture. En clair, Demeter serait le moyen de faire taire la critique du modèle agricole intensif.
Etouffer tout débat ?
La cellule investigation de Radio France s’est penchée sur le sujet. « Associations sous pression, journalistes menacés, lycées agricoles sous influence… » La cellule Demeter est « accusée d’étouffer tout débat » commente la chaîne de radio qui a mené l’enquête. Ses détracteurs avancent que l’un de ses objectifs serait de réprimer des « actions de nature idéologique » et de lutter contre l’agribashing. Le média livre ce 30 octobre un rapport peu complaisant pour la cellule Demeter.
« On cherche à intimider les associations comme la nôtre, » témoigne Henri Plandé, président de l’association Alerte pesticides de Haute-Gironde, au micro de Radio France. Interrogé également, Etienne Gangneron, vice-président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) assure pour sa part qu’il fallait « envoyer un signal politique et mettre un coup d’arrêt à la montée en puissance d’un mouvement anti-élevage et anti-viande ».
Une convention de partenariat critiquée
Les journalistes ont recueilli également l’avis d’Emmanuel Louail, porte-parole de la Confédération paysanne dans les Côtes-d’Armor. Pour lui, « il n’y a pas besoin de la cellule Demeter » pour lutter contre les actes de malveillance vis-à-vis des paysans. « La gendarmerie existait avant 2019, » remarque-t-il pour l’enquête de Radio France.
Le média évoque également la « convention de partenariat » signée entre la FNSEA, les JA (Jeunes Agriculteurs), le ministère de l’Intérieur et la Direction générale de la gendarmerie nationale. « La relation avec le terrain était devenue plus compliquée à cause de la suppression de certaines gendarmeries, » justifie Arnaud Lespagnol de la FNSEA du Cher à la cellule investigation. « Nous avions besoin d’avoir un meilleur échange avec les gendarmes, » explique-t-il à Radio France.
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