Des spécialistes mondiaux de la Peste Porcine Africaine en congrès à Ploufragan
Près de 150 experts de la Peste Porcine Africaine venus de 30 pays ont participé aux 3 jours de congrès organisé par L’anses Ploufragan du 6 au 8 octobre dernier.
Il s’agissait du 3ème congrès international organisé par le GARA, Global African Swine Fever Research Alliance, le réseau mondial qui rassemble une quarantaine d’institutions scientifiques du monde entier .L’objectif de cette « communauté » de chercheurs est de partager, sur la base du volontariat, les toutes dernières connaissances sur la Peste Porcine Africaine et éventuellement coordonner les recherches.
Le Gara a été créé en 2013 aux Etats-Unis par le chercheur Cyril Gay, de l’USDA, qui a ouvert ce congrès en France (les précédents avaient eu lieu à New York en 2013 et Pretoria en 2014).
Marie-Frédérique Le Potier, virologiste de l’Anses Ploufragan, a animé ces trois jours de présentations et discussions organisés autour de sessions :
-virologie et pathogénicité
-vaccins et réponses immunitaires
-épidémiologie
-focus sur l’Europe
-focus sur l’Afrique
-épidémiologie et diagnostic
-réglementation dans différents pays.
A l’issue du congrès, les chercheurs réitèrent le constat de la particularité de ce virus, d’une extrême virulence, particulièrement complexe, et dont le mode d’action n’est pas encore complètement élucidé. Il faudra donc poursuivre les recherches fondamentales pour comprendre comment il s’attaque au système immunitaire du porc et, à terme, mettre au point un vaccin.
Car les différentes tentatives de mise au point d’un vaccin avec les solutions « classiques » ont échoué, soit par manque d’efficacité, soit parce qu’elles présentent un réel risque et ne répondent pas aux exigences de biosécurité .
Les chercheurs se sont aussi penchés sur les voies de contamination des animaux. Si le contact entre porcs (ou sangliers) est bien le principal responsable de la propagation de la maladie, d’autres vecteurs existent bien telles les tiques molles qui, en Afrique, semblent constituer un réservoir chez les suidés sauvages.
La menace de propagation vers l'Europe de l'Ouest est prise très au sérieux
Par ailleurs les témoignages venus des Pays Baltes laissent à penser que la souche du virus pourrait tendre à s’atténuer. En effet, contrairement aux années passées, les chercheurs ont identifié des sangliers séropositifs et .. vivants. « Cela est –il en relation avec une souche atténuée, ou plutôt au fait que, les contrôles s’intensifiant, la probabilité de trouver ce genre de situation est plus grande » commente Marie-Frédérique Le Potier.
Enfin, les chercheurs ont confirmé le fait que la menace de propagation du virus, en particulier des pays de l’Est vers l’Europe de l’Ouest, est avant tout liée à l’activité humaine. En effet, au rythme de déplacement des sangliers, la maladie ne se propage « que » de 20 km par an. Mais l’introduction du virus par des transports d’animaux vivants, de la viande contaminée ou des trophées de chasse par exemple, ou encore par des camions en provenance de zones infectées, reste un risque beaucoup plus sérieux qui justifie de l’information, de la sensibilisation auprès de toutes les personnes susceptibles d’en être les responsables.
Les pays producteurs de porcs d’Europe de l’Ouest sont bien entendus préoccupés par la menace qui est bien réelle de voir le virus se propager rapidement en cas de défaillance des barrières de biosécurité.
A l’issue de ce congrès, Marie-Frédérique Le Potier a été élue présidente du Gara. L’enjeu est de « rendre durable ce réseau et continuer à le faire vivre ».
Consulter l’interview de Marie-Frédérique Le Potier dans Réussir Porc, octobre 2016, p 12.
Claudine Gérard