Des pratiques pour limiter la résistance des parasites aux antiparasitaires
« Ce sont les familles d’antiparasitaires qu’il faut alterner et non les marques »
Les capacités d’adaptation des strongles digestifs ont joué à plein pour leur permettre de développer des résistances aux antiparasitaires. Le basculement vers des populations de parasites entièrement résistantes ne se fait pas « d’un seul coup ». Il est au contraire progressif, parfois très lent, passant par une phase insidieuse pendant laquelle l’éleveur ne se doute de rien. Selon Philippe Jacquiet, enseignant chercheur à l’école nationale vétérinaire de Toulouse, il faut absolument préserver l’efficacité des molécules existantes pour y faire face. La première pratique à mettre en place est de ne traiter que lorsque cela est nécessaire. Limiter le nombre de traitements par an revient à diminuer la pression de sélection exercée sur les populations de parasites. L’analyse coprologique couplée avec des indicateurs tels que la note d’état corporel ou la coloration des muqueuses oculaires permet de prendre une décision.
Seulement quatre familles de produits
La seconde pratique à adopter est d’alterner les familles de molécules. En matière de produits antiparasitaires, le choix des marques commerciales est large. En réalité, l’arsenal thérapeutique se limite à quatre familles de produits. Toutes les molécules appartenant à une même famille partagent le même mode d’action, c’est-à-dire qu’elles ont les mêmes cibles sur les parasites. Ce sont donc les familles qu’il faut alterner et non les marqueS et ce, y compris sur un même lot et dans la même année. Par ailleurs, en matière de traitement antiparasitaire, un surdosage est une perte d’argent et un risque de toxicité. Un sous-dosage est un risque pour le développement de résistances et d’une efficacité moindre. Il est donc primordial d’avoir une évaluation du poids de l’animal le plus lourd du lot à traiter. Le bon état du matériel de traitement (pistolet drogueur) est également important.