#Controverses2020 : L’agriculture est-elle responsable de la disparition de la biodiversité ?
La question de la biodiversité en agriculture est une inquiétude de plus en plus grande. Yves Verhilac, directeur de la LPO, et Hervé Lapie, président de la FDSEA de la Marne, en débattent ensemble.
La question de la biodiversité en agriculture est une inquiétude de plus en plus grande. Yves Verhilac, directeur de la LPO, et Hervé Lapie, président de la FDSEA de la Marne, en débattent ensemble.
Yves Verhilac, directeur de la ligue de protection des oiseaux (LPO) est très clair : l’exploitation des terres agricoles est responsable de l’effondrement de la biodiversité. 30 % des oiseaux des milieux agricoles ont disparu, 60 % des insectes ont disparu selon une étude allemande. « J’ai commencé l’ornithologie dans les années 70, et j’ai vu disparaitre les oiseaux inféodés aux milieux agricoles, comme les pies grièches, alors que les oiseaux que l’on a protégés vont mieux, comme les hérons et les rapaces », explique-t-il. Et la première cause, ce sont les pesticides.
Hervé Lapie, agriculteur dans la Marne et président de la FDSEA de la Marne, est d’accord sur le fait qu’il faut faire évoluer notre agriculture en France. Mais il met en garde sur la suppression trop importante de produits phyto. « En féverole et en graminées porte-graines, je vais arrêter car il y a des impasses techniques qui me conduisent à abandonner certaines cultures. On nous a accompagné pendant cinquante ans dans un modèle, peut-être qu’il faudra 50 ans pour passer à un autre modèle. Le projet Symbiose a pour objectif de rapprocher.
La biodiversité doit s’adapter au contexte territorial
« Je ne vous dirais pas comment vous devez faire pour changer vos pratiques, mais faites-le. Et surtout faites attention car des associations comme la nôtre sont le dernier rempart avant le populisme. Je vous fais confiance pour changer de modèle, mais ça fait longtemps que vous nous dites que vous allez le changer et il ne se passe rien ! D’autant que la Pac détruit la biodiversité. Le changement viendra par les consommateurs ». Pourtant il y a des solutions : nichoirs, haies, bandes enherbées, changements de pratiques, diversité des cultures.
C’est aussi ce que préconise Hervé Lapie avec son association Symbiose, mais aussi le fait de ne pas entretenir les bords de champs, et de créer des trames vertes. « Il faut aller chercher des modes de financement différents. On est à la veille de beaux projets et en travaillant avec les ONG afin de construire des dynamiques de territoire », insiste-t-il. Il rappelle que la transition de l’agriculture, ça prend du temps. « Ce qui érode la confiance, c’est de voir que les ventes de pesticides continuent d’augmenter ! », s’insurge le directeur de LPO.
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