Comment limiter le recours aux antibiotiques chez les agneaux ?
Pour Renée de Cremoux, vétérinaire à l'Institut de l'élevage, la prévention reste la principale assurance santé des agneaux.
« L'élevage ovin, allaitant ou laitier, est un élevage de groupe, saisonné, et la survenue de maladies chez les agneaux peut rapidement prendre de graves proportions. Dans ces conditions, l'utilisation d'antibiotiques peut être nécessaire. Cependant, la prévention est, à terme la seule clé efficace et économiquement rentable pour gérer la santé des troupeaux. Il faut donc bien surveiller les animaux et apporter les soins nécessaires dès le plus jeune âge. Ainsi, la désinfection du nombril, de la queue et des boucles permet de lutter contre l'entrée des bactéries responsables notamment d'arthrites. Un paillage de qualité des cases d'agnelage contribue à de bonnes conditions d'ambiance et d'hygiène.
Les antibiotiques doivent être utilisés à des fins essentiellement curatives, de manière ponctuelle et raisonnée, c'est-à-dire avec une administration individuelle, la prise en compte du poids de l'animal et le respect des doses et de la durée d'administration. Telle est l'approche adoptée par 85 % des 46 éleveurs ovins laitiers interrogés. Ce recours raisonné aux antibiotiques vise à limiter l'apparition des antibiorésistances et donc de préserver de manière durable l'arsenal thérapeutique que constituent les antibiotiques. Les enquêtes conduites chez 45 éleveurs ovins allaitants illustrent les mesures de prévention envisageables pour les maladies les plus fréquemment rencontrées chez les jeunes. Ainsi, la pasteurellose, infection respiratoire qui a concerné un quart des exploitations enquêtées, peut être favorisée par de mauvaises conditions de logements en termes de densité, d'ambiance ou de ventilation. Le mélange de classes d'âge différentes accroît les risques de contamination. Une vaccination est possible chez les brebis avant la mise bas puis dès trois semaines d'âge. L'état de santé des mères et leur alimentation, les apports en vitamines et sélénium permettent d'avoir des agneaux plus vigoureux et de limiter carences ou infections. Face aux colibacilloses (entérites, agneaux mous ou baveurs) par exemple, l'apport de colostrum en quantité et en qualité est un des points clé. D'une manière générale, il s'agit d'éviter les stress et les erreurs dans les transitions alimentaires.»
Deux nouvelles plaquettes sont à télécharger sur Idele.fr :
Les antibiotiques chez les agneaux en ovins viande : indispensables mais pas automatiques